Une recette calédonienne pour le nickel finlandais

Combinat métallurgique des usines Boliden et Norilsk Nickel à Harjavalta
La Finlande a choisi de suivre l’exemple de la France en Nouvelle-Calédonie. En apportant un soutien financier déterminé et un nouveau partenaire suisse à la grande mine de nickel de Talvivaara dans la région de Sotkamo.
C’est l’histoire du sauvetage de la plus grande mine de nickel de Finlande et d’Europe. Et c’est aussi un signe positif pour l’industrie minière. La grande mine de Talvivaara, propriété de la société publique Terrafame Group dans le nord de la Finlande, a été nationalisée par le gouvernement finlandais en 2014. Un investisseur suisse vient relancer la production de nickel. Il apporte de l'argent frais, premier pas vers une nouvelle privatisation de la société publique.

Etat stratège

En tout, ce sont près de 800 millions d’euros d’argent public qui auront été investis par l’État finlandais depuis 2014. À peu près le montant des prêts ou des défiscalisations accordés par le gouvernement français aux trois usines de nickel calédoniennes. En ce mois de février, c’est l’un des principaux négociants mondiaux de matières premières qui a choisi d’investir. Le négociant suisse Trafigura va prendre une participation de 15,5 % dans le site minier finlandais. Il apportera 250 millions d’euros pour la relance de la production locale. « Il est plus que vraisemblable que le dispositif mis en place par le gouvernement français en Nouvelle-Calédonie a été étudié de près par leurs analystes financiers. Ils se sont dits c’est faisable aussi en Finlande » précise un journaliste du Metal Bulletin de Londres à la 1ere.fr. Le Suisse Trafigura est dans une stratégie de développement de ses activités minières et industrielles en complément de son métier premier, le négoce des matières premières. Son voisin Glencore lui a servi d'exemple...

« Le gouvernement a choisi un partenariat public-privé tout en apportant pour 2017 un financement supplémentaire de 100 millions d’euros pour Terrafame » indique un membre du cabinet du ministre finlandais des Affaires économique, Mika Lintila. La Finlande a voulu sauver des centaines d'emplois de son industrie minière dans la région de Kainuu à 500 kilomètres au nord de la capitale Helsinki. Les mines finlandaises alimentent une industrie métallurgique importante et ancienne dans les pays nordiques.

L’investissement de Trafigura fournira le fond de roulement nécessaire pour que la mine de Talvivaara devienne une mine de classe mondiale. "En ce qui concerne le nickel, la demande semble robuste et le prix du métal est en hausse" précise Jeremy Weir, directeur général de Trafigura.

Une histoire dans la crise

La mine a bien failli être victime de la crise des cours du nickel mais aussi de son système d’exploitation particulièrement polluant. Aux pertes financières des années 2014-2016 s’ajoutaient des dégâts environnementaux avec des rejets toxiques de nickel, de cadmium, d’aluminium et de zinc dans les lacs et rivières de la région.
Le minerai de nickel est désormais traité par un procédé de lixiviation (bio heap leaching) plus propre et plus économe en énergie. Il utilise des bactéries naturelles pour lessiver les minéraux sulfurés. L'année dernière, la mine a extrait 22 575 tonnes de zinc et 9 554 tonnes de nickel contenu.

Lauri Ratia, le nouveau directeur de la mine de Talvivaara, indique que la société minière a relancé sa production et que ses ventes de nickel devraient dépasser 100 millions d'euros cette année : « Le soutien gouvernemental a permis de passer un cap et il doit nous permettre de trouver de nouveaux actionnaires. Nous venons juste de retrouver un équilibre financier, en raison de la croissance des volumes d’exportation et de la hausse des prix du nickel. » D'autres sources indiquent cependant que la mine finlandaise perdait encore près de 10 millions d'euros par mois fin septembre 2016. Parler de retour à l'équilibre financier est donc à prendre avec précaution.

Le monde est petit

Depuis 1950, le minerai de Talvivaara est acheminé par train jusqu’à l’usine Boliden de Harajavalta sur la côte ouest de la Finlande. Après transformation, les mattes ou concentrés de nickel sont livrés aux usines de Norilsk en Finlande et de Glencore en Norvège.
Dans les prochains mois, les concentrés finlandais du métallurgiste Boliden seront aussi livrés à un nouveau client français, l’usine Eramet du Havre-Sandouville. L'arrêt de la production de mattes à Doniambo en Nouvelle-Calédonie apporte une bouffée d'air frais à la mine finlandaise deTalvivaara. Le nickel évolue dans un monde global...

La semaine au LME

Le cours du nickel préservait le seuil des 11.000 dollars la tonne, vendredi soir, à la bourse des métaux de Londres (LME) - 11.040 USD - 0,09 %.
Le métal gagnait 3,69 % sur la semaine, il enregistre ainsi la meilleure performance des métaux industriels. Sa progression mensuelle est de 8,68 %.