"Nous disons non à la vie chère !" Ce slogan a été scandé par une bonne centaine de personnes ce samedi après-midi dans les rues de Paris. À l’appel du collectif "Karaïb rassemblement", plusieurs Ultramarins se sont réunis sur la place de la Bastille au cœur de Paris pour protester contre le coût de la vie dans les départements et territoires des Outre-mer.
"Il était important pour nous d’être là pour montrer notre solidarité avec tous les Ultramarins. La vie est trop chère dans nos territoires, c’est de l’exploitation", dit Maryse, une Guadeloupéenne. "Même si on vit à Paris, la vie chère ça nous concerne aussi. Chaque année, je rentre aux Antilles chez moi et je suis obligé de ramener des courses, car c’est trop cher là-bas", lâche Pako, originaire de Martinique.
Toutes les personnes présentes portaient un tee-shirt rouge. Elles étaient venues apporter leur soutien et donner un écho national au mouvement contre la vie chère qui sévit en ce moment en Martinique. "Nous sommes là pour apporter une visibilité au mouvement contre la vie chère aux Antilles. Nos familles là-bas nous alertent sur la situation et nous qui sommes ici [à Paris, NDLR], nous devons relayer l’information pour que cela se sache dans l'Hexagone", explique Odillon, un des organisateurs du mouvement.
Mais au-delà de ce relais de l’information, les manifestants veulent frapper fort et faire bouger les choses. Pour eux, la solution aux problèmes se trouve à Paris. "La solution viendra d’ici, parce que les ordres sont donnés depuis la France hexagonale. Il n’y a pas d’eau, la terre est empoisonnée par les békés, la vie est 4 à 5 fois plus chères que dans l’Hexagone, nous sommes des colonies… Ce n’est pas comme ça en France. Il va falloir que le gouvernement aille parler aux békés, car ils ont assez profité de la population antillaise", déclare Fénix, une autre Martiniquaise croisé dans les rues parisiennes.
Toutes les personnes présentes à cette manifestation ont le même son de cloche : "Stop à la 'profitation' dans nos territoires". Et leurs pancartes, bien visibles, véhiculaient aussi le même discours.
"Aucun combat ne se gagne dans la tranquillité"
Cette manifestation sur la place de la Bastille n’est pas une action vaine, mais est vouée à perdurer et surtout, elle n’est qu’un point de passage pour les militants. "La manifestation à Bastille aujourd’hui fait partie du combat, mais ce n’est qu’une étape, indique Maryse. La suite ça va être qu’on obtienne un alignement des prix sur l’Hexagone puis une autonomie. Ensuite une étape pour qu’on nous respecte comme peuple".
La lutte contre la vie chère est un combat mené dans les Outre-mer depuis fort longtemps. La grève de 2009 reste encore dans les mémoires, mais ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un recommencement pour Odillon, mais une suite. "Il y a eu des actions dans le passé qui ont été accomplies avec les moyens du bord, mais aujourd’hui, nous nous sommes inspirés de choses qui n’allaient pas. […] Nous allons continuer jusqu’aux jours où on aura des réponses et des actions concrètes pour le pays".
La manifestation est pacifique et se passe sans heurts. Pourtant, pour Mango, si on veut se faire entendre, il faut savoir faire du bruit. Il trouve dommageable ce qui se passe en Martinique, mais ces actes étaient obligatoires, pense-t-il. "Dans le monde, aucun combat ne se gagne dans la tranquillité. Il faut aller au combat. […] De toute façon, à chaque fois qu’il y a des revendications, l’État français ne sait faire qu’une chose : envoyer de la répression. Mai 67, en 54, etc." Comme en écho à ses propos, on apprenait dans la journée que la 8ᵉ compagnie républicaine de sécurité (CRS 8), spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, devait partir en direction de la Martinique.
Après un long temps d’échange et de préparation sur la place de la Bastille, le cortège s’est joint aux autres groupes de manifestants en tout genre qui défilait ce samedi à Paris (en soutien à la Palestine, contre Emmanuel Macron et le gouvernement Barnier...). Ensemble, ils se sont mis en route vers la place de la République. D’ores et déjà, ils ont annoncé que ce rassemblement n’était que le début et qu’ils allaient entamer d’autres actions.