C'est un sénateur de la Somme, du groupe Union centriste, qui se tient derrière le micro mais c'est toute la délégation sénatoriale aux Outre-mer qui s'interroge en réalité sur la situation "explosive" à Mayotte, et notamment au sein de la prison de Majicavo, la seule du territoire.
"Une prison sursaturée et c'est un doux euphémisme de le dire : quatre voire cinq détenus s'entassent dans des cellules de 13 m2 prévues initialement pour une ou deux personnes", rappelle Stéphane Demilly avant de répéter le nombre total des détenus : "650 pour 278 places".
Une surpopulation carcérale qui a entraîné une mutinerie le 28 septembre dernier : plusieurs détenus se sont rebellés et ont pris en otage des surveillants pénitentiaires avant que ces derniers ne soient libérés par le GIGN. C'est à la suite de cette prise d'otages que le directeur de l'établissement avait annoncé sa démission pour alerter sur "l'urgence de doter l'île d'un second établissement".
Annoncé en mars 2022 lors d'une visite du garde des Sceaux de l'époque Eric Dupond-Moretti, le projet de nouvelle prison semble au point mort, regrette le sénateur : "Aucune décision n'a pour l’instant été actée alors que l'établissement public foncier local a proposé plusieurs terrains mais nous attendons la réponse de l'État."
"Avez-vous des informations à nous communiquer sur le calendrier de création du second établissement pénitentiaire ?", conclut-il en s'adressant au nouveau ministre de la Justice Didier Migaud.
Des études "pour identifier un site adapté"
Si ce dernier reconnaît sans peine la surpopulation carcérale en précisant d'ailleurs qu'il n'y a pas aujourd'hui 650 mais "663 détenus pour 278 places", il ne répond pas franchement à la question.
Il confirme certes l'ouverture d'un "second établissement pénitentiaire de 400 places et de 15 à 20 places de semi-liberté", et annonce qu'il doit faire un point avec le Premier ministre dans quelques jours. Il assure par ailleurs que des "études foncières et d'urbanisme" sont en cours "pour identifier un site adapté", comme le montre cet extrait.
Mais quant à connaître un calendrier pour se projeter, aucune information. La seule solution en attendant est de désengorger et sécuriser Majicavo, ce que l'État tente de faire.
C'est en tout cas ce que laisse entendre Didier Migaud en mentionnant "des opérations de désencombrement [...] régulièrement réalisées avec les transfèrements de personnes détenues vers les établissements pénitentiaires de l'île de La Réunion et de l'Hexagone" ou l'envoi d'agents "pour renforcer les équipes" du centre mahorais.