Ovationné au Stade de France lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques dimanche 8 septembre,Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, peut afficher un large sourire. C'est la fin d'une aventure commencée il y a plus de 7 ans pour le triple champion olympique de canoë-slalom et d'un été magique pour tous les amoureux de sport.
Alors que la flamme olympique a définitivement été éteinte et que la France s'est classée 5ème lors des JO et 8ème lors des Jeux Paralympiques, Tony Estanguet dresse un bilan très positif de ces Jeux à domicile. L'occasion pour l'ancien athlète de saluer les sportives et sportifs des Outre-mer qui ont récolté 19 médailles aux Jeux Olympiques et 5 médailles aux Jeux Paralympiques, faisant vibrer le pays des tatamis de l'Arena Champs-de-Mars à la mythique vague de Teahupoo en passant par le jardin des Tuileries. Entretien.
Une cérémonie d'ouverture hors d'un stade, la parité lors des Jeux Olympiques, des Jeux Paralympiques organisés en France pour la première fois... Vous souhaitiez innover pour ces Jeux de Paris. Quel bilan en tirez-vous ?
Tony Estanguet : C'était magique. On a vécu un été dont on se souviendra pendant longtemps. Cela faisait 100 ans qu'on n'avait pas organisé des Jeux Olympiques d'été dans notre pays, c'était aussi nos premiers Jeux paralympiques d'été. Forcément, on avait plein de rêves et beaucoup d'ambition. On est très heureux parce que le bilan est très positif, tant au niveau de l'image de la France qui a été relayée dans le monde entier avec des sites exceptionnels, des cérémonies exceptionnelles, qu'au niveau sportif, avec de très belles médailles et des émotions sportives qui nous ont gâtées. Sans oublier le public en feu qui a mis beaucoup d'ambiance et a donné ce supplément d'âme. C'est vrai qu'on a l'impression d'avoir coché toutes les cases.
Revenons sur la cérémonie d'ouverture des JO. Dans le documentaire "Au coeur des Jeux" diffusé sur France Télévisions, on vous voit annoncer à Marie-José Pérec qu'elle a été choisie pour allumer la vasque olympique avec Teddy Riner. C'était important de lui rendre ainsi hommage ?
T. E. : C'est l'une des plus grandes championnes de toute l'Histoire de notre pays, elle a énormément apporté et je pense que c'est une icône du sport français. Dans ma tête, elle avait toute sa place dans ce moment le plus symbolique qu'est l'allumage de cette vasque olympique aux côtés de Teddy Riner, deux immenses champions d'Outre-mer. Une fois de plus, les Outre-mer, terres de champions ! Je les remercie tous les deux parce qu'ils ont donné le ton de ces Jeux. Dès le premier soir, on a compris qu'on allait vivre quelque chose de spécial.
On a vu aussi le skipper guadeloupéen Damien Seguin porter le drapeau paralympique avec l'astronaute John MacFall. Vous aviez en tête dès le début de l'organisation des Jeux de Paris 2024 de célébrer les athlètes des Outre-mer et leurs territoires ?
T. E. : Oui, on voulait montrer le plus beau visage de la France. On parle beaucoup de "Paris 2024" mais globalement on a réussi à associer les différents territoires y compris les Outre-mer et ce dès le relais de la flamme. C'était une vraie satisfaction. La flamme olympique est allée rendre hommage à ces Outre-mer qui nous ont accueilli formidablement bien pour mettre à l'honneur des athlètes, des dirigeants, des entraineurs, des éducateurs sportifs et un public qui aime le sport ! On l'a vu aussi pendant les cérémonies et pendant les compétitions, où plusieurs dizaines d'athlètes d'Outre-mer ont été médaillés. La France compte dans ses rangs de très grandes championnes et grands champions qui viennent d'Outre-mer.
Les Jeux de Paris 2024 se sont aussi déroulés en Polynésie. Une réussite ?
T. E. : C'est la première fois qu'une compétition olympique se tient en Outre-mer, en plus sur la mythique vague de Teahupoo. Je veux dire merci à la Polynésie française de nous avoir accueillis et d'avoir organisé cette compétition de surf avec des vagues exceptionnelles, avec un Kauli Vaast champion olympique et aussi une Réunionnaise, Johanne Defay, médaillée de bronze lors de ces épreuves. Les Outre-mer nous ont accompagnés pendant les Jeux, ce sont des territoires qui font partie de la France, qui aiment le sport et on est ravis de les avoir associés parce qu'ils ont apporté une énergie très forte.
Qu'est-ce qui va rester, selon vous, de l'esprit de ces Jeux ?
T. E. : Pour moi, il y a trois types d'héritages majeurs. Il y a un héritage matériel avec des équipements sportifs qui ont été construits grâce à la dynamique des Jeux. On a un héritage immatériel qui est très important, le fait qu'on ait réussi à capitaliser sur ces émotions sportives pour donner envie aux jeunes de faire du sport. Je voudrais d'ailleurs remercier tous les enseignants qui essayent de faire bouger leurs élèves, de leur donner envie de faire du sport. Le sport permet de réunir les gens, de fédérer, de travailler sur l'inclusion, sur la santé. Et donc l'héritage immatériel, pour moi, c'est ça : comment on met plus de sport dans nos vies et notamment dans celle des plus jeunes ? Il y a aussi un héritage symbolique avec les objets qui ont marqué ces Jeux, la vasque, les anneaux olympiques, les Agitos (symbole équivalent aux anneaux olympiques pour les Jeux Paralympiques, ndlr). On a envie de les revoir... Après, c'est moins notre responsabilité en tant que comité d'organisation parce que ce sont aux responsables politiques de décider ce que sera la deuxième vie de ces objets. Quoi qu'il arrive, on se souviendra pour longtemps de ces émotions.
Vous n'avez pas envie de vous engager un peu plus... en tant que ministre des Sports, par exemple ?
T.E : Aujourd'hui, ma priorité, c'est d'abord de terminer cette aventure de Paris 2024. Il reste encore quelques semaines, quelques mois. On a encore des sites à déconstruire, à rendre à l'espace public. Après, je vais faire une pause, me reposer. C'est vrai que je ressors de cette aventure avec beaucoup d'expérience, beaucoup de choses que j'ai pu apprendre au contact des acteurs politiques, des acteurs économiques, des sportifs. Forcément, j'ai l'impression que le champ des possibles est très important... mais il est trop tôt pour me décider.