"Une page se tourne" : après le décès de René Silo, la communauté ultramarine de l'Hexagone se retrouve orpheline

Photo de René Silo.
Grande figure de la vie associative ultramarine dans l'Hexagone et défenseur de la culture des Outre-mer, René Silo est mort jeudi 26 septembre entouré de ses proches. Les Ultramarins qui ont croisé son chemin lui rendent hommage.

Le choc est à la hauteur de l'admiration que la communauté ultramarine avait pour René Silo : immense. Cette personnalité guadeloupéenne installée dans l'Hexagone depuis des décennies avait une importance de taille pour ces personnes qui, parfois, avaient besoin de soutien, de repères ou bien juste d'une figure familière réconfortante. René était cette figure. Atteint d'une maladie, l'homme s'est éteint jeudi 26 septembre, à Villejuif, entouré de ses proches. Il avait 75 ans.

"Hier [jeudi], quand j'ai appris qu'il allait vivre ses derniers instants, j'ai quitté la plénière du conseil régional et je me suis précipité. J'ai assisté à ses derniers moments, raconte Patrick Karam, vice-président guadeloupéen de la région Île-de-France et proche de René Silo. Ses derniers mots, ç'a été avec moi. Deux heures plus tard, René est parti."

Engagé pour les Ultramarins

À l'image de son ami Patrick Karam, avec qui il a contribué à dynamiser la vie associative et la représentation des Ultramarins de la région, la disparition de René Silo laisse un grand vide au sein de la communauté ultramarine de l'Hexagone. 

Pendant longtemps, René Silo a travaillé en tant que cadre à la RATP, en charge du recrutement. C'est à lui que l'on attribue l'embauche massive d'Antillais au sein de la Régie autonome des transports parisiens pour conduire les métros, RER et autres trains de la région.

Engagé pour mettre en avant les Ultramarins de France hexagonale, René Silo, né à Trois-Rivières, en Guadeloupe, en 1948, a été un pilier de la vie associative ultramarine. D'abord avec le Collectifdom, créé par Patrick Karam au début des années 2000, puis le CREFOM, Conseil représentatif des Français d'Outre-Mer, en 2014. "René, c'était un compagnon de lutte de longue date. (...) C'était un copain sur lequel je savais que je pouvais compter", s'émeut aujourd'hui le président de l'association, Daniel Dalin, proche de René Silo.

J'ai été très très triste quand je suis arrivé à Villejuif hier et qu'il était déjà décédé. Je n'ai pu que m'incliner devant sa dépouille.

Daniel Dalin, président du CREFOM et ami de René Silo

"Respect des valeurs"

René Silo était de tous les événements en lien avec les Outre-mer. Chanté nwel, galas contre la drépanocytose, commémorations en lien avec l'esclavage (il a d'ailleurs participé à la grande marche du 23 mai 1998)... Il a même participé aux États Généraux Outre-mer des LGBTphobies autour de la ministre des Outre-mer de l'époque, Ericka Bareigts.

Mais là où le Guadeloupéen a le plus marqué, c'est sans conteste pour son engagement dans le monde du sport. Joueur de l'US Métro entre 1970 à 1984, il a joué à la Colombienne, club de la ville de Colombes, dans les Hauts-de-Seine, qu'il a présidé pendant onze ans (2003-2014). Il a par ailleurs été le premier Guadeloupéen et Ultramarin à obtenir son diplôme fédéral d'entraîneur. "Beaucoup de gens lui doivent beaucoup de reconnaissance. Il a formé des générations entières avec l'esprit guadeloupéen, c'est-à-dire le respect des valeurs, le respect de la République, le respect aussi de l'autorité", dit, admiratif, Patrick Karam.

René Silo faisait aussi partie de la commission Outre-mer de la Fédération française de football, et avait pour but de faire briller les talents ultramarins dans l'Hexagone. Vendredi, la Ligue de Football de Paris Île-de-France, dont il a été membre du Comité de Direction entre 2012 et 2016, a rendu hommage à cette "grande figure du football francilien et de la communauté ultramarine dans la région".

Une messe en son honneur sera tenue à Ris-Orangis vendredi 4 octobre. Pour rendre hommage à son ami, Patrick Karam organise quant à lui une veillée traditionnelle au siège de la région Île-de-France jeudi 3 octobre, à partir de 19 h. "C'est une grande page de l'épopée de l'arrivée des Antillais qui se tourne. Nous sommes tous héritiers et orphelins de René Silo", estime celui qu'il considérait comme un frère. Il s'est éteint à ses côtés, jeudi.