Les archives d’Edouard Glissant à l’honneur à la Bibliothèque nationale de France

Une vue des archives inédites d’Edouard Glissant à la Bibliothèque nationale de France.
Mercredi soir, une réception au site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France à Paris a marqué l’acquisition officielle du fonds d’archives de l’écrivain martiniquais Edouard Glissant, en présence de plusieurs personnalités. 
Quelques dizaines de personnes étaient réunies ce mercredi soir dans les salons cossus de l’hôtel particulier Tubeuf à Paris, sur le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BnF), pour une réception consacrée à l’acquisition officielle du fonds d’archives de l’écrivain martiniquais Edouard Glissant. Après des années d’efforts, et la contribution décisive de quelques mécènes, l’œuvre de Glissant, classée Trésor national en décembre 2014, est sanctuarisée depuis le mois de juin dans l’une des institutions les plus prestigieuses au monde. Les chercheurs de tous horizons pourront y avoir accès.
 
Sous le patronage de Laurence Engel, présidente de la BnF, plusieurs personnalités avaient fait le déplacement. Parmi elles, l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira, les acteurs et metteurs en scène guadeloupéens Greg Germain et Jacques Martial (ce dernier étant actuellement président du Mémorial ACTe), ainsi que Sylvie Glissant, la veuve de l’écrivain. Dans la salle de réception, il était possible d’admirer des documents inédits, des cahiers et des écrits annotés de la main de Glissant. Des instants émouvant pour les admirateurs du chantre du « Tout-monde ».
 
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L'écrivain martiniquais Edouard Glissant.
« La pensée d’Edouard Glissant était une pensée rigoureuse et visionnaire, et c’est une pensée qui nous éclaire encore », a déclaré Christiane Taubira. « C’est un esprit universel. Venant des Outre-mer il a eu sous les yeux ce laboratoire immédiat et permanent, en constante évolution, d’identités composites. Il a compris ce que cela signifiait et que c’était la destinée du monde. Glissant avait perçu cela comme une réalité vivante, dynamique, qui a ses propres logiques. Ces sociétés sont justement des lieux où les langues, les cultures et les imaginaires se côtoient et s’entrecroisent. »
 
Une lecture de passages de l’œuvre de Glissant a ensuite été effectuée par deux jeunes et talentueux comédiens, Amélia Ewu et Gabriel Tamalet de la compagnie Présences-Monde. Extrait : « Nous devons penser avec des pensées de tremblement. Nous ne devons pas penser avec des pensées de certitudes, de fixité, de doctrines données une fois pour toute. (…) La pensée du tremblement s’accorde à l’errance du monde et à son inexprimable. Elle n’est ni crainte ni faiblesse, elle n’est pas irrésolution, mais l’assurance qu’il est possible d’approcher ces chaos, de durer et de grandir dans cet imprévisible, d’aller contre ces certitudes encimentées dans leurs intolérances, de palpiter du palpitement même du monde, qui est à découvrir enfin. »