À Paris, rétrospective Euzhan Palcy, la réalisatrice martiniquaise de l’inoubliable "Rue Cases-Nègres"

La réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy sur le tournage d’ « Une Saison blanche et sèche », sorti en 1989.
Du 8 au 19 novembre, le Centre Pompidou célèbre le cinéma d’Euzhan Palcy. Une dizaine de films de fictions et des documentaires de la réalisatrice martiniquaise, Oscar d’honneur en 2022, seront présentés au public.

C’est une surdouée du cinéma à laquelle le Centre Pompidou rend hommage du 8 au 19 novembre. Euzhan Palcy a signé une bonne dizaine de films et de documentaires que le Centre présente au public en sa présence, accompagnée de différentes personnalités telles qu’Harry Roselmack, Audrey Pulvar ou Rokhaya Diallo.

La réalisatrice qui a grandi au Gros-Morne en Martinique, a eu très tôt le goût des histoires et de l’image. Sa formation ? Elle remonte à son adolescence en Martinique. Elle regarde à haute dose les films de Fritz Lang, Billy Wilder, Alfred Hitchcock ou encore François Truffaut. Dotée d’une solide culture cinématographique, après le baccalauréat, elle quitte la Martinique pour Paris où elle commence ses études à la Sorbonne avant d’entrer à la prestigieuse école Louis-Lumière.  

Le roman de Joseph Zobel

Euzhan Palcy est animée par un rêve : adapter au cinéma Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel. Ce livre, elle l’a reçu des mains de sa mère. Il a bercé son enfance. Après ses études, elle s’attelle rapidement à ce projet. Rue Cases-Nègres raconte l’enfance de José, brillant élève poussé à étudier par sa grand-mère M’man Tine (interprété par Darling Légitimus, remarquable dans ce rôle) et par son instituteur. M'man Tine refuse que son petit-fils aille travailler et s'épuiser pour une misère dans les champs de canne. L’action se situe dans la Martinique des années 30. Portée par son projet, aidée par François Truffaut, Euzhan Palcy signe un film émouvant, original et novateur. Rue Cases-Nègres a reçu le Lion d’argent à la Mostra de Venise et le César de la meilleure première œuvre en 1984.

Grâce à ce succès, Euzhan Palcy est remarquée. On lui propose de venir travailler aux États-Unis. Elle accepte et réalise Une saison blanche et sèche (1989) avec Donald Sutherland, Zakes Mokae, Susan Sarandon, Marlon Brando. Elle est la première femme à diriger le légendaire acteur américain. Adapté d’un roman d’André Brink, Une saison blanche et sèche raconte l’histoire d’un professeur afrikaner qui mène une vie paisible en Afrique-du-Sud jusqu’au jour où son jardinier noir Gordon et son fils sont arrêtés, torturés puis tués sous le régime de l’Apartheid. 

Pour son troisième film de fiction, Siméon (1992), Euzhan Palcy revient en Martinique. Dans ce long-métrage fantastique et musical, elle raconte l’histoire d’un vieux professeur de musique, Siméon. Son disciple, Isidore (interprété par Jacob Desvarieux), guitariste et mécanicien de profession, partage avec lui le rêve de créer une nouvelle musique antillaise qui devienne aussi universellement populaire que le Jazz ou le Reggae. Le film rassemble toute une ribambelle de talents antillais dont Jean-Claude Duverger, Jacob Desvarieux, Jean-Jacques-Martial, Jocelyne Béroard, Albert Lirvat, Gerty Dambury, Jean-Claude Naimro, Jean-Philippe Marthély, Alain Jean-Marie, Patrick Saint-Eloi, Lisette Malidor et Pascal Légitimus. Comme pour Rue Cases-Nègres, Euzhan Palcy a fait appel à la monteuse Marie-Joseph Yoyotte qui a obtenu trois Césars au cours de sa carrière.

Films de fiction et documentaires

Après Siméon, suivront trois autres films, Le Combat de Ruby Bridges (1998), The Killing Yard (2001), puis Les Mariées de L’Isle Bourbon (2007) avec William Nadylam, tous filmés pour la télévision. Le combat de Rudy Bridge retrace la lutte d’une enfant et de sa mère à la Nouvelle-Orléans dans les années 60 pour intégrer une école exclusivement fréquentée par des blancs. Dans Les Mariés de l’isle Bourbon, Euzhan Palcy raconte l’histoire de la colonisation de La Réunion.

La réalisatrice martiniquaise a choisi aussi de faire du documentaire en donnant la parole à Aimé Césaire (1994). À partir d’entretiens avec le célèbre poète et penseur martiniquais, le film en trois parties – L’Île VeilleuseAu rendez-vous de la conquêteLa force de regarder demain – offre une promenade dense et foisonnante dans la vie d'Aimé Césaire, de ses souvenirs d'enfance aux combats politiques.

Euzhan Palcy a aussi mis en lumière dans Parcours de dissidents (2005) ces hommes et ces femmes de Martinique et de Guadeloupe qui ont choisi de quitter leurs îles entre 1940 et 1943 pour rejoindre, via la Dominique et Sainte-Lucie, les Forces françaises libres de de Gaulle, baptisé alors le "Général Micro".

Tous ces films et documentaires sont à voir au centre Pompidou à Paris. La réalisatrice proposera aussi dimanche 12 novembre une master-class. Le programme de cette rétrospective très complète est à consulter ci-dessous :

Séances 

  • Mercredi 8 novembre 20h I Séance d'ouverture de la rétrospective avec la projection de Rue Cases-Nègres (1983, 103 minutes), en présence d'Euzhan Palcy en savoir plus
  • Jeudi 9 novembre 20h I Projection d'Une saison blanche et sèche (1989, 106 minutes), en présence d'Euzhan Palcy et de la journaliste et femme politique Audrey Pulvar en savoir plus
  • Samedi 11 novembre 16h I Projection du Combat de Ruby Bridges (1998, 96 minutes), précédé de Comment vont les enfants ? / Hassane (1990, 11 minutes), en présence d'Euzhan Palcy et de la cinéaste Maïmouna Doucouré en savoir plus
  • Dimanche 12 novembre 17h I Masterclasse d'Euzhan Palcy – entrée libre dans la limite des places disponibles
  • Dimanche 12 novembre 20h I Projection de Siméon (1992, 115 minutes), en présence d'Euzhan Palcy et de la chanteuse Meryl en savoir plus
  • Lundi 13 novembre 20h I Projection du Parcours de dissidents (2005, 88 minutes), en présence d'Euzhan Palcy et du journaliste Harry Roselmack en savoir plus
  • Mercredi 15 novembre 20h I Projection d'Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire (1994, 3x52 minutes), présentée par Rokhaya Diallo, dans le cadre de la Cinémathèque idéale des banlieues du monde, un projet initié par la cinéaste Alice Diop en savoir plus
  • Jeudi 16 novembre 19h I Projection des Mariés de l’Isle Bourbon (2007, 180 minutes) en savoir plus
  • Vendredi 17 novembre 20h I Projection de Siméon (1992, 115 minutes)
  • Samedi 18 novembre 16h I Projection d'Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire (1994, 3x52 minutes) en savoir plus
  • Samedi 18 novembre 20h I Projection de Rue Cases-Nègres (1983, 103 minutes), présentée par Emmanuel Burdeau en savoir plus
  • Dimanche 19 novembre 15h I Projection du Combat de Ruby Bridges (1998, 96 minutes), précédé de Comment vont les enfants ? / Hassane (1990, 11 minutes) en savoir plus
  • Dimanche 19 novembre 18h I Projection d'Une saison blanche et sèche (1989, 106 minutes) en savoir plus