Entre 10 000 et 15 000 Amérindiens continuent de subir une marginalisation et un manque d'accès aux droits, dans un pays qui ne reconnaît pas formellement ces peuples. Parmi les principaux problèmes : le suicide des jeunes, l'orpaillage illégal et l'accès à la terre.
C'est une tragédie silencieuse qui se joue à des milliers de kilomètres de l'Hexagone. Pourtant, nous sommes en France, en Guyane précisément. Au cœur de la forêt amazonienne, entre 10 000 et 15 000 Amérindiens luttent au quotidien pour ne pas disparaître.
Qui sont les Amérindiens de Guyane ?
Les Amérindiens sont les premiers habitants de la Guyane, installés depuis le Ve siècle avant notre ère. Les premières traces archéologiques remontent à 5 000 ans avant notre ère. Ils sont environ 30 000 lorsqu'arrivent les premiers européens, au XVIe siècle. Très vite, beaucoup sont décimés à cause des maladies importées d'Europe par les colons et d'Afrique par les esclaves.
Aujourd'hui, ils représentent 5% de la population guyanaise et sont répartis en 7 groupes sur tout un territoire grand comme le Portugal. Par exemple, les Wayanas vivent le long du Maroni et les Kalinia sur la côte. Leur mode de vie est resté traditionnel : ils vivent principalement de la chasse, de la pêche et de la culture du manioc.
L'orpaillage illégal : menace pour les peuples amérindiens
Les Amérindiens de Guyane souffrent au quotidien de l'orpaillage illégal. Les garimpeiros, les chercheurs d'or clandestins, polluent les fleuves par leur rejet d'eau boueuse, mais surtout de mercure, un métal très toxique, nocif pour la santé.
À 11 ans à peine les jeunes Amérindiens doivent quitter leur village pour aller à l'école sur le littoral : un changement brutal. Sur place, le manque de structures adaptées, la discrimination et la solitude sont à l'origine de l'échec scolaire qui les poussent à rentrer chez eux. Mais ces jeunes n'ont pas suivi l'enseignement traditionnel, ne parlent pas bien la langue et finissent rejetés par leur communauté.
Lettre de Carlos, un Amérindien de 27 ans qui s'est donné la mort début janvier 2017. En 2015, un rapport parlementaire préconise 37 propositions pour "enrayer l'épidémie de suicides". Il n'a toujours pas été mis en œuvre.
Depuis les années 80, les Amérindiens de Guyane s'organisent pour faire valoir leurs droits.Ils demandent la ratification de la convention 169 de l'Organisation internationale du travail.
C'est le cas en 2005 avec Cambior, une société d'exploitation minière, un projet finalement abandonné face à la pression populaire. Plus récemment, 18 associations s'opposent au projet Montagne d'or en Guyane. Porté par un consortium russi-canadien, ce vaste projet minier doit entrer en fonctionnement en 2020.