Entre 10 000 et 15 000 Amérindiens continuent de subir une marginalisation et un manque d'accès aux droits, dans un pays qui ne reconnaît pas formellement ces peuples. Parmi les principaux problèmes : le suicide des jeunes, l'orpaillage illégal et l'accès à la terre.
C'est une tragédie silencieuse qui se joue à des milliers de kilomètres de l'Hexagone. Pourtant, nous sommes en France, en Guyane précisément. Au cœur de la forêt amazonienne, entre 10 000 et 15 000 Amérindiens luttent au quotidien pour ne pas disparaître.
Aujourd'hui, ils représentent 5% de la population guyanaise et sont répartis en 7 groupes sur tout un territoire grand comme le Portugal. Par exemple, les Wayanas vivent le long du Maroni et les Kalinia sur la côte. Leur mode de vie est resté traditionnel : ils vivent principalement de la chasse, de la pêche et de la culture du manioc.
Cette activité illégale entraîne également une escalade de la violence. À plusieurs reprises, les Amérindiens se sont constitués en groupe d'autodéfense pour combattre directement les orpailleurs.
Mi-janvier, le Sénat a renforcé la lutte contre l'orpaillage illégal à l'occasion de l'examen du projet de loi Egalité réelle Outre-mer : le droit des policiers à détruire les installations illégales a été rétabli.
À 11 ans à peine les jeunes Amérindiens doivent quitter leur village pour aller à l'école sur le littoral : un changement brutal. Sur place, le manque de structures adaptées, la discrimination et la solitude sont à l'origine de l'échec scolaire qui les poussent à rentrer chez eux. Mais ces jeunes n'ont pas suivi l'enseignement traditionnel, ne parlent pas bien la langue et finissent rejetés par leur communauté.
En 2015, un rapport parlementaire préconise 37 propositions pour "enrayer l'épidémie de suicides". Il n'a toujours pas été mis en œuvre.
Ce sentiment d'exclusion est renforcé par l'absence de services publics et d'activités dans les villages, bien que la situation s'améliore peu à peu. Par exemple, depuis fin 2015, la couverture téléphonique a été étendue a de nombreux villages. Début mars, le Défenseur des droits Jacques Toubon a demandé vendredi un "égal accès aux droits et aux services publics" pour tous les habitants de Guyane.
Cet instrument reconnaîtrait le droit collectif à la terre. Aujourd'hui, ils ne sont pas propriétaires de leurs terres ancestrales. Ils en ont seulement le droit d'usage. L'État peut décider de céder des parcelles à des entreprises privées, sans leur accord.
C'est le cas en 2005 avec Cambior, une société d'exploitation minière, un projet finalement abandonné face à la pression populaire. Plus récemment, 18 associations s'opposent au projet Montagne d'or en Guyane. Porté par un consortium russi-canadien, ce vaste projet minier doit entrer en fonctionnement en 2020.
Fin février, la Cour nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a déploré que "les mesures prises restent lacunaires, les autochtones continuent à subir une marginalisation et un manque d'accès aux droits".
Qui sont les Amérindiens de Guyane ?
Les Amérindiens sont les premiers habitants de la Guyane, installés depuis le Ve siècle avant notre ère. Les premières traces archéologiques remontent à 5 000 ans avant notre ère. Ils sont environ 30 000 lorsqu'arrivent les premiers européens, au XVIe siècle. Très vite, beaucoup sont décimés à cause des maladies importées d'Europe par les colons et d'Afrique par les esclaves.Aujourd'hui, ils représentent 5% de la population guyanaise et sont répartis en 7 groupes sur tout un territoire grand comme le Portugal. Par exemple, les Wayanas vivent le long du Maroni et les Kalinia sur la côte. Leur mode de vie est resté traditionnel : ils vivent principalement de la chasse, de la pêche et de la culture du manioc.
L'orpaillage illégal : menace pour les peuples amérindiens
Les Amérindiens de Guyane souffrent au quotidien de l'orpaillage illégal. Les garimpeiros, les chercheurs d'or clandestins, polluent les fleuves par leur rejet d'eau boueuse, mais surtout de mercure, un métal très toxique, nocif pour la santé.Cette activité illégale entraîne également une escalade de la violence. À plusieurs reprises, les Amérindiens se sont constitués en groupe d'autodéfense pour combattre directement les orpailleurs.
Mi-janvier, le Sénat a renforcé la lutte contre l'orpaillage illégal à l'occasion de l'examen du projet de loi Egalité réelle Outre-mer : le droit des policiers à détruire les installations illégales a été rétabli.
"Epidémie de suicides"
Autre problème : des suicides devenus si nombreux que l'on parle aujourd'hui d'épidémie. Elle touche principalement les jeunes adultes. Ils se donnent la mort 10 à 20 fois plus souvent que dans l'Hexagone et depuis 2011, on compte un suicide par mois, selon Florencine Edouard, coordinatrice générale de l'Organisation des Nations Autochtones de Guyane.À 11 ans à peine les jeunes Amérindiens doivent quitter leur village pour aller à l'école sur le littoral : un changement brutal. Sur place, le manque de structures adaptées, la discrimination et la solitude sont à l'origine de l'échec scolaire qui les poussent à rentrer chez eux. Mais ces jeunes n'ont pas suivi l'enseignement traditionnel, ne parlent pas bien la langue et finissent rejetés par leur communauté.
En 2015, un rapport parlementaire préconise 37 propositions pour "enrayer l'épidémie de suicides". Il n'a toujours pas été mis en œuvre.
Ce sentiment d'exclusion est renforcé par l'absence de services publics et d'activités dans les villages, bien que la situation s'améliore peu à peu. Par exemple, depuis fin 2015, la couverture téléphonique a été étendue a de nombreux villages. Début mars, le Défenseur des droits Jacques Toubon a demandé vendredi un "égal accès aux droits et aux services publics" pour tous les habitants de Guyane.
Quelles sont les principales revendications ?
Depuis les années 80, les Amérindiens de Guyane s'organisent pour faire valoir leurs droits. Ils demandent la ratification de la convention 169 de l'Organisation internationale du travail.Cet instrument reconnaîtrait le droit collectif à la terre. Aujourd'hui, ils ne sont pas propriétaires de leurs terres ancestrales. Ils en ont seulement le droit d'usage. L'État peut décider de céder des parcelles à des entreprises privées, sans leur accord.
C'est le cas en 2005 avec Cambior, une société d'exploitation minière, un projet finalement abandonné face à la pression populaire. Plus récemment, 18 associations s'opposent au projet Montagne d'or en Guyane. Porté par un consortium russi-canadien, ce vaste projet minier doit entrer en fonctionnement en 2020.
Fin février, la Cour nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a déploré que "les mesures prises restent lacunaires, les autochtones continuent à subir une marginalisation et un manque d'accès aux droits".