Assemblée nationale : dans quels groupes politiques siègent les député(e)s d'Outre-mer ?

L'hémicycle de l'Assemblée nationale, à Paris.
Gauche, droite, centre ? Les parlementaires, qui ont commencé leur nouvelle mandature jeudi 18 juillet, se sont positionnés dans les différents groupes politiques. Une étape de la vie parlementaire déterminante pour définir qui aura le plus de poids dans les commissions et lors des débats. Outre-mer la 1ère vous présente où ont décidé de siéger les élus ultramarins.

Faut-il siéger avec La France insoumise ou au sein du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) ? Avec le Parti socialiste ou les Écologistes ? Parmi les élus du camp présidentiel ou dans le petit groupe LIOT ? Le suspense est enfin fini. Depuis les résultats des élections législatives surprises, les député(e)s d'Outre-mer étaient au cœur des tractations dans la composition des groupes politiques à l'Assemblée nationale. Notamment à gauche, où les différentes composantes du Nouveau Front Populaire (NFP) voulaient à tout prix étoffer leurs rangs pour être les plus nombreux, et, par conséquent, avoir le plus de poids dans les commissions et lors des débats. 

Finalement, il n'y aura pas eu beaucoup de changements au sein des formations de gauche. C'est surtout au centre et à droite que l'équation ultramarine a quelque peu évolué, avec l'arrivée de nouveaux élus. Et notamment celle de deux députés ultramarins d'extrême droite, qui viennent grossir les rangs du Rassemblement national. Outre-mer la 1ère vous résume qui siège où dans cette nouvelle Assemblée nationale plus polarisée que jamais.

  • GDR, le groupe le plus ultramarin du Palais Bourbon

Comme lors de la précédente législature, le groupe Gauche démocrate et républicaine (plus connu sous le nom de GDR) est celui qui compte le plus d'Ultramarins dans ses rangs. Au total, ils sont huit élus d'Outre-mer à siéger avec neuf communistes.

Mais le groupe GDR a failli perdre une partie de ses alliés ultramarins. Lors des négociations, les élus dissidents de La France insoumise (Clémentine Autain, Danielle Simonnet, Alexis Corbière, des personnalités politiques très médiatiques) étaient pressentis pour siéger avec les communistes et les Ultramarins. Mais certains Réunionnais étaient contre. Finalement, les ex-LFI ont choisi le groupe des Écologistes.

Les trois députés de La Réunion Karine Lebon, Émeline K/Bidi et Frédéric Maillot ont donc décidé de rester au sein du groupe GDR. Tout comme les Guyanais Jean-Victor Castor et Davy Rimane, et leur camarade de la Martinique, Marcellin Nadeau.

En revanche, le groupe a perdu quelques Ultramarins depuis la dernière mandature. Les deux indépendantistes polynésiens Tematai Le Gayic et Steve Chailloux, qui siégeaient chez les GDR, ont été battus. Seule Mereana Reid Arbelot, qui avait succédé à Moetai Brotherson après son élection comme président de la Polynésie française, a retrouvé son siège et est restée membre de la Gauche démocrate et républicaine. Le Martiniquais Jiovanny William, quant à lui, a préféré rejoindre les bancs socialistes.

Les communistes et ultramarins du groupe de gauche peuvent néanmoins se targuer de compter parmi eux le kanak Emmanuel Tjibaou, premier indépendantiste calédonien élu à l'Assemblée nationale depuis 1986.

  • Un Ultramarin de plus chez le PS

Dans la guerre des effectifs entre le Parti socialiste (PS) et La France insoumise (LFI), c'est le PS qui ressort renforcé avec un Ultramarin en plus comparé à la dernière mandature (les Socialistes et apparentés passent de quatre à cinq élus d'Outre-mer). 

LFI voulait recruter la première secrétaire de la fédération martiniquaise du Parti socialiste, Béatrice Bellay, le Calédonien Emmanuel Tjibaou et ceux qui voulaient quitter le groupe GDR. Finalement, personne n'a intégré les rangs insoumis. Seuls ceux qui y siégeaient déjà depuis 2022 sont revenus : Jean-Hugues Ratenon (La Réunion), Perceval Gaillard (La Réunion) et Jean-Philippe Nilor (Martinique).

En plus de Béatrice Bellay, qui a récupéré le siège de Johnny Hajjar, les socialistes comptent désormais parmi eux le Martiniquais Jiovanny William, un ex-GDR. Les Guadeloupéens Christian Baptiste et Elie Califer et le Réunionnais Philippe Naillet sont, eux, de nouveau chez les Socialistes et apparentés.

  • Les Ultramarins de LIOT maintiennent leurs effectifs et décrochent la présidence du groupe

Petit groupe centriste composé d'indépendants, d'Ultramarins et de Corses, le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) compte 21 députés au début de cette nouvelle législature, dont cinq sont des élus d'Outre-mer.

Les Guadeloupéens Olivier Serva et Max Mathisain, la Mahoraise Estelle Youssouffa et le Saint-Pierrais Stéphane Lenormand ont tous repris leur siège au sein du groupe, qui joue parfois un rôle pivot dans cette Assemblée extrêmement polarisée depuis les élections de 2022. C'est d'ailleurs un Ultramarin, le député de Saint-Pierre et Miquelon, qui en a été élu président en début de semaine, succédant à Bertrand Pancher, battu dans sa circonscription. 

Le député de Saint-Pierre et Miquelon Stéphane Lenormand élu président du groupe parlementaire LIOT. Il sera accompagné de Nicole Sanquer, Olivier Serva; Estelle Youssouffa et Max Mathiasin.

Autre élue qui a perdu son siège au Palais Bourbon : Nathalie Bassire, détrônée à La Réunion par un candidat du Rassemblement national. Mais LIOT s'est consolé en accueillant la Polynésienne autonomiste Nicole Sanquer, qui siégeait avec le groupe de centre-droit UDI lors de son dernier passage à l'Assemblée (2017-2022).

  • Le camp présidentiel évite la débâcle

S'il enchaîne les défaites électorales dans les Outre-mer, le camp présidentiel est toutefois parvenu à conserver quatre élus ultramarins dans ses rangs.

Renaissance, dont le groupe parlementaire s'appelle désormais Ensemble pour la République (EPR), a ainsi retrouvé l'élu de Wallis et Futuna Mikaele Seo, et le loyaliste calédonien Nicolas Metzdorf

Ce dernier a fait perdre un parlementaire à l'ancienne majorité présidentielle en battant son collègue Philippe Dunoyer (les deux hommes se sont présentés dans la même circonscription alors qu'ils siégeaient ensemble entre 2022 et 2024). Le groupe a toutefois réussi à compenser cette perte en recrutant le Polynésien autonomiste Moerani Frébault, élu dès le premier tour des élections législatives fin juin.

De son côté, Frantz Gumbs, réélu député de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, retrouve son siège chez les Démocrates (MoDem).

  • Deux Ultramarins au Rassemblement national

C'est le tremblement de terre politique des élections législatives surprises annoncées par Emmanuel Macron après la déroute des européennes : non seulement il n'y a plus de député siégeant avec la droite républicaine à l'Assemblée nationale (Mansour Kamardine, ex-député LR, s'est incliné à Mayotte), mais, pour la première fois, le Rassemblement national a fait élire deux députés d'extrême droite dans les territoires d'Outre-mer. Anchya Bamana, qui a battu Mansour Kamardine, et le Réunionnais Joseph Rivière ont ainsi fait leurs premiers pas dans l'hémicycle aux côtés de Marine Le Pen.

Anchya Bamana, peu de temps avant la photo de rentrée du groupe RN à l'Assemblée nationale.