Gémima Joseph a eu un début de Jeux Olympiques frustrant. Après ses défaites lors des séries du 100 m et aux portes de la finale du 200 m, la jeune athlète était difficilement consolable. "Ne t'inquiète pas Mima, la prochaine fois sera la bonne", lui soufflait alors sa sœur dans l'oreille pour la réconforter. La consolation devra attendre. Vendredi soir, au Stade de France, la jeune athlète guyanaise a terminé quatrième du relais 4x100 m féminin avec ses coéquipières de l'équipe de France, ratant de peu sa toute première médaille olympique.
Lors d'une course finale haletante qui s'est déroulée sous une pluie fine, Orlann Olière, Gémima Joseph, Hélène Parisot et Chloé Galet se sont transmises le témoin sur les 400 m de tour de piste avec agilité et à une vitesse ahurissante. La dernière relayeuse a franchi la ligne d'arrivée au bout de 42"23, juste derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne.
Comme le dit si bien le dicton : l'union fait la force. Et c'est particulièrement le cas pour l'équipe de France d'athlétisme, qui peine toujours à faire briller ses athlètes individuellement depuis le début de ces Jeux à la maison. En revanche, pour les épreuves collectives, le scénario est différent. Les sportifs bleu-blanc-rouge se sont surpassés lors des phases de qualification. Par surprise, tous les relais français sont parvenus à se hisser en finale : le 4x400 m mixte en fin de semaine dernière (la France a fini 5ᵉ), et les deux équipes féminines et masculines des 4x100 m et des 4x400 m.
"Plus rien à perdre"
Ces belles performances de groupe n'ont malheureusement pas encore commencé à payer : les Bleues du 4x100 m ne seront pas les premières à rapporter une médaille en athlétisme à la France, en disette depuis le début des épreuves la semaine dernière. Ni leurs comparses masculins, qui, eux, ont fini 6ᵉ de leur finale. En comparaison, les États-Unis cumulent déjà 27 médailles dans la discipline (dont 9 en or).
Au premier tour du relais, jeudi, Gémima Joseph et ses partenaires se sont arrogées une deuxième place confortable lors des qualifications grâce à un chrono de 42"13. Décisive dans ce relais, la jeune Guyanaise de 22 ans a couru à une vitesse moyenne impressionnante de 35,5 km/h et a terminé son bout de course en 10"14, le meilleur temps des quatre Françaises. "On n'a plus rien à perdre", s'enthousiasmait alors la Kouroucienne, prête pour la finale.
Ce sursaut de confiance s'est illustré vendredi 9 août devant un public endiablé. Les Bleues partaient parmi les favorites pour s'imposer sur cette course : aux qualifications, elles ont fait le troisième meilleur temps toutes séries confondues, juste derrière les Américaines (41"94) et les Britanniques (42"03). Ces deux équipes avaient arraché respectivement l'argent et le bronze lors de la dernière Olympiade, à Tokyo. L'équipe de France féminine, avec déjà Gémima Joseph, avait, elle, fini 7ᵉ en finale.
Après les JO de 2021, les Françaises ne se sont pas particulièrement illustrées dans ce relais cher aux sprinteuses antillaises Patricia Girard, Muriel Hurtis et Christine Arron, championnes du monde 2003 et détentrices du record de France (41"78, qu'elles avaient fait tomber dans ce même Stade de France en 2003). Aux Mondiaux de Budapest de 2023, les athlètes français avaient particulièrement brillé par leur sous-performance sportive. Les relayeuses du 4x100 m avaient fini 7ᵉ des séries, avec un tout petit chronomètre de 43"12. Inquiétant à moins d'un an des Jeux Olympiques français.
La remontée
Mais, depuis, le vent a tourné à la faveur des Françaises. Aux relais mondiaux de Nassau, aux Bahamas, au mois de mai, la France a retrouvé son souffle et terminé sur la deuxième marche du podium avec un temps de 42"75. Les sprinteuses réitèrent un mois plus tard aux championnats d'Europe de Rome. Après avoir conclu leur série à 42"35, les Bleues se surpassent en finale et explosent leur chrono (42"15). Elles décrochent le titre de vice-championnes d'Europe. Une belle place pour aborder les JO avec sérénité.
Encore une fois, en finale du 4x100 m, les coureuses ont brillé sur les pistes du Stade de France. Mais ça n'a pas été suffisant pour terminer sur le podium. Gémima Joseph, sacrée championne de France du 100 m et du 200 m cette année, termine Paris 2024 le cœur un peu plus léger, renforcée par sa belle performance par équipe. La princesse française du sprint pourra entamer une nouvelle saison d'athlétisme qui s'annonce prolifique pour les relayeuses françaises. Prochain objectif : finir dans le trio de tête lors des championnats du monde de Tokyo, l'année prochaine. Et essayer, pourquoi pas, d'arracher la médaille d'or.