Cérémonie des César : Jean-Pascal Zadi dénonce le scandale du chlordécone et cite Frantz Fanon

Jean-pascal Zadi lors de la 46ème cérémonie des César.

A défaut de récompenses, les Outre-mer ont été évoqués à plusieurs moments de la cérémonie. Du discours très politique de Jean-Pascal Zadi à l’hommage émouvant rendu au comédien guadeloupéen Djédjé Apali : retour sur ces temps forts.

 

 

“Comme mon ami Dany Laferrière, j’ai envie de dire qu’il faut faire confiance au temps et et il faut voir le temps en temps long”. C’est par ces mots que le comédien réalisateur Jean-pascal Zadi a commencé son discours de remerciements après avoir reçu le César du Meilleur espoir masculin pour son rôle dans Tout simplement noir, cette comédie sortie sur les écrans juste après le premier confinement.

S’ensuit alors un discours politique : d’Euzhan Palcy à la dénonciation de l’utilisation du chlordécone aux Antilles, le comédien réalisateur fait un all-in. Les Outre-mer n'ont pas été absents des César 2021.

“Tous ceux qui ont ouvert la brèche avant moi”

D’Euzhan Palcy qui fut la première réalisatrice ultramarine à remporter un César, pour Rue Case-Nègres en 1984, à Fathia Youssouf, tout fraîchement récompensée du César de meilleur espoir féminin pour son rôle dans Mignonnes, le comédien réalisateur a d’abord tenu à remercier “tous ceux qui ont ouvert la brèche avant moi”. 

Mais Jean-Pascal Zadi ne s’arrête pas là, il a encore des cartes à abattre. “On est en droit de se demander si l’humanité de certaines personnes n’est pas souvent remise en cause", s’interroge-t-il. Et profitant de cette tribune, il choisit d’évoquer Adama Traoré et l’agression de Michel Zecler.

 

"Je me pose vraiment la question de savoir si certaines humanités comptent"

Le comédien remet ensuite sur la table les affaires récentes liées au déboulonnage des statues de figures esclavagistes, affirmant qu’"on peut se demander si notre humanité compte lorsque l’on voit que l’esclavage a été retenu comme crime contre l’humanité en 2001 et qu’aujourd’hui sur l’espace public, certaines personnes qui ont activement participé aux crimes contre l’humanité sont glorifiées par des statues”. 

Enfin - et avant de conclure par du Frantz Fanon -, il profite de sa tribune pour dénoncer le scandale de l’utilisation du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe : “on se demande si notre humanité compte, déclare-t-il,  quand on voit aux Antilles l’utilisation du chlordécone qui est un pesticide interdit en France mais qu’on a continué à utiliser aux Antilles."

Je me pose vraiment la question de savoir si certaines humanités comptent.

Jean-Pascal Zadi

 

Retrouvez ici son discours dans son intégralité :


"Chaque génération doit trouver sa mission, l'accomplir ou la trahir" : avant de quitter la scène, le comédien réalisateur citera du Frantz Fanon. "Et donc je remercie l'académie des César, conclut-il, de m'avoir prouvé que ma mission n'était pas vaine et que ce n'est pas ma mission, mais la mission de tout le monde l'égalité."

 

♦ Hommage à Djédjé Apali, Osange Silou-Kieffer et Tonton David

D’autres moments, plus émouvants, ont émaillé la 46ème cérémonie des César : il s’agit de ces derniers hommages rendus à ces personnalités ultramarines qui nous ont quittés cette année, après avoir marqué de leur empreinte le monde du septième art. 

 

Dernier hommage, donc, au Réunionnais Tonton David, auteur du tube Chacun sa route, issu de la bande originale du film "Un indien dans la Ville", mais aussi à la critique de cinéma guadeloupéenne Osange Silou-Kieffer, disparue en 2020. Enfin, l'académie des César n'a pas oublié de saluer le parcours du comédien d'origine guadeloupéenne Djédjé Apali.

 

C’est sa photo qui a ouvert le bal des hommages : un cliché de la photographe Carlotta Forsberg choisie par la soeur du comédien, son “ultime cadeau”.