Le pass vaccinal pourrait bientôt tirer sa révérence en France. Mais pas pour tout le monde. Contacté par Outre-mer La 1ère, le ministère des Outre-mer a indiqué que "la situation [des départements ultramarins] sera examinée au cas par cas, par territoire" en ce qui concerne la levée du dispositif. Autrement dit, le pass vaccinal pourrait rester d'actualité dans certains territoires d'Outre-mer, même s'il n'est plus réclamé en France.
Auditionné par la commission des Affaires sociales du Sénat mardi 22 février, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que la fin du QR code pour accéder aux lieux accueillant du public sera conditionnée à la situation sanitaire, qui s'améliore nettement en France depuis quelques semaines.
Il faudrait qu'on redescende en dessous de 1 500 patients Covid en réanimation (...), ce qui pourrait arriver d'ici deux à trois semaines.
Olivier VéranCommission des Affaires sociales du Sénat
Le gouvernement reste aussi attentif à la dynamique épidémique : "Il faut que le facteur R de reproduction du virus soit durablement inférieur à 1 (...) et qu'on ait atteint un niveau de taux d'incidence qui soit assez faible, entre 300 et 500 [cas pour 100 000 habitants sur une semaine] au maximum pour pouvoir considérer qu'on a vraiment franchi le plus dur", a avancé Olivier Véran.
Tension dans les hôpitaux ultramarins
Or, pour certains départements ultramarins, il serait précoce d'évoquer la fin du pass vaccinal alors que celui-ci doit justement entrer en application dans les prochains jours. Le gouvernement avait accordé un délai supplémentaire aux Outre-mer, afin de ne pas sanctionner les Ultramarins, largement moins vaccinés que les Français de l'Hexagone.
Ainsi, le QR code justifiant d'une vaccination complète contre le Covid-19 doit entrer progressivement en vigueur le 7 mars en Guadeloupe et en Martinique (la mise en application se fera en deux temps pour les Martiniquais, le 7 mars pour les établissements culturels et de restauration, le 14 mars pour les autres lieux). Pour la Guyane, l'entrée en application du pass vaccinal a été décalée de quelques jours : prévue le 3 mars, il ne sera de vigueur que lorsque le département aura reçu le vaccin Novavax, soit aux alentours du 8 mars.
Mais, la circulation du virus diminuant dans la majorité du territoire, y compris dans les Outre-mer, pourquoi le pass resterait-il de vigueur ? La situation hospitalière, qui s'améliore à l'échelle nationale, reste tendue dans les territoires ultramarins. Ainsi, le taux d'occupation des lits en réanimation pour des patients atteints du Covid-19 est très élevée en Guadeloupe (74 %) et en Martinique (92 %), et dépasse largement les capacités d'accueil normales à La Réunion (130 %). Au niveau national, le taux était de 56 % au 19 février, selon les données de Santé publique France. Le gouvernement souhaiterait qu'il atteigne environ 30 % pour lever le pass, à la mi-mars.
En attendant Novavax
L'autre facteur déterminant pour la levée du pass vaccinal reste la vaccination. Avec une couverture nationale élevée (76 % de la population a déjà reçu deux doses, plus de la moitié a effectué son rappel), le gouvernement peut se permettre de laisser le virus circuler, le risque de cas graves liés au coronavirus diminuant fortement avec la vaccination. En revanche, les territoires d'Outre-mer accusent toujours un retard conséquent dans la campagne vaccinale, et notamment en Antilles-Guyane. Selon les dernières données, qui datent du 24 janvier dernier - le ministère des Outre-mer n'a pas actualisé les chiffres ultramarins depuis - moins de la moitié des Martiniquais, Guadeloupéens et Guyanais était vaccinée.
Ainsi, la fin du pass vaccinal, qui se déterminera à l'échelon local par les autorités préfectorales et sanitaires, prendra en compte tous les indicateurs, a indiqué le ministère des Outre-mer. Y compris le taux de vaccination, alors que ce critère n'a pas été évoqué par Olivier Véran pour lever le pass au niveau national.
Les autorités parient sur l'arrivée du vaccin Novavax dans les Outre-mer pour accélérer la vaccination et espérer limiter au maximum les restrictions sanitaires. Ce vaccin américain, contrairement à Pfizer-BioNTech et Moderna notamment, ne fonctionne pas grâce à l'ARN messager, identifié par les pouvoirs publics comme un des facteurs entretenant la réticence des Ultramarins face aux vaccins.
La Direction générale de la Santé a indiqué que, sur les 1,14 million de doses de Novavax qui doivent être livrées à la France d'ici la fin de la semaine, 600 000 sont réservées en priorité aux Outre-mer. "Sur ces 600 000 doses réservées, 120 000 seront envoyées rapidement vers ces territoires en réponse à leur demande, a précisé la DGS à Outre-mer La 1ère. Ensuite, les doses seront envoyées au fur et à mesure en fonction des commandes réalisées par les territoires." Les premières vaccinations avec le Novavax doivent avoir lieu dès la semaine prochaine.