La situation est très tendue à Mayotte depuis quelques jours. "Entre attaques de cars scolaires, domiciles et véhicules incendiés, magasins saccagés et pillés, et personnes tuées ou mutilées, les forces de l’ordre, malgré leur professionnalisme, sont dépassées", résume Thani Mohamed Soilihi, l'un des deux sénateurs de l'île.
Mayotte s'est embrasé après la mort, samedi 12 novembre, d'un jeune homme de Kawéni, une commune proche de Mamoudzou, dans le nord-est de l'île. Âgé d'une vingtaine d'années, il a été tué à la machette dans un quartier rival. Depuis, le conflit inter-quartiers a fait plusieurs blessés, dont des enfants. Mercredi dernier, un enfant de 12 ans a été blessé à la tête après avoir reçu un coup de machette dans l'attaque de son car scolaire.
Affrontements entre bandes de plusieurs centaines de jeunes
Après l'attaque du bus, plusieurs centaines de jeunes - de 200 à 250 selon la police- se sont réunis samedi pour mener une expédition punitive dans le quartier rival. Les affrontements ont donné lieu à des "jets de projectiles" sur les forces de l'ordre, des "dégradations de véhicules et de commerces", des "coupures de tuyaux d'alimentation d'eau" et l'incendie d'une casse automobile. "Des habitants se sont armés de barres de fer et machettes pour se défendre contre les bandes", a précisé une source policière à l'AFP.
La situation est restée tendue dans la nuit de lundi à mardi. Les forces de l'ordre ont tenu à l'écart plusieurs groupes qui voulaient s'affronter, selon une source policière. Rebroussant chemin, des petits groupes en ont profité pour agresser des usagers de la route, selon des témoins. Vers 5h, heure locale, un groupe d'individus a dressé un barrage en feu près du tribunal, dans le même secteur.
Le Raid envoyé sur place
Vendredi dernier, Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, alertait sur un risque "de guerre civile".
Le maire de Mamoudzou parle de "terrorisme", et demande une intervention de l'armée. Lundi 22 novembre, invitée à s'exprimer lors de la rencontre des élus des Outre-mer, en région parisienne, Estelle Youssouffa avait aussi employé le terme de "terrorisme". "Cette terreur dure depuis des années. Quand on découpe des gens en morceaux et qu’on laisse les morceaux sur la route, c'est du terrorisme !", avait-elle déclaré.
Une dizaine de policiers du Raid, l'unité d'intervention d'élite de la police, vont être déployés à Mayotte a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmain, lundi 21 novembre. En mars 2022, une unité du Raid avait déjà été déployée dans le département pour lutter contre la violence. Depuis juin dernier, un escadron de gendarmerie, soit 72 gendarmes, renforcent déjà les forces de l'ordre présentes sur l'île.