De vives acclamations se sont élevées du Grand Palais pour saluer la médaille d'argent des Françaises après leur défaite en finale de l'épée par équipes, mardi 30 juillet, dans la soirée. Un exploit. Ou plutôt un sacre, vingt-huit après la dernière médaille d'or collective pour les épéistes bleu-blanc-rouge. À l'époque, Atlanta 1996, l'équipe était portée par une championne olympique guadeloupéenne, Laura Flessel, et la vice-championne Valérie Barlois. "On a hâte de passer le relais", soufflait l'ancienne sportive antillaise depuis les tribunes des spectateurs, où elle est venue soutenir la nouvelle génération.
2024 aurait pu avoir de magnifiques airs de 1996. Comme lors des Jeux organisés par les États-Unis, la France s'est retrouvée face à une valeureuse équipe italienne. Mais, malheureusement, la France a perdu. Aujourd'hui, les épéistes vice-championnes olympiques s'appellent Marie-Florence Candassamy, Auriane Mallo-Breton et Coraline Vitalis. Et, même si elle n'a participé qu'au dernier duel à la place de sa compatriote Marie-Florence Candassamy, la Martiniquaise Alexandra Louis-Marie profite, elle aussi, du titre, en tant que remplaçante.
La revanche de Candassamy et Vitalis
Cette médaille obtenue avec acharnement est une belle revanche pour les deux escrimeuses antillaises du groupe, Marie-Florence Candassamy et Coraline Vitalis. Samedi dernier, pour leur entrée en lice dans les Jeux Olympiques de Paris, elles avaient quitté le Grand Palais remplies de déception et de rancœur après leur élimination prématurée de la course à la médaille individuelle. "L'individuelle n'a pas été facile, mais avec cette médaille, on oublie vite", reconnaît l'épéiste antillaise Marie-Florence Candassamy. Leur coéquipière Auriane Mallo-Breton n'a pas eu le même problème : elle a été sacrée vice-championne olympique, apportant une des premières médailles françaises de cette édition 2024 des JO.
Remotivées pour décrocher la médaille par équipes – la dernière, en bronze, remonte aux Jeux d'Athènes de 2004 –, les Françaises se sont frottées à du lourd pour se hisser jusqu'en finale. Premiers combats : contre les Sud-Coréennes, médaillées d'argent à Tokyo en 2021. Les Bleues s'imposent sans trop de difficulté 37-31. Facile.
Les demi-finales sont plus corsées. La France rencontre la Pologne, sacrée championne du monde en 2023. À l'époque, les Bleues avaient tiré leur révérence en quarts de finale du championnat. Mais, pour ces Jeux aussi surprenants que passionnants, les compteurs sont remis à zéro. Les favoris n'existent plus. Il n'y a que des sportifs et des sportives avides de médailles. Si les Polonaises prennent le dessus lors du premier relais (Marie-Florence Candassamy ne fait que trois touches, contre cinq pour sa concurrente), l'avantage revient très rapidement aux Françaises.
Ce coude-à-coude sans fin dure une bonne partie de la demi-finale. Vers la moitié de la rencontre, la Guadeloupéenne Coraline Vitalis et l'Antillaise Marie-Florence Candassamy parviennent néanmoins à distancer les Polonaises. De 12-13 pour la France, le score passe à 16-22. Le public exalte.
"Allez Cocoooo !"
Mais les enjeux sont énormes. La pression pousse les Polonaises à se surpasser. Pendant trois relais d'affilée, les adversaires des Bleues redoublent d'intensité et progressent point après point. Lorsque la championne du monde Marie-Florence Candassamy termine l'avant-dernier face-à-face contre la Polonaise Renata Knapik-Miazga, le score est de seulement 29 contre 31. La France a toujours l'avantage. Mais de peu. C'est sans compter la fougue et l'efficacité d'Auriane Mallo-Breton, dernière des relayeuses. En trois minutes, elle achève son adversaire avec 14 touches. Le match est plié : la France va en finale.
Et quelle finale ! Les Bleues sont majestueusement descendues des immenses marches du Grand Palais. Les Françaises n'ont pas le choix de l'emporter devant un public exalté. Pour encourager leurs championnes, les spectateurs entonnent la Marseillaise. Place au jeu.
Marie-Florence Candassamy ouvre le bal. La bataille est rude face aux Italiennes, qui jouent la carte de la défense et évitent toute parade française. Les Bleues conquièrent point par point. Pendant son premier relais, la Guadeloupéenne Coraline Vitalis permet à son équipe de prendre de l'avance avec trois points gagnés, et aucune touche encaissée.
Aux "Italia ! Italia !" scandés par un petit groupe du public, les spectateurs français répondent "Allez Coco !" pour encourager la native du Gosier, en Guadeloupe. La jeune femme de 29 ans a survolé sa finale, remportant deux de ses trois duels et traçant la voie vers la victoire finale. Marie-Florence Candassamy, qui n'a pas réussi à s'illustrer le long de ce face-à-face tendu, a laissé sa place à la remplaçante martiniquaise Alexandra Louis-Marie pour son dernier combat. La seule fois où elle sera montée sur les pistes lors de ces JO. L'Italie repasse alors brièvement devant la France. C'est Auriane Mallo-Breton qui tentera d'apporter le salut aux Françaises. Elle reprend le dessus. Mais l'Italie marque le point de la victoire devant un public en ébullition.
On a mené quasiment tout le match, on n'a pas su enfoncer le clou. Ça se joue plus là que sur la mort subite. À la mort subite, ça se joue à pile ou face, voilà... C'était pas pour nous, mais je suis quand même très contente de cette médaille.
Coraline Vitalis, vice-championne olympique
Même en argent, Marie-Florence Candassamy, Auriane Mallo-Breton, Coraline Vitalis et Alexandra Marie-Louis rejoignent Laura Flessel sur le sommet de l'Olympe de l'escrime féminin. Le relais est passé. Aux épéistes françaises désormais de défendre leur titre le plus longtemps possible.