Un bilan 2022 en demi-teinte et des projections incertaines pour 2023. Ce 20 avril, l'Institut d'Émission des Départements d'Outre-Mer (IEDOM-IEOM) a relayé son bilan 2022 et ses perspectives économiques pour l'année en cours. Entre autre, le nouveau président de l'Institut Ivan Odonnat se veut rassurant concernant une future baisse de l'inflation. "Si on regarde sur la France entière et sur ce qu'on sait aujourd'hui, on devrait atteindre un pic d'inflation d'ici la fin de l'année, explique-t-il. On peut être confiant pour une décrue des prix et pour ne pas rentrer dans une situation extrême."
Pour le président de l'IEDOM-IEOM, l'inflation des prix autour de la consommation devrait être à 2 % pour 2024-2025. D'ici au pic prévu en fin d'année, les prix devraient continuer à augmenter.
Incertitudes
Selon Stéphane Foucault (le directeur de l'IEDOM-IEOM) et Ivan Odonnat, les anticipations du côté des chefs d'entreprises en Outre-mer sont mitigées au niveau de l'activité et de l'investissement. En Guyane tout particulièrement, ils s'attendent à une forte baisse de l'activité économique, ainsi que pour les investissements dans les entreprises du territoire. "Nous sommes réservés pour la Guyane. C'est probablement le territoire d'Outre-mer qui a le plus directement subi les conséquences de la guerre en Ukraine, notamment à travers le retrait des Russes du centre spatial", détaille Ivan Odonnat.
Au niveau des ménages ultramarins, la cherté de la vie et les revenus insuffisants forment toujours une problématique majeure. Les écarts de prix entre les territoires d'Outre-mer et l'Hexagone sont importants, symptomatique de la vie chère Outre-mer. Les derniers chiffres datent de 2015, mais une nouvelle étude devrait paraître dans les prochaines semaines sur l'écart des prix. "L'enjeu est de garder la maîtrise des prix", synthétise le Président de l'IEDOM-IEOM.
Deux défis
Pour les patrons de la Banque centrale des Outre-mer, la transition énergétique et climatique est une "opportunité à exploiter", surtout en développant les biocarburants pour les voitures, comme pour les avions. "Ça l'est encore plus [une opportunité, ndlr] pour les territoires en développement", précise Ivan Odonnat.
"La Guyane et la Polynésie ont déjà fait un bout de chemin en matière de mix des énergies renouvelables", confirme le président de l'IEDOM. "Il y a des investissements qui peuvent être fait, qui sont même déjà en cours sur ces deux territoires", rajoute-t-il. En Guyane, la centrale biomasse de Petit-Saut a déjà reçu un investissement de 200 millions d'euros. En Polynésie, la mise en service du Sea Water Air Conditioning a recueilli 20 millions d'euros.
Le deuxième défi concerne les infrastructures maritimes, en vue d'une meilleure connexion avec les routes maritimes mondiales et au moment où s'effondrent les prix du fret maritime. Selon Ivan Odonnat, les Antilles et La Réunion ne sont "pas mal positionnées" : "Il faut renforcer les investissements sur ce point, c'est un atout pour l'attractivité des Outre-mer, un axe important", appuie-t-il.
À La Réunion, deux portiques à conteneurs devraient voir le jour grâce aux investissements en cours. Pour Mayotte, la réhabilitation d'un quai et l'installation de trois grues pourront contribuer à une meilleure attractivité sur l'île.
Avec une telle situation économique en Outre-mer, l'avenir s'annonce complexe dans chacun des territoires.