Les sorcières de Sarcelles est une adaptation de Bertrand Chauvet, professeur de théâtre, de l'œuvre de Maryse Condé "Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem". Assisté de Fatou Injai, il a, durant une année scolaire, travaillé avec des élèves de seconde du lycée de la Tourelle à Sarcelles. Avec comme finalité à ce projet : une représentation devant Maryse Condé.
Ce documentaire tourné, en immersion, au sein de cette troupe d'apprentis comédiens, fonctionne comme le roman d'initiation auquel il rend hommage, avec ses personnages, son intrigue et son arène.
Regardez en intégralité le documentaire Les sorcières de Sarcelles
À l’origine du roman : le procès des sorcières de Salem
Tituba est le fruit du viol de sa mère, l'esclave Abena, par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier. Née à la Barbade, elle est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l'entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu'a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu'à l'amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s'arrête l'histoire.
En 1987, Maryse Condé publie son roman Moi Tituba sorcière... Noire de Salem.
Loin de se contenter de retracer le parcours de la victime oubliée d’un procès historique, le roman de Maryse Condé donne corps et voix à une héroïne aux prises avec sa condition de femme, de Noire et d’esclave. Son héroïne s’adresse directement à nous, elle nous parle de notre passé, mais aussi de notre présent, de notre avenir.
Maryse Condé la réhabilite, l'arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d'esclaves.
Une libre adaptation
En participant à un atelier théâtral autour de ce personnage, les adolescents, par définition en pleine construction individuelle, peuvent s’essayer à la construction collective tout en menant une réflexion sur la tolérance et en déployant une poétique qui leur est propre. Et dans le même temps, apprendre à se connaître et à s'affirmer, à penser le monde et à révéler ses propres histoires.
L’objectif est en effet de rejouer une page de l’Histoire tout en s’appropriant la langue de Maryse Condé. Un écho d’autant plus fort à Sarcelles, ville souvent citée pour son multiculturalisme, mais qui souffre d’une réputation difficile et d’un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale. Les plus jeunes de ses habitants ont parfois le sentiment d’être voués à l’incompréhension, à l’exclusion, à la stigmatisation, à l’invisibilisation. Et faire exister Tituba sur la scène, c’est au contraire conquérir le droit d’être soi-même, oser accéder à la lumière, rompre avec la fatalité. Comme elle, les élèves du lycée de la Tourelle vont mûrir, se transformer et tenter de s’émanciper au fil du récit.
Écriture et réalisation : Camille Hamet et Serean Robin
Production : Day for Night avec la participation de France Télévisions
Durée : 52 min
2022
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