Christopher Gygès a répondu à Yvan Avril, lors du journal télévisé du dimanche 17 juillet. Membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie chargé du développement des énergies renouvelables et porte-parole de la confédération loyaliste Ensemble, il s'est exprimé sur de nombreuses questions liées à l'actualité environnementale et politique locale.
Les faits-divers du week-end
Christopher Gygès adresse "une pensée pour les familles" des deux Wallisiens tués à Angers, souhaite que l'auteur présumé soit jugé "extrêmement sévèrement" et évoque une loi que Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, doit présenter devant le Parlement pour "expulser les étrangers qui font ce genre d'acte sur le territoire national". S'exprimant suite au féminicide commis vendredi, il reconnaît que l'action des pouvoirs publics n'est pas encore suffisante et appelle à la responsabilité individuelle. "Quand nous voyons un ou une collègue dont le comportement change, il faut alerter. Il faut tirer le signal d'alarme."
Décarboner l'industrie minière et métallurgique
Le 24 mai, le gouvernement, la Société le nickel (SLN), Prony Resources et Enercal ont signé un accord-cadre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pour la mise en production de 1 000 mégawatt-crète supplémentaires d'énergies renouvelables dans les 10 ans à venir. Christopher Gygès souligne ce travail et souhaite que Koniambo nickel SAS s'associe à la démarche.
Nous avons fait un pas qui est extrêmement important, avec une volonté d'aller à 70% d'énergies renouvelables, pour la SLN et pour Prony Resources. Nous sommes actuellement à 80% d'énergies fossiles. C'est une vraie révolution énergétique et cela répond à plusieurs enjeux
Le membre du gouvernement en charge de la transition énergétique insiste sur l'intérêt de réduire la dépendance du territoire vis-à-vis des importations d'énergies fossiles, notamment "pour faire baisser la facture". Il rappelle l'objectif du Schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC 2.0) : "l'enjeu environnemental est de réduire de -70 % les émissions de gaz à effet de serre. C'est un enjeu transpartisan sur lequel nous pouvons véritablement avancer."
Au passage, Christopher Gygès confirme que l'usine électrique flottante de la SLN, qui a quitté la Turquie samedi, sera bien une centrale accostée temporaire et que les délais administratifs afin de construire des fermes photovoltaïques sont désormais réduits d'un an "à un mois ou deux."
Développer une filière hydrogène
Alors que le gouvernement veut positionner la Nouvelle-Calédonie sur le marché de l'hydrogène et développer une filière locale de production, l'élu a été interrogé par un internaute sur la viabilité de ce projet. "Une filière hydrogène est possible en Nouvelle-Calédonie. Nous avons de grandes fermes photovoltaïques qui pourront produire de l'hydrogène vert", développe-t-il. Après une première réunion, la semaine passée, avec des acteurs privés, Christopher Gygès mentionne aussi le projet pilote de la ville de Bourail de constituer une flotte de véhicules à l'hydrogène.
Un comité des signataires plutôt qu'une visite ministérielle
Faisant état de sa "fierté" après la nomination de Sonia Backès comme secrétaire d'Etat en charge de la Citoyenneté, Christopher Gygès s'est ensuite exprimé en tant que porte-parole d'Ensemble. Il approuve la tenue d'un comité des signataires, début septembre, à Paris, à la place du déplacement prévu en Nouvelle-Calédonie de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer et de Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer. "Je crois que c'est une bonne chose. Ce comité des signataires et cela a été dit par le ministre, il vient clôturer l'accord de Nouméa. C'est dans le bon ordre des choses avant d'entamer les discussions. Il fallait clôturer cela."
Nous nous satisfaisons des paroles du ministre qui dit que les discussions s'engageront sur un avenir de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française
L'élu loyaliste attend que le dégel du corps électoral "qui est pour nous un point fondamental" soit abordé lors de ce rendez-vous.
Les bilatérales voulues par les indépendantistes
Alors que l'Union calédonienne a stipulé qu'elle n'irait pas à Paris et répète sa préférence pour des discussions bilatérales avec l'Etat, Christopher Gygès désapprouve cette approche, dans le camp des indépendantistes. "Ils ne pourront pas faire sans l'autre composante de l'accord de Nouméa que sont les loyalistes, qui sont majoritaires en Nouvelle-Calédonie."
Les indépendantistes doivent revenir à la raison, arrêter les boycotts et arrêter de considérer qu'il y a une partie de la population qui n'existe pas
Christopher Gygès salue, a contrario, le vœu adopté le 6 juillet par l'assemblée de la province des Iles et porté par Jacques Lalié, son président, pour que "l’ouverture du dialogue entre les parties prenantes (…) et la poursuite du processus de décolonisation soient enclenchées immédiatement."
Faire chuter le 17e gouvernement présidé par Louis Mapou
"A partir du 17 août, nous pouvons faire tomber le gouvernement. Très clairement, nous y sommes prêts", prévient le porte-parole d'Ensemble, qui souhaite que le Congrès ou le gouvernement soit dirigé par un élu loyaliste "pour rétablir un équilibre démocratique, puisque les loyalistes sont majoritaires". Des candidatures uniques sont envisagées.
"Nous voulons accompagner cette chute du gouvernement autour d'un projet", poursuit Christopher Gygès, qui énumère la lutte contre l'inflation, l'amélioration du pouvoir d'achat, la hausse des salaires et la maîtrise des dépenses publiques comme autant de priorités. Pour faire chuter le gouvernement, la confédération des loyalistes doit réunir une majorité et obtenir le soutien du Rassemblement et de L'Eveil océanien. Des discussions ont débuté avec ces formations.
Retrouvez l'intégralité de cet entretien conduit par Yvan Avril :