Le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco justifie l’opération Wuambushu à Mayotte

Kaweni
La semaine prochaine devrait commencer l’opération Wuambushu dans le département français de Mayotte. Jean-François Carenco, le ministre en charge des Outre-mer, a tenté de justifier la manœuvre du gouvernement devant le Sénat.

Orchestrée par le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin, l’opération Wuambushu, qui doit débuter dans les prochains jours à Mayotte, fait parler depuis que Le Canard enchaîné a dévoilé cette vaste opération en février. Pour rappel, Wuambushu vise à déloger des milliers de migrants en situations irrégulières en provenance des Comores, mais aussi la destruction de nombreux bidonvilles. Interpelé la semaine dernière par la sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis, Eliane Assassi, Jean-François Carenco, le ministre délégué chargé des Outre-mer, a voulu minimiser l’affaire.

Les opérations qui seront menées à Mayotte s’inscrivent dans la continuité du plan interministériel Shikandra, qui s’est engagé pour répondre à un besoin de sécurité exprimé par tous les Mahorais. Ils ont droit à la sécurité comme tous les citoyens de la République et aujourd’hui, ils ne l’ont pas.

Jean-François Carenco, au Sénat

Le ministre a précisé au passage que l'opération "vise en premier lieu à interpeller ceux qui contribuent à terroriser la population, en engageant des meurtres, des rançonnages, ou encore la prise à partie des bus scolaires jusqu’à couper la main des jeunes". "Il nous faut réagir", a-t-il conclu.

Les renforts de police déjà sur place

L’opération Wuambushu, qui doit se tenir sur plusieurs mois, va mobiliser plusieurs escadrons de police et de gendarmerie. Preuve, s’il en faut, que le début de l’opération est proche, plusieurs centaines de fonctionnaires de police ont pris le chemin de l’île de l’océan Indien cette semaine. Certains policiers et gendarmes sont déjà mobilisés dans les bidonvilles de l’île, en attente des instructions. Selon certaines sources, l’opération Wuambushu devrait démarrer entre le 22 et le 24 avril. À noter que certaines familles vivant dans les zones de l’opération ont déjà reçu un avis d’expulsion.

Malgré le fait qu’elle soit majoritairement soutenue par les habitants et les parlementaires de l’île, certaines associations de défense des droits de l'homme sont montées au créneau. C’est notamment le cas de la Cimade (une association d’aide aux migrants et réfugiés) mais aussi de la Ligue des droits de l’homme (LDH).

Dimanche dernier, une manifestation pour protester contre cette opération s'est tenue à Paris, à l'appel du Collectif Stop Uwambushu à Mayotte (CSUM). Des centaines de personnes étaient présentes. De son côté, lundi, en marge de la présentation de son rapport annuel, la Défenseure des droits Claire Hédon a affiché ses inquiétudes sur cette opération. "L’opération Wuambushu, qui va se passer dans les prochains jours, m’inquiète. […] Nous serons très attentifs sur ce qui va se passer là-bas", a-t-elle précisé au micro d’Outre-Mer La 1ère. L’argument premier de leurs inquiétudes s’articule autour de la présence de nombreux enfants dans les quartiers visés.

Retrouvez le reportage de Gervais Nitcheu sur l’opération Wuambushu.

Wuambushu : le ministre délégué aux Outre-mer justice l'opération