Que lire cet été ? La sélection de BD de la rédaction de La 1ère 📚

Profiter de ses journées ou soirées en compagnie d’une bonne bande dessinée. C’est un programme simple, mais qui a le mérite de permettre l’évasion à moindre coût (surtout si vous avez une bonne médiathèque à proximité) et sans émettre de gaz à effet de serre. La lecture est un moyen de voyager écologique. Qu’on se le dise ! Alors la 1ère a imaginé une sélection de bandes dessinées qui parlent des Outre-mer et qui, en plus, sont passionnantes. Embarquement immédiat !

Le sang des cerises de François Bourgeon (Delcourt)

En matière de voyage, c’est un expert. François Bourgeon a le don de plonger ses lecteurs dans le passé. Grâce à ces passagers du vent parus dans les années 80, le public avait enfin un récit illustré sur l’histoire du commerce triangulaire. Avec Le sang des cerises (Livre 2), l’auteur qui donne toujours la parole à des femmes aux caractères bien trempées, nous emmène d’abord en plein cœur de Paris, au moment de la commune. La répression est terrible. Les femmes sont emprisonnées, jugées à la va-vite et pour certaines envoyées au bagne en Nouvelle-Calédonie. Clara qui ne veut plus se faire appeler Zabo en raison de l’horreur pendant la commune embarque de La Rochelle pour Nouméa. A bord, avec elle, Louise Michel. Une fois en Nouvelle-Calédonie, Zabo assiste aux révoltes kanak. Un récit passionnant.

Hmong de Vicky Lyfoung (Delcourt/Encrages)

Dans ce roman graphique, Vicky Lyfoung a décidé de retracer l’histoire des Hmong, un peuple méconnu. Née en 1990 en région parisienne, elle a appris tardivement les traumatismes vécus par sa famille Hmong. Son récit très instructif fourmille d’informations. En Guyane, un millier de Hmong sont arrivés en 1977. Ces réfugiés fuyaient le régime communiste du Laos. Ils étaient accusés d’avoir collaboré d’abord avec les colons français puis avec les Américains. Connus pour être des cultivateurs hors pair, le gouvernement français les a envoyés en Guyane dans l’idée de peupler le département et de développer l’agriculture.

Wake, l’histoire cachée des femmes meneuses de révoltes d’esclaves (Cambourakis)

Difficile de donner vie à des esclaves qui n’ont ni noms, ni portraits. L’historienne et universitaire américaine Rebecca Hall s’attaque dans Wake, l’histoire cachée des femmes meneuses de révoltes d’esclaves, à cette délicate mission. Le dessinateur Hugo Martinez retrace son combat de chercheuse et d’historienne dans les méandres des bibliothèques ou des archives où on lui ferme parfois la porte au nez sans égard. Grâce à ses illustrations, de nombreuses femmes esclaves prennent vie. Elles ne sont plus des anonymes, mais des femmes qui ne renoncent pas à leur liberté. C’est la force de cette bande dessinée qui montre à quel point les esclaves étaient nombreuses à se révolter.

Un billet pour l’exil d’Emmelyne Octavie (Marabulles)

Cette bande dessinée est vivement conseillée par Agnès Cornélie, libraire spécialiste des littératures des Outre-mer, qui vient régulièrement nous conseiller des livres à découvrir et à lire. Regardez ci-dessous pourquoi elle a tant aimé Un billet pour l’exil :

Comme un oiseau dans un bocal de Lou lubie (Delcourt)

Lou Lubie est une autrice réunionnaise très talentueuse. Sa précédente BD Et à la fin, ils meurent s’amusait à détourner les contes de fée avec un humour noir désopilant. Cette fois-ci, elle s’attaque à un tout autre sujet : les surdoués. Laissons la parole à Lou Lubie. "En discutant avec mes amis surdoués adultes, je me suis rendu compte qu’ils le cachent, qu’ils vont parfois jusqu’à mentir pour ne pas être perçu en tant que HPI. Je me suis demandé pourquoi : quel stéréotype fuient-ils ? Qu’est-ce que ça veut vraiment dire, être surdoué ? Un de mes amis m’a confié son histoire, et c’est au travers du personnage de Birdo que j’ai voulu dresser son portrait et celui du Haut Potentiel Intellectuel."

Le monde du silence gueule ! (Marabulles)

Ils ont en marre de se taire. Les habitants des mers se rebellent contre l’exploitation des océans par l’homme. Julia Duchaussoy est comédienne et plongeuse passionnée. En 2022, elle écrit et crée la pièce de théâtre Le monde du silence gueule ! pour le festival d’Avignon. Avec Sébastien Salingue, ils ont décidé d’en faire une bande dessinée très instructive sur ce qu’endure le monde marin.

  Jeunesse

Pacotille d’Aurélie Bambuck-Corbeyran-Berlion-Favrelle T2 (Jungle)

Native du royaume du Congo au XVIIe siècle, Nzinga est capturée par des hommes à la peau claire venus de la mer. Arrachée à la terre de ses ancêtres et séparée de sa maman, Nzinga rejoint la cale du navire remplie d’esclaves. Elle perd son nom pour celui de Pacotille, une marchandise de peu de valeur. Après une traversée infernale, elle est en vendue comme esclave en Martinique. Cette bande dessinée pour enfant est librement adaptée de faits historiques avérés. Elle ne sombre jamais dans le désespoir et peut être confiée dans les mains de tous les enfants ou adolescents. 

La drôle de guerre de Papi et Lucien de Téhem T2 (Auzou)

En mars, 1941, Papi et Lucien sont coincés à Londres en plein blitz. La ville est sans arrêt bombardée par les Allemands. Le général de Gaulle leur confie une mission : rejoindre Brazzaville au Congo où le Guyanais Félix Eboué, gouverneur de l’Afrique équatoriale française, organise et met en place une armée de la France libre. Cette BD pour enfant a le mérite-en plus d’être drôle- de mettre la lumière sur un personnage, Félix Eboué, injustement oublié de l’histoire. Elle est signée Téhem, auteur bien connu à La Réunion pour avoir créé le personnage de Tiburce.