Il y aura bel et bien un bulletin portant le nom de Christiane Taubira lors du premier tour de l'élection présidentielle le 10 avril 2022. Mais, après avoir nourri l'espoir d'une candidature capable de rassembler la gauche, les autres candidats déjà en lice ont douché les espoirs de l'ex-ministre guyanaise. Pas un seul prétendant à l'Élysée ne s'est pour le moment rangé derrière celle qui est arrivée en tête de la Primaire populaire, dimanche 30 janvier. Or, sans union, la gauche est vouée à l'échec.
C'est Yannick Jadot, candidat d'Europe Écologie Les Verts (EELV) à la présidentielle, qui a réagi le premier à la victoire de Christiane Taubira dimanche soir. Interrogé sur ce qu'il avait à répondre à la vue des résultats de cette primaire à laquelle il est arrivé deuxième, mais n'avait pas souhaité participer, le candidat a rétorqué un simple : "Rien".
C'est une candidature de plus, je crois que c'est exactement l'inverse de ce que souhaitait la Primaire populaire.
Le camp écologiste a fait bloc derrière son candidat. Sandrine Rousseau, présidente du conseil politique de M. Jadot, tweetait un peu plus tôt de manière désespérée :
Donc … la situation à gauche se complique. #Fatigue
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) January 30, 2022
Avant de proposer avec humour (ou sarcasme) que François Hollande devrait également déclarer sa candidature à la présidence.
Je propose que Hollande se déclare maintenant.
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) January 30, 2022
Au lendemain de sa victoire à la Primaire populaire, Christiane Taubira a répondu aux critiques en assurant qu'elle avait été désignée démocratiquement par les électeurs de la primaire, sous-entendant qu'elle n'a désormais aucune raison de renoncer au poste de présidente de la République.
🗣 Primaire populaire ➡️ “C’est le plus large socle de légitimité en termes de désignation, c’est une volonté de rassemblement donc ça change la donne” estime Christiane Taubira. “Le fait, c’est que près d’un demi-million de personnes ont décidé d’intervenir dans la campagne.” pic.twitter.com/FY2NzC1N8A
— franceinfo (@franceinfo) January 31, 2022
Pas de fuite socialiste
Même son de cloche chez Anne Hidalgo, qui avait un temps soutenu la démarche d'une primaire de la gauche, mais s'était vite ravisée face au refus des autres candidats de se soumettre aux résultats du vote. La maire de Paris a regretté sur France 5 voir l'émergence d'"une candidate de plus". "Ça aurait pu être un moment de rassemblement de la gauche pour une candidature unique, c'est une candidature de plus", a-t-elle exprimé.
Le camp socialiste, qui craignait que la victoire de Christiane Taubira n'entraîne la fuite de nombreux soutiens vers l'ancienne députée ultramarine, a été légèrement secoué par les résultats de la Primaire populaire. Le maire de Marseille, Benoît Payan, a assuré au quotidien Libération qu'il apporterait son parrainage à Mme Taubira. En revanche, la lilloise Martine Aubry a indiqué sur les réseaux sociaux lundi matin qu'elle parrainait la candidate socialiste.
Je donne mon parrainage à la candidate du pouvoir d’achat, des services publics, qui sait allier la transition écologique et la solidarité #Anne_Hidalgo #Hidalgo2022 pic.twitter.com/AQHoFBQrB5
— Martine Aubry (@MartineAubry) January 31, 2022
Également invité sur France 5, Jean-Luc Mélenchon a assuré qu'il répondrait à l'appel de Mme Taubira si elle le contactait, sans pour autant ouvrir la porte à un ralliement derrière l'ex-Garde des Sceaux de François Hollande. Le plus important pour le candidat insoumis, c'est d'"amener des gens aux urnes". "Expliquons-nous, comparons, voyons. Une démocratie, c'est fait de ça, et c'est bien", a-t-il assuré.
"Christiane #Taubira a enfilé la chaussure qui avait été préparée pour elle. Je ne suis pas concerné. J'ai été inscrit d'office dans une élection à laquelle je ne voulais pas participer. C'est leur affaire."
— C dans l'air (@Cdanslair) January 31, 2022
Jean-Luc #Melenchon#cdanslair #Presidentielle #PrimairePop #JLM pic.twitter.com/bMiusGjAcO
Manon Aubry, chef de file de La France insoumise au Parlement européen estime qu'il faut passer à la prochaine phase de la campagne présidentielle, alors que la gauche peine à imposer ses idées dans le débat national.
Je comprends le désir d'unité mais soyons sérieux : allons faire campagne, convaincre et donner envie aux gens de se mobiliser pour un projet de rupture.
Fabien Roussel, également candidat à l'élection présidentielle représentant la gauche communiste, a, lui aussi, rejeté le retrait de sa candidature en faveur de la femme politique guyanaise, estimant qu'elle n'avait pour le moment pas de programme pour la France.
Fabien Roussel (@Fabien_Roussel): "Je ne me rallierai pas derrière Christiane Taubira qui n'a pour l'instant pas de programme" pic.twitter.com/nuzODdqVsl
— BFMTV (@BFMTV) January 31, 2022
Christiane Taubira peut néanmoins compter sur le soutien de certaines personnalités de gauche, comme celui de son concurrent à la Primaire populaire, Pierre Larrouturou, qui dès dimanche soir, a appelé au rassemblement. La Guyanaise a par ailleurs reçu les félicitations de l'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, lauréat du Prix Renaudot en 2006 et auteur du documentaire Noir en France diffusé en janvier sur France 2.