Coronavirus : quelle est la capacité des hôpitaux dans les départements d'Outre-mer ?

Les Outre-mer ne sont pas épargnés par la pandémie de Covid-19. Le nombre de malades augmente chaque jour davantage. Dans l’Hexagone, les hôpitaux des régions les plus touchées par l'épidémie sont en tension. Qu’en est-il de la situation pour les hôpitaux des DROM ?
De jour en jour, le nombre de cas de coronavirus ne cesse d'augmenter dans les Outre-mer. Les premiers cas sont apparus plus tard que dans l'Hexagone et le pic épidémique n'aura donc pas lieu en même temps. La situation est très différente selon les territoires. Mais les hôpitaux des Outre-mer ont-ils la capacité à prendre en charge un nombre important de malades ?
 

L'avertissement de Jérôme Salomon

Vendredi 20 mars, le Directeur Général de la Santé, Jérôme Salomon a adressé un message très clair à ce sujet, lors de son intervention quotidienne. Il a demandé aux Ultramarins qui rentraient dans leurs territoires de renoncer à ce retour ou d'observer une quatorzaine stricte, pour ne pas risquer de contaminer d'autres personnes : 

Ce sera vraiment difficile de prendre en charge de façon optimale un nombre important de malades dans ces territoires
Jérôme Salomon, DGS


Combien de lits d'hôpitaux ? 

Outre-mer la 1ère vous propose de découvrir les chiffres fournis par une étude officielle, menée en 2019, et publiée par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (DREES) pour le ministère des Solidarités et de la Santé. Cette étude porte sur les établissements de santé en France hexagonale et dans les départements et régions d'Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion et Mayotte). Parmi les nombreuses statistiques, figure le nombre de lits d'hôpitaux, dans chaque département, pour 10.000 habitants.
La situation de Mayotte est donc la plus défavorable avec quatre fois moins de lits par habitants que la moyenne nationale. Le rapport de la DREES commente ainsi ces données : 

La Martinique a une capacité et une activité hospitalières comparables à celles de la métropole. À l’opposé, en Guyane, à La Réunion et plus encore à Mayotte, les capacités d’accueil, rapportées à la population, sont nettement moins élevées et moins variées.
Rapport 2019 de la DREES


Un extrait du rapport est consultable ici :

Rapport DREES 2019 hôpitaux Outre-mer

 

Et les places en réanimation ?

Les cas les plus graves de coronavirus nécessitent des hôspitalisations en service de réanimation, avec des respirateurs. Il est difficile d'obtenir des données précises sur ce type d'équipements dans les Outre-mer. Ces derniers jours, depuis la propagation du coronavirus, les Agences Régionales de Santé ont pris des dispositions pour augmenter, là où cela est possible, la capacité d'accueil en réanimation. 

►A Mayotte, selon les informations de Mayotte la 1ère, le service réanimation dispose de 16 places

►En Guyane, d'après l'enquête de Guyane la 1ère, ce sont désormais 38 lits de réanimation qui sont disponibles sur l'ensemble du département. 30 sont situés à Cayenne, et 8 à Saint-Laurent du Maroni.

►En Guadeloupe, contacté par Outre-mer la 1ère, un responsable du CHU explique que pour l'heure il existe 12 lits dédiés aux malades du Covid-19 et que l'objectif est de monter en puissance pour atteindre 65 lits. "Au regard de ce qui se passe dans le Grand Est de la France où l'épidémie est très étendue, rapporté à la population guadeloupéenne, ces 65 lits devraient être adaptés à la situation", estime ce responsable. La situation en Guadeloupe est d'autant plus préoccupante que le CHU a subi un incendie en novembre 2017. 

►En Martinique, comme l'explique Martinique la 1ère, le directeur du CHU annonce disposer d'une centaine de respirateurs : "Majoritairement tous les respirateurs sont en CHU. On en a plus d'une centaine de différents types pour répondre aux besoins de la population. La clinique Saint-Paul a un parc d'un petit plus de 10 respirateurs. On fait la différence entre deux types de respirateurs, qu'on utilise en réanimation et au bloc opératoire. Ceux-là sont un petit moins performant que ceux utilisés en réanimation, mais ils peuvent tout à fait les remplacer", explique Benjamin Garel. 

►A La Réunion, comme le rapporte Réunion la 1ère, l'Agence Régionale de Santé expliquait mardi 24 mars disposer de 111 lits de réanimation. L'ARS assure que très rapidement cette capacité sera augmentée de 50 lits et s'est fixée pour objectif d'atteindre un total de 230 lits de réanimation.
 

Envoi de bâtiments militaires

Pour éviter une saturation des hôpitaux des Outre-mer, Emmanuel Macron a annoncé mercredi 25 mars depuis Mulhouse l'envoi de deux bâtiments de la Marine Nationale dans le cadre de "l'opération Résilience". Le Mistral est déployé immédiatement dans la zone océan Indien (Mayotte et La Réunion), tandis que le Bixmude partira début avril aux Antilles-Guyane. 
Emmanuel Macron annonce l'envoi de deux navires militaires pour apporter une aide sanitaire dans l'Océan Indien et aux Antilles Guyane

Certains élus préconisaient cette solution. Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, avait ainsi réclamé le week-end dernier l'envoi d'un bateau-hôpital de l'armée française pour renforcer le dispositif sanitaire du département. 

Des professionnels inquiets

Face à l'épidémie de coronavirus, les professionnels de santé avaient sonné l'alarme dans les Outre-mer. Dans l'Hexagone, en cas de saturation des hôpitaux, les régions les plus touchées par le coronavirus peuvent transférer des malades vers des établissements situés dans d'autres régions. Cela s'est fait dans la région Est, très touchée depuis le début de l'épidémie. Mais dans les Outre-mer, du fait de l'éloignement, ce système de transfert de patients est difficilement envisageable.