Émeutes en Nouvelle-Calédonie : le leader de la CCAT Christian Tein interrogé à Lyon

Christian Tein, responsable de la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain), photo du 14 juin 2024 en Nouvelle-Calédonie..
Incarcéré à Mulhouse depuis la fin du mois de juin, le militant indépendantiste kanak était questionné par une juge venue de Nouvelle-Calédonie sur son rôle dans les émeutes qui ont frappé le territoire il y a quelques mois.

Le leader kanak de la Cellule de coordination des actions de terrains (CCAT) Christian Tein, détenu dans l'Hexagone pour son rôle présumé dans les troubles en Nouvelle-Calédonie, est interrogé jeudi à Lyon par une juge de Nouméa en charge du dossier, dont le travail "à charge et à décharge" a ensuite été salué par son avocat.

Débutée dans la matinée, la "longue" audition de Christian Tein, selon Me François Roux, réalisée dans le cadre de l'instruction, a duré jusqu'en fin d'après-midi. Elle s'est "plutôt bien passée", selon lui : "Nous avons la chance d'avoir une magistrate qui fait son travail à charge comme à décharge", a-t-il rapporté à l'AFP. "Christian Tein est considéré comme étant le 'chef' (...) donc la juge évidemment était intéressée de l'entendre, de savoir, notamment, dans le cadre de ses fonctions, s'il était plus responsable que les autres", a indiqué son conseil.

Christian Tein, incarcéré depuis fin juin à Mulhouse (Haut-Rhin) et récemment désigné président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), est soupçonné d'avoir orchestré les troubles contre la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie et a été mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime.

"Une affaire politique", dénonce son avocat

Le militant kanak est l'un des cinq indépendantistes actuellement placés en détention provisoire dans diverses prisons de la France hexagonale pour leur rôle supposé dans les émeutes qui ont éclaté sur le "Caillou" en mai.

Interpellé le 19 juin, il avait été mis en examen le 23 juin et transféré dans l'Hexagone le soir même, par un vol affrété spécialement. Sept militants avaient été emprisonnés dans un premier temps : depuis, deux détenues ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire tout en étant assignées à résidence à Clermont-Ferrand et à Montpellier.

Avocat de plusieurs de ces militants, dont Christian Tein et Joël Tjibaou, fils du leader assassiné en 1989 Jean-Marie Tjibaou, Me François Roux a estimé qu'il s'agissait "clairement d'une affaire politique". "Pour nous, le droit français n'est pas compétent pour juger nos clients, que nous considérons comme des prisonniers politiques au sens du droit international", a-t-il rappelé à la sortie jeudi de l'audition de son client.

Brenda Wanabo-Ipeze et l'avocat François Roux, le 20 septembre 2024, lors d'un rassemblement en soutien aux militants de la CCAT entendus à la cour de justice de Lyon.

Une vingtaine de personnes était rassemblée devant le tribunal judiciaire de Lyon en soutien au leader du CCAT, brandissant des drapeaux kanak, a constaté une journaliste de l'AFP. "Leur place est dehors ! Pas derrière les barreaux. Ce sont juste des militants pacifiques, on leur colle des étiquettes qui ne sont pas vraies", a fustigé auprès de l'AFP Jacky Vama, 40 ans, dans l'Hexagone depuis 22 ans et dont le frère Guillaume fait partie des militants incarcérés.

Selon la compagne de Christian Tein, Olga Nassele, également présente à Lyon, "sa place n'est pas là, il faut qu'il rentre au pays". Elle a dénoncé des conditions de détention "pas humaines".

Article mis à jour à 18h20 après l'audition de Christian Tein