Il va flotter un air de Paris à Bâle en Suisse à l’occasion des championnats d’Europe d’escrime. Placée à moins de 40 jours avant le début des Jeux Olympiques 2024, cette épreuve continentale va permettre à l'équipe de France de se tester, mais aussi aux tireurs en individuel d'assurer l'essentiel. "On va aller prendre de l’expérience, et des points importants pour le tableau des Jeux", souffle le Guadeloupéen Enzo Lefort. Jamais titré en individuel sur cette épreuve – l'année dernière, il avait chuté en finale contre l'Italien Filipo Macchi – le fleurettiste de 32 ans ne se laissera pas griser en cas de mauvais résultat." J'ai déjà vu des gars performer aux championnats d’Europe et se rater lors des JO et inversement. Avec mon expérience, je sais que dans ce sport, il n’y a pas de règles, tout peut se passer, tempère-t-il. Je vais sur ces championnats pour faire le meilleur résultat que possible en individuel comme en équipe". En grand chercheur d'or, Enzo Lefort se parerait bien d'une nouvelle médaille lors de cette épreuve afin d'asseoir un peu plus sa dominination dans son arme.
Ysaora Thibus part en campagne Européenne
Lors du média day organisé par la fédération française d'escrime la semaine dernière à L'INSEP (L'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) à Paris, elle était au centre de toutes les curiosités. Cinq mois après sa dernière compétition officielle – Coupe du monde de Paris début janvier – , Ysaora Thibus est de retour. Déterminée comme à son habitude, la Guadeloupéenne mettait du cœur à l'ouvrage lors de ses échanges à l'entraînement avec sa compatriote Anita Blaze. Suspendue provisoirement après un contrôle positive l'Ostarine, la fleurettiste de 32 ans est restée longtemps sur la touche. Tellement, que la championne du monde 2022 est redescendue très bas dans le classement mondial, 33e, loin de ses standards habituels. Animée par une envie de revanche depuis l'annonce de sa non-suspension, elle revient sur le circuit avec l'envie d'en découdre et prouver à tous ceux qui l'avaient enterré que le lion qui sommeil en elle n'est pas mort.
Pas encore sélectionnée pour les Jeux de Paris, – la sélection des fleurettistes sera connue début juillet – Anita Blaze est dans le même état d'esprit qu'Ysaora Thibus. En individuel, la Guadeloupéenne va essayer de marquer des points à l'approche de la liste officielle pour les JO et pourquoi pas aussi remporter son premier tournoi majeur. En équipe, les fleurettistes sont vice-championnes d'Europe, elles auront donc à cœur d'essayer de faire trébucher la sélection Italienne, maître en la matière et favorite pour le rendez-vous de l'été.
Après la pluie vient la grisaille chez les épéistes masculins…
Hormis les fleurettistes femmes, toutes les autres sélections olympiques sont connues, de quoi libérer les athlètes avant l’épreuve continentale ? Pas vraiment. Chez les épéistes tricolores une crise peut en couver une autre. Après les tensions en interne entre certains athlètes dont le Guadeloupéen Yannick Borel et le manager de l'équipe Hugues Obry, c'est l'annonce de la sélection officielle pour les Jeux de Paris 2024 qui est venu semer la brouille. Non retenu dans le groupe, Alexandre Bardenet a saisi le CNOSF afin de contester sa non-sélection pour les Jeux – Il estime que son absence est due à des raisons extra-sportive.
Oui, mais voilà, son malheur fait le bonheur du Guadeloupéen Luidgi Midelton qui va vivre ses premières Olympiades. Et à la maison. Yannick Borel a beau répété que "tout va bien, l'ambiance est saine dans le groupe" difficile d'imaginer que cette arme est dans les meilleures conditions pour préparer le rendez-vous de l'été. Ces championnats d'Europe vont être un bon indicatif pour juger les forces et faiblesses de cette équipe en situation. "Ce qui se passe à côté je fais abstraction, je suis déjà tourné dans ma préparation Olympique. Je vais aller dans cette compétition [championnat d’Europe, NDLR] avec l’envie de gagner, mais mon objectif reste quand même d’aller décrocher les deux médailles lors des Jeux, en individuel et en équipe" annonce l'épéiste Luidgi Midelton.
Absent en 2023 pour cause de blessure, Yannick Borel n'avait pas pu défendre son titre. De retour cette année en pleine possession de ses moyens, le Guadeloupéen va arriver sur ces championnats d'Europe dans le but de peaufiner sa préparation pour les Jeux Olympiques. "J’ai encore quelques petites choses à régler, mais ça va. Les championnats d’Europe arrivent, mais l’objectif final ça reste les Jeux et j’en suis conscient."
Si je gagne les championnats d’Europe et je rate les jeux, tout le monde va se rappeler que de ça, donc je n’ai pas bouleversé ma préparation pour cette épreuve, au contraire, ça rentre dedans
Yannick Borel
Déjà titré quatre fois dans cette épreuve, l'épéiste de 35 ans ne se privera pas s'il peut remporter un cinquième titre, même si cela n'est pas son objectif premier en arrivant à Bâle. "Si je gagne, je le prendrai comme un bonus, mais si je veux vraiment marquer l’histoire, c’est au JO que ça va se passer".
… Chez les féminines, c’est le collectif avant tout
L’équipe de France d’épée féminine n’a pas les mêmes soucis que chez les hommes. Menée par un contingent d’Antillaise, la sélection s’avance en favorite sur ces championnats d’Europe. Avec deux titres à défendre, elles seront très attendues dans cette compétition continentale. Numéro 2 mondial et championne du monde en titre l'Antillaise Marie-Florence Candassamy sera la meneuse de fil de cette arme. "Je suis sereine avant cette épreuve. On s'entraîne dur, donc ça aide l'équipe à rester concentré sur les objectifs à venir" assure-t-elle. Les objectifs qui se présentent devant les bleues sont nombreux, dont la défense de leur titre par équipe. Elles pourraient remporter leur cinquième sacre d'affilée. Mais comme dans les autres équipes de France, les Jeux Olympiques restent dans toutes les têtes." On est focalisée sur les Jeux, mais on va sur ces championnats d'Europe pour trouver nos automatismes. Cette saison, on n'a pas eu beaucoup d'occasions de se retrouver en équipe à cause des blessures", raconte Coraline Vitalis.
Retenue pour être remplaçante lors des Jeux de Paris 2024, la Martiniquaise Alexandra Louis-Marie vient sur ces championnats dans l’idée de défendre son titre acquis l'année dernière. "J’aborde cette épreuve sereinement, concentré, je pense déjà aux jeux, mais j’ai quand même mes titres à défendre", prévient-elle. Désordonnée mais sûre de ses forces, l'équipe de France pourrait s'octroyer une belle moisson de médaille sur ces championnats d'Europe, histoire de s'offrir une belle bouffée d'oxygène après cette année compliquée à plus d'un étage. Puis viendra le temps de se mettre à l'heure Olympique et de pointer l'arme vers le Grand Palais.