Les 10 événements marquants du 1er semestre 2022 en Guyane

Des inondations exceptionnelles, deux députés de gauche et l'ASC Tour en demi finale de la coupe de France
L’actualité sociale et économique est préoccupante dans le monde entier, la Guyane n’échappe pas à ce phénomène de crise. Pour ce premier semestre 2022, de la politique aux faits divers en passant par le sport, on peut au moins retenir 10 faits qui ont marqué l’actualité guyanaise.
  • Politique

Deux élections majeures, celle du président de la République et les législatives ont trusté l’actualité. L’une et l’autre ont réservé leurs lots de surprises en Guyane.
Au mois d’avril entre le premier et le second tour de la présidentielle, les électeurs guyanais ont marqué leur défiance vis-à-vis du président Emmanuel Macron en votant d’abord pour le chef de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon 50,59% de voix puis au second tour pour Marine Le Pen, tête de file du Rassemblement National. Un grand écart idéologique qui s’expliquerait comme un opportunisme électoral d’un refus de la politique gouvernementale et de la gestion jugée catastrophique de la crise sanitaire.
Depuis le 18 juin, la Guyane a deux nouveaux députés Jean-Victor Castor et Davy Rimane, un résultat qui montre une fois de plus, le désir de changement de l’électorat qui choisit des élus issus du militantisme. Les deux députés unis portent un discours commun pour les intérêts de la Guyane qu’ils défendront de concert au sein du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale.

  • Insécurité

L’inquiétude est grande en Guyane face au phénomène de l’insécurité qui croit de manière exponentielle mettant la population et les autorités sous pression. Les événements dramatiques se sont multipliés d’est en ouest, notamment des meurtres à Saint-Georges, Saint-Laurent, Macouria, Kourou, Cayenne. Une vague de violence qui se solde par une vingtaine d’homicides et selon les chiffres présentés le 20 juin dernier en Préfecture, 3078 atteintes à l’intégrité physiques.
La montée de la violence dans les établissements scolaires, notamment à Saint-Laurent est notable.
Les élus ne cessent d’alerter. Le sénateur Patient appelle les autorités gouvernementales à un sursaut et préconise que la lutte contre la violence doit être érigée en grande cause nationale pour la Guyane.

  • Trafic de drogue

Véritable gangrène sociétale, le trafic de drogue en Guyane prend une ampleur inégalée. Pour le 1er trimestre 2022, 320 kg de drogue ont été saisis, quasiment tous les jours des mules sont interceptés à l’aéroport ou au poste routier d’Iracoubo avec des kilos de drogue, le plus souvent de la cocaïne dans leurs bagages ou in corpore. Le circuit Guyane/ France s’est intensifié et régulièrement des mules en provenance de Guyane sont interpelées dans différentes régions métropolitaines. Une filière de drogue qui semble dotée d’une capacité d’adaptation et de réaction face aux opérations anti-drogue des autorités policières et douanières.

  • Immigration

Le flux migratoire en Guyane est constant et poses des problèmes d’accueil quasi insolubles pour le moment. Cayenne est régulièrement le théâtre d’arrivées de demandeurs d’asile qui, faute d’hébergement, se retrouvent à la rue dans des conditions de vie innommables. La maire de Cayenne, Sandra Trochimara, excédée par cette situation, pas gérée, selon elle par les services de l’état, a mené une opération coup de poing le 9 juin pour que des solutions de logement soient trouvées par la Préfecture. Elle a obtenu gain de cause. Le même cas de figure s’était produit au mois d’avril, toujours à Cayenne.
Plus globalement, la crise migratoire entraine une situation de paupérisation au sein du territoire où pullulent de nombreuses d’habitats informels regroupant des milliers de personnes.

  • Vie chère

La question de la vie chère se pose de façon de plus en plus prégnante sur le territoire guyanais avec, notamment, la hausse constante du carburant depuis le début de l’année. La Guyane détient le triste record de l’essence la plus chère pour tout l‘Outremer. En juin, le litre de sans-plomb a franchi la barre fatidique des 2 euros et atteint pour ce mois de juillet 2,10 euros. De quoi, plus que jamais, s’interroger sur le sort des professionnels comme des particuliers dans une région où le transport public est défaillant voire inexistant. A cela s’ajoute l’augmentation des produits alimentaires comme des fournitures du BTP et ainsi de suite. De cascade en cascade et de secteur en secteur, la crise économique creuse son sillon et s’installe plus profondément dans une région où plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

  • Santé

Comme dans l’hexagone et dans tout l’outremer, la Guyane, désert médical reconnu depuis des décennies fait face au manque criant de soignants, d’infirmiers et plus particulièrement de médecins libéraux comme de praticiens hospitaliers. Une situation qui a contraint la direction du Centre hospitalier de l’ouest guyanais a fermé pour partie son service des urgences la nuit en le mettant sous le mode des urgences réservées.
S’agissant de la crise covid, la Guyane respire mieux. Plus de confinement, plus de restriction de circulation, plus de pass sanitaire depuis le 14 mars, plus de masques, réouverture normale des tous les établissements recevant du public. Si la crise covid a marqué le pas quelques mois, les contaminations ont bel et bien repris depuis 5 semaines. Sur les 7 derniers jours, on retiendra 1451 cas positifs sur 6461 tests réalisés, 35 patients hospitalisés, 2 en réanimation et un taux de positivé qui atteint 22,5 %. La vaccination continue de stagner. A peine 42% de la population présenterait un schéma vaccinal complet .

  • Energie

Dans le secteur de l’énergie, le feuilleton économique et judiciaire de la centrale du Larivot n’en finit pas. Depuis 2016, période à laquelle le site du Larivot a été choisi pour construire d’une nouvelle centrale électrique en remplacement de celle de Dégrad des Cannes qui doit fermer en 2023, les complications n’ont cessé de s’enchaîner. Lire ici le rappel des dates importantes de ce dossier.

A l’heure actuelle, le chantier est toujours au point mort soulevant des enjeux environnementaux et économiques préjudiciable à l’avenir énergétique de la Guyane.

  • Climat

Le premier semestre a été exceptionnel en matière de pluviométrie avec des épisodes record sur l’ensemble de la région. De janvier à mai, les fortes pluies ont engendré des inondations partout en Guyane, des routes ont été coupées durant plusieurs jours et les crues des fleuves et rivières ont isolé les populations riveraines.
Plusieurs maires ont demandé l’état de reconnaissance de catastrophe naturelle. A Rémire-Montjoly, le boulevard Bassière, important axe routier pour le dégorgement de l’île de Cayenne a dû être fermé en raison du risque important d’éboulement. Il ne devrait d’ailleurs pas être rouvert.
Les populations du Haut Maroni, notamment à Grand Santi, se sont trouvées en situation de grand dénuement. Des denrées alimentaires leur ont été acheminées par pirogues et hélicoptère.
Ces phénomènes climatiques s’annoncent récurrent et posent, entre autres problématiques celle du déplacement des villages fluviaux.
A Awala-Yalimapo, la montée des eaux de l’océan fait disparaître la plage et la question d’un repositionnement géographique pour les habitants du bourg est déjà à l’ordre du jour.

  • Faits divers

Les faits-divers ne cessent d’alimenter l’information mais le drame qui a touché la famille Mangal a particulièrement secoué la population guyanaise. Après plusieurs battues organisées par la famille Mangal, le corps de Benaya Mangal un adolescent de 16 ans a finalement été retrouvé le 1er juin dans un marais à proximité de la maison du domicile du jeune, un de ses amis, suspecté de l’avoir tué.
Porté disparu depuis le 22 mai, il était recherché depuis 10 jours.
Cet assassinat, particulièrement horrible, pose de multiples questions notamment sur les circonstances de la mort de Benaya, les mobiles de l’assassin présumé et emprisonné et qui devait faire l’objet d’une expertise psychiatrique.
Benaya Mangal a été inhumé à Mana le 9 juin en présence d’une foule nombreuse et son père, Daniel Mangal, a juré que justice serait faite pour son fils.

  • Sport

Dans ce domaine, la situation est plutôt encourageante pour le milieu sportif guyanais et cela dans de nombreuses disciplines. Qu’il s’agisse de football avec le Yana Dòkò en Gold Cup, de natation avec l’irrésistible ascension de la jeune Analia Pigré, championne de France du 50m dos, d’athlétisme pour ne citer que ces sports. Mais les deux événements sportif de ce semestre demeurent la qualification historique des basketteurs de l’ASC Tour jusqu’en demi-finale de la coupe de France de basket. Une chevauchée fantastique suivie avec enthousiasme par les supporters guyanais.
Dernier événement sportif à saluer, le titre du cycliste Dylan Will, sacré le 13 juin champion de France des Comités Régionaux d'Outre-Mer à la Réunion.