"J'aimerais qu'on parle de moi comme on parle d'Antoine Dupont", avoue Andy Timo, champion olympique de rugby à 7 avec l'équipe de France

Le Martiniquais Andy Timo avec sa médaille de champion Olympique de rugby à 7.
Héroïque lors de la victoire française en finale du tournoi olympique de rugby à 7, Andy Timo a repris le cours de sa vie de rugbyman au Stade Français. Le Martiniquais de 20 ans veut désormais s’imposer en Top 14 et être une référence de son sport.

Il y a des évènements qui changent la vie d’un homme : un mariage, une naissance, un nouveau contrat… Celle d’Andy Timo a basculé le 27 juillet lors de la victoire de l’équipe de France de rugby à 7 contre les Fidji. "C’était incroyable, mais c’est passé drôlement vite", souffle joyeusement le jeune joueur.

"Andy a été le meilleur joueur français lors de cette finale, il peut être fier de lui", estime Thomas Drouin, l’un des préparateurs physiques du Stade Français, le club de rugby de la capitale. Grand artisan du sacre des Bleus, le Martiniquais de 20 ans a rayonné au milieu de ses coéquipiers, devant un Stade de France transi de bonheur. 

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Quelques mois après ce sacre, le benjamin du groupe tricolore est encore sur son petit nuage. "Ma vie a complètement changé", lâche-t-il. Sollicité de toutes parts, le Martiniquais ne s’attendait pas à un tel engouement post-Jeux Olympiques. "Les gens me remarquent alors qu'avant, ils ne me connaissaient pas. Parfois, ça arrive qu’on m’arrête dans la rue pour prendre quelques photos, raconte-t-il. C'est assez impressionnant l’ampleur que ça a pris. L’impact de ces Jeux, c’est incroyable, ça m’ouvre d’autres portes. Je suis invité un peu partout, par d’autres équipes, sports, marques, ils m’accueillent dans leur monde… "

Il doit s’adapter au rugby à XV

Oui mais voilà, le retour à la réalité est parfois compliqué pour les sportifs, notamment quand ils sont jeunes. Andy Timo n’est pas une exception. Il a beau nous assurer qu’il a "gardé les pieds sur terre" après le titre et "repris assez rapidement l’entraînement", le Martiniquais doit s’adapter à son nouvel environnement et prendre ses marques rapidement. "Andy est un jeune joueur et je pense qu’il est encore sur son petit nuage avec ce titre olympique, commente Thomas Drouin. Le passage du rugby à 7 au XV n’est pas facile pour lui. Il faut qu’il s’intègre au groupe".

Depuis le début de la saison, la troisième ligne n’a pas encore eu l’occasion de s’exprimer en Top 14 sous la tunique rose et bleu du Stade Français. Il se contente pour l’heure de parfaire ses gammes avec l’équipe espoir du club parisien. Mais ce n’est que partie remise. Malgré ce sacre olympique, "mon statut n’a pas changé, je suis toujours le jeune nouveau. Je dois montrer que j’ai ma place dans cette équipe [l’équipe première du Stade Français, NDLR] et c’est à moi de me frayer un chemin pour m’imposer", lance-t-il. 

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Joueur athlétique et rapide, Andy Timo a toutes les qualités pour performer au rugby à 7. Mais pour percer au rugby à XV et marcher dans les pas d’illustres Antillais passés avant lui dans le club de la capitale (comme les Guadeloupéens Mathieu Bastareaud et Jonathan Danty) le Martiniquais doit évoluer sur certains points. "Andy, c'est un joueur qui est assez fit, il pèse entre 90 et 92 kilos, souligne son préparateur physique. Il n’avait pas voulu prendre trop de poids pour conserver ses qualités de vitesse pour le rugby à 7 mais il faut qu’il travaille pour durer et exister au rugby à XV où la dominante de collisions et combats à répéter est exigeante."

Bourreau de travail, Andy Timo veut progresser et atteindre les sommets. Il pense au XV de France et veut se faire un nom. "J'aimerais qu'on parle de moi comme on parle d'Antoine Dupont ou d'autres joueurs. Mais pour ça, il faut jouer déjà, il faut être exigeant, rigoureux sur pas mal d'aspects, que ce soit sur le terrain ou en dehors", avance-t-il d’un air déterminé.

Andy Timo en compagnie d'Antoine Dupont lors de la remise des médailles après leur victoire en finale du tournoi de rugby à 7.

Les Jeux de Los Angeles 2028 dans un coin de sa tête

Le troisième ligne de 20 ans veut s’imposer en club, mais l’équipe de France de rugby à 7 n’est jamais loin dans ses pensées. "Il y a une histoire d’amour entre le rugby à 7 et moi, donc ça ne peut pas s’arrêter comme ça", confie-t-il.

Dans quatre ans, le Martiniquais, qui avait choisi la voie du rugby à 7 par manque de temps de jeu dans le monde du XV, se verrait bien participer aux Jeux de Los Angeles. "J’aurais 24 ans à ce moment-là, donc pourquoi ne pas y penser", glisse-t-il. D’ailleurs, il compte participer cette saison à quelques rencontres de rugby "histoire de rester frais" et surtout de montrer qu'il a "toujours autant envie de jouer avec l’équipe de France de rugby à 7."

Je veux faire grandir cette équipe et je veux surtout aussi marquer l’histoire du rugby à 7.

Andy Timo

à Outre-mer la 1ère.

Avant de peut-être marquer un jour l’histoire de ce sport, Andy Timo écrit déjà la sienne. Accueilli en héros à son retour en Martinique après les Jeux, le jeune troisième ligne a été impressionné par l’attrait des Martiniquais pour sa discipline : "Je n’avais jamais vu autant de monde de ma vie à l’aéroport. C’était impressionnant, ça me donne encore plus envie de faire de grandes choses". Andy Timo a maintenant l’avenir devant lui et la Martinique pour le pousser, pour "marquer son histoire et écrire son aventure".