Fin du suspense. Après plusieurs jours de tractations, l'exécutif a enfin officialisé la composition du nouveau gouvernement emmené par Michel Barnier, samedi 21 septembre. Il aura fallu près de deux semaines au nouveau Premier ministre pour trouver les bons équilibres entre sa famille politique, Les Républicains, et l'ancienne majorité présidentielle, composée de Renaissance, du MoDem et d'Horizons.
Finalement, le gouvernement de Michel Barnier compte 39 ministres. Comme pressenti après la rencontre entre Emmanuel Macron et le locataire de Matignon de jeudi soir, le ministère des Outre-mer revient au président de la commission des Lois du Sénat et élu du Rhône, François-Noël Buffet. Il est par ailleurs directement rattaché à Matignon, après deux ans sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi, nommé secrétaire d'État en charge de la Francophonie et des Partenariats internationaux, est le seul Ultramarin à intégrer l'équipe ministérielle.
Un connaisseur de la Nouvelle-Calédonie
Avocat de formation, maire d'Oullins, une commune de la région lyonnaise de 1997 à 2017, et sénateur UMP (devenu depuis Les Républicains) depuis vingt ans, François-Noël Buffet peut se targuer d'une certaine légitimité à gérer les dossiers ultramarins. Car depuis deux ans, cette figure de la droite sénatoriale enchaîne les rapports sur divers sujets concernant les Outre-mer.
Après le dernier référendum d'autodétermination de décembre 2021 en Nouvelle-Calédonie, il a présidé une mission d'information sur l'avenir institutionnel du Caillou. Dans ce cadre, François-Noël Buffet s'est rendu une semaine sur le territoire. "Il faut (...) essayer de faire émerger une solution locale qui soit dans l’intérêt de tous, pour que tout le monde trouve sa place, indiquait-il alors à La 1ère en juin 2022. Même si le rôle de l’État est fondamental, il est tout aussi important que localement, l’ensemble des Calédoniens parviennent à trouver une solution acceptée et durable, qui permette de poursuivre un chemin commun."
Mais il sait que le chemin commun n'est pas pour demain. Car depuis l'examen de la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral au mois de mai, le Caillou s'enfonce dans une crise politique, économique et sociale sans précédent. Sa mission première sera d'apaiser les tensions. Mais pour cela, il devra se montrer clair sur ses positions. François-Noël Buffet, qui s'était de nouveau rendu dans la collectivité d'Outre-mer au mois de mars, avait voté en faveur du dégel du corps électoral.
En plus d'avoir travaillé sur la Nouvelle-Calédonie et l'épineux sujet de son avenir institutionnel, le désormais nouveau ministre des Outre-mer s'est aussi longuement (et récemment) penché sur l'insécurité à Mayotte, ou encore sur la situation des quatre territoires français de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy).
Un ministre régalien
Dernièrement, il s'est rendu en Polynésie avec ses collègues de la commission des Lois, dont il est président depuis 2020, dans le cadre d'une mission sur l'évolution institutionnelle des Outre-mer. Il a aussi participé aux travaux sur l'évolution du statut de la Corse. Ce qui laisse à supposer qu'il sera sensible aux revendications des Ultramarins sur ce sujet, enlisé depuis des années.
C'est un ministre très penché sur les questions d'immigration (on lui attribue en partie le durcissement de la loi immigration de décembre 2023) et conservateur sur les sujets de société (il s'était opposé au mariage pour tous en 2013, à l'extension de la PMA aux couples de femmes en 2021, ou encore à l'inscription de l'IVG dans la Constitution en 2024) qui va succéder à Marie Guévenoux rue Oudinot.
François-Noël Buffet hérite d'un ministère rattaché au Premier ministre après deux années passé sous tutelle du ministre de l'Intérieur. Le néo-ministre intègre néanmoins un gouvernement dont l'avenir est on ne peut plus incertain. Le Premier ministre Michel Barnier devra maintenant assurer la survie de son équipe gouvernementale devant le Parlement. Il tiendra son discours de politique générale le 1ᵉʳ octobre.