Démission du gouvernement : Marie Guévenoux, une ministre invisible aux ordres de Beauvau ?

Marie Guévenoux, au haut-commissariat à Nouméa, à la droite de son ministre de tutelle Gérald Darmanin
Alors qu'Emmanuel Macron vient officiellement d'accepter la démission du gouvernement, que restera-t-il de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux ? En un peu plus de cinq mois au poste, elle n'a su imprimer ni son style, ni ses ambitions et est restée dans l'ombre de Gérald Darmanin, ministre des Outre-mer de plein exercice.

Encore un nom qui s'ajoute à la longue liste des éphémères ministres des Outre-mer. Après Sébastien Lecornu, Yaël Braun-Pivet, Jean-François Carenco ou encore Philippe Vigier, Marie Guévenoux ne sera restée qu'un peu plus de cinq mois rue Oudinot. À son actif : aucune mesure d'envergure, mais plus de dix visites gouvernementales dans huit territoires d'Outre-mer. Ce maigre bilan s'explique-t-il par un manque de temps ou par la mainmise par Gérald Darmanin et l'Élysée sur les dossiers de taille, comme la crise en Nouvelle-Calédonie ?

Une politique qui n'imprime pas

En cinq mois, difficile pour cette professionnelle de la politique, issue de la branche droite du camp présidentiel, de marquer les esprits des Ultramarins. Apparue à de nombreuses reprises comme une ministre plus technique que politique, Marie Guévenoux n'est pas parvenue à convaincre. Pas réélue à son poste de députée lors des élections législatives, la francilienne perd donc tous ses mandats. Arrivée troisième au premier tour dans sa circonscription de l'Essonne, elle avait en effet retiré sa candidature entre les deux tours pour faire barrage au Rassemblement national.

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Difficile de se souvenir d'une mesure marquante à mettre à son actif pendant son passage au ministère chargé des Outre-mer. Même la feuille de route du CIOM (comité interministériel aux Outre-mer), défendue par son prédécesseur Philippe Vigier, semble avoir été rangée dans les tiroirs de l'Hôtel de Montmorin.

13 déplacements en 4 mois

S'il est une chose qu'on ne peut pas reprocher à Marie Guévenoux, c'est d'avoir fait des déplacements pour tenter d'appréhender ces terrains qui lui étaient inconnus. Entre le 11 février – deux jours après avoir pris ses fonctions – et le 23 mai, elle a parcouru près de 400.000 km en avion autour de la planète. La Réunion, la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique ont eu droit à une visite ministérielle. Marie Guévenoux a même fait un crochet par Saint-Barthélemy après avoir présidé la 17ᵉ Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane (CCRAG) à Saint-Martin.

La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, lors d'une présentation des effectifs mobilisés pour la lutte contre l'immigration clandestine

Mais ce sont les Calédoniens et les Mahorais qui ont le plus vu leur ministre : quatre fois pour Mayotte et deux pour la Nouvelle-Calédonie. Les deux territoires ont en effet été en proie à de nombreux événements violents depuis le début de l'année. Lors de la plupart de ces déplacements, Marie Guévenoux est néanmoins apparue davantage comme une exécutante mettant en marche les plans décidés plus haut. 

Retrait des dossiers Mayotte et Nouvelle-Calédonie

Entre les barrages et l'opération Wuambushu 2 à Mayotte et la crise politique qui a secoué la Nouvelle-Calédonie après l'adoption du projet de loi sur le dégel du corps électoral : Marie Guévenoux s'est tout de même retrouvé face à deux dossiers brûlants. Dossiers finalement repris par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, et l'Élysée : d'abord en annonçant la suppression du droit du sol pour calmer la situation explosive à Mayotte, puis lors des tensions en Nouvelle-Calédonie. Dès sa prise de pouvoir en février, elle avait indiqué vouloir s'attaquer aux problèmes liés à "la vie chère, la sécurité, l'immigration, l'accès aux soins, l'environnement et l'accès à une eau saine". La rapidité de son passage au ministère ne lui aura pas donné le temps de s'y pencher. 

Gérald Darmanin et Marie Guevenoux

Depuis les résultats des élections législatives, c'est une véritable crise d'autorité qui semble s'opérer entre Gérald Darmanin et Marie Guévenoux. L'ancien ministre de l'Intérieur, réélu député à Tourcoing, entend bien peser dans la nouvelle ex-majorité présidentielle. Dès le lendemain des législatives, il a organisé un déjeuner au ministère de l'Intérieur avec des députés proches pour voir à quoi pourrait ressembler le nouveau visage d'une majorité qui se cherche encore. Marie Guévenoux n'y était pas conviée. Elle s'en serait vexée au point de jeter un climat glacial avec ses propres équipes rue Oudinot. La carrière politique de l'ex-ministre semble battre de l'aile.