Trafic aérien en 2020 : quand l’Aviation civile revient sur une année historique

La direction de l’Aviation civile en Nouvelle-Calédonie a publié son rapport d’activité pour l’exercice 2020. L’occasion de poser des chiffres sur une année désastreuse pour le secteur aérien.

Assurer la sécurité et la régularité du transport aérien ? La mission confiée à la direction de l’Aviation civile a pris une tournure particulière, quand le Caillou a été mis sous cloche. Le rapport consacré aux actions de la DAC l’an passé est traversé par le "contexte inattendu" de cette année sous pandémie.

"Comme partout à travers le monde, la crise sanitaire de la Covid-19 a impacté de façon historique le trafic aérien en Nouvelle-Calédonie en 2020", écrit le directeur, Jean-Claude Gouhot, en ajoutant que "la reprise attendue en 2021 est régulièrement repoussée". Alors que le ciel calédonien restera fermé au moins jusqu’à fin décembre, voici ce qu’on peut retenir de ce rapport. 

  • Janvier endeuillé par le crash de Lifou


L'année 2020 commence par un coup de tonnerre qui n'a rien à voir avec le début de la crise Covid. Dans la nuit du 3 au 4 janvier, un monomoteur privé s'écrase dans la tribu de Hnathalo. Le crash du Mooney M20J fait quatre morts, dont trois contrôleurs de l'Aviation civile sur les cinq en poste à Lifou. Dix mois plus tard, le rapport d'enquête confirme la piste de l'erreur humaine. Parmi les facteurs évoqués : la consommation d’alcool et la faible expérience du pilote en vol de nuit. 

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La crise Covid s'installe en mars


A partir de mars 2020, la Calédonie est rattrapée par la crise sanitaire déjà mondiale : renforcement des mesures de prévention à l'aéroport international, entrée du virus par un vol Sydney-Nouméa, fermeture des frontières et premier confinement, avant le long rapatriement des résidents bloqués hors du Caillou. 

  • Le trafic international en chute libre


Evolution du trafic aérien international en 2020.

Les compagnies qui opèrent à l'international voient leur programme de vols réguliers suspendu par le gouvernement calédonien. "Après six années de hausse consécutive, dont une progression générale de 4,8 % en 2019, le trafic international s’est effondré", résume le rapport de la DAC. Avec des vols réduits à la portion congrue, le nombre de passagers en provenance et à destination de la Calédonie chute de 70 % entre 2019 et 2020. Il passe de 566 830 personnes à 166 216.

  • Une poignée de vols maintenus 


Par dérogation, Aircalin n'opère que deux à trois rotations hebdomadaires vers Tokyo. La compagnie maintient aussi deux dessertes par semaine vers Sydney, dédiées à l’acheminement de fret et aux évacuations sanitaires. Air Calédonie international garantit par ailleurs une continuité territoriale avec Wallis et Futuna, à raison d’une à trois desserte(s) hebdomadaire(s). Le trafic vers Wallis, destination alors Covid free, augmente de 3,3 %. 

  • Le fret résiste un peu mieux


Entre 2019 et 2020, le volume total de marchandises traitées à Tontouta subit une diminution moins violente que le trafic passagers : - 20,5 %. Soit quatre mille tonnes de fret, "compte-tenu du besoin de maintenir un cordon d’approvisionnement extérieur".

  • Un tiers de trafic domestique en moins


L'évolution du trafic aérien intérieur en 2020.

Cette même année 2020, le trafic aérien domestique est mis à mal par l'absence de touristes extérieurs, qui ne parvient pas à être compensée par l'afflux de clientèle locale. Et aussi par le confinement. Le nombre de passagers sur les lignes intérieures recule de 28,7% : 346 400 passagers au lieu de 487 500. Le fret intérieur perd quand à lui 23 %. Dans le détail, Aircal enregistre une baisse de trafic de 30%. Elle affecte surtout la destination île des Pins (- 36%). Air Loyauté s'avère moins touchée, avec un recul de 14,7% du nombre de passagers sur son réseau.  

Carte des liaisons aériennes domestiques en 2020.
  • Des appareils plus modernes 


L'actualité de l’aérien calédonien en 2020, c'est aussi la modernisation des appareils. Aircalin poursuit le renouvellement de sa flotte. "Deux Airbus A330neo neufs sont désormais en exploitation (en remplacement des A330-200) et un Airbus A320neo est venu remplacer un A320 d’ancienne génération", rappelle le rapport de l'Aviation civile. En revanche, la livraison du second A320neo est décalée à 2023.

En mars, Air Loyauté obtient un certificat de transporteur aérien - et une dérogation pour la desserte de Belep, due aux conditions d’exploitation particulières. Air Alizé renforce quant à elle sa flotte et son effectif de pilotes, après avoir obtenu le marché des évasans domestiques. Toujours en mars, elle intègre un nouveau Beechcraft 200 en configuration médicalisée.

  • Le cadre doit s'adapter


Parmi les conséquences de la pandémie sur le trafic aérien, il y a le défi de maintenir le niveau de sécurité du transport aérien. Le cadre réglementaire est ajusté et des solutions dérogatoires sont trouvées pour maintenir les compétences des personnels navigants. Petit exemple de contrainte : les simulateurs de vol requis pour les entraînements des pilotes et le contrôle de leurs aptitudes sont tous hors territoire. 

  • Retour des avions à Touho

A la mi-2020, la desserte aérienne de Touho reprend. La ligne entre Nouméa et la commune de la côte Est n’était plus financée depuis le 31 décembre 2019. Mais à partir de juillet, Aircal assure des vols triangulaires via Koné. Un nouvel arrêté d’homologation permet désormais le posé d’ATR 72 à l’aérodrome de Touho.

Celui de Poum est par contre fermé à la circulation aérienne publique, et transformé en plate-forme ULM. Les certificats de sécurité aéroportuaire sont renouvelés pour les aérodromes d’Ouloup, à Ouvéa, et de La Roche, à Maré. A noter que sept aérodromes à usage privé sont fermés, tandis qu’un nouveau est ouvert.

  • Vers une nouvelle aérogare à Lifou

Côté travaux, on retient le chantier à l’aéroport drehu de Wanaham. "Les travaux sont en cours, l’aérogare passagers devrait être mise en service fin 2021 et le bâtiment consacré au fret en 2022", assure le rapport d’activité de la DAC. Si on considère le montant global de l'opération (1,7 milliard), son financement est assuré à 63 % par la Nouvelle-Calédonie et à presque 37 % par l’État.

A Magenta, réaménagement des salles d’arrivée et de départ, qui s’est poursuivi en 2021. Coût : 150 millions.  

  • Les exploitants d’ULM évalués

Le cœur et la mangrove de Voh vus d'ULM, en janvier 2021.


L’Aviation civile supervise aussi les ultra-légers motorisés. "Les premières visites d’évaluation des exploitants d’ULM à des fins commerciales (baptêmes de l’air, circuits touristiques) ont été mises en œuvre autour d’axes permettant de contribuer à l’amélioration des conditions de sécurité de ces activités", relate son rapport 2020. "Quatre des exploitants commerciaux ayant le plus grand volume d’activité en Nouvelle-Calédonie ont été évalués et des recommandations, dont la prise en compte effective a été suivie, ont été formulées". Une réunion des usagers ULM a aussi eu lieu à Koné, en septembre.

  • Les drones ont le vent en poupe


C’est un autre genre d’appareils : "La progression en Nouvelle-Calédonie de l’exploitation de drones a été très soutenue en 2020", relate encore la DAC. "Un accompagnement a été mis en œuvre auprès des usagers professionnels et de loisir afin de renforcer la prise de conscience des enjeux importants de sécurité et des exigences techniques que leur activité induit." Douze exploitants ont été inspectés. Et en juillet 2020, l’application pour smartphone NC Drones est mise à disposition du public. Elle permet aux télépilotes de connaître les zones de restrictions de vol grâce à la géolocalisation.

  • La continuité territoriale change d’instructeur

A partir de février 2020, les aides au transport aérien délivrées par l’Etat ne sont plus instruites par l’Aviation civile à travers son bureau d’aide au passage aérien. Mais elles sont transférées au groupement Cadres avenir. Ça concerne la continuité territoriale vers la Métropole et le passeport mobilité pour les étudiants.

  • La continuité pays évolue aussi

Fin 2020, c’est le dispositif de continuité pays aérienne entre la Grande terre et les îles qui est modifié. Les bénéficiaires peuvent désormais acheter des allers simples, au lieu d’être obligés de prendre des allers-retours au départ de leur commune de résidence. Puis le montant restant à la charge de l’usager arrête d’être fixe, il dépend maintenant de la tarification du vol.

L’aide aux passagers et au transport de fret représente 399 millions de francs. Un dispositif financé par la Nouvelle-Calédonie via l’Adanc, l’agence pour la desserte aérienne, et par la province Îles pour 23 %. 78 600 coupons sont commercialisés dans ce cadre (c’est - 17 % comparé à 2019) : 67 600 sur les lignes des Loyauté et 11 000 pour l’île des Pins.

  • Une direction, deux financeurs

Rappelons que l’Aviation civile dépend à la fois de la Nouvelle-Calédonie et de l’Etat. Au 31 décembre 2020, elle comptait 237 postes, répartis entre son siège à Nouméa, l’aérodrome de Magenta, l’aéroport de Tontouta, l’aérodrome de Lifou et celui de Koné. Dont 21 contrôleurs aériens qualifiés à Tontouta. Et quatorze à Magenta ainsi que deux encadrants.

Le rapport d'activité 2020 de l'Aviation civile est à lire ici :