L'épopée The Ocean CleanUp
Ce projet un peu fou est né en 2012 du cerveau d’un jeune hollandais dénommé Boyan Slat. Ce scientifique a décidé d’arrêter ses études d’aéronautique en 2013. Pour mener à bien son projet, il a créé une fondation dénommée The Ocean CleanUp. Très vite, un ingénieur martiniquais, Bruno Saint-Rose, que La1ère a rencontré, s’est embarqué dans l’aventure.
Un charisme extraordinaire
Boyan Slat doté d’un charisme extraordinaire est parvenu à force d’opérations de communication très réussies à lever des fonds, en particulier dans la Silicon Valley. En 2015, selon Time Magazine, il aurait récolté 40 millions de dollars pour mettre au point son système de nettoyage des océans.
Prototype au large de la Californie
Après plusieurs tests menés à l’Institut maritime néerlandais puis en mer du nord, The Ocean CleanUp a décidé de passer aux choses sérieuses en installant un prototype au large de la Californie. Boyan Slat a toujours eu pour objectif de nettoyer le fameux 7e continent. Ce vortex rempli de déchets plastiques, grand comme six fois la France, a été découvert en 1997 par l’explorateur américain Charles Moore. Il est situé entre la Californie et les îles Hawaï.Départ de San Francisco
Le 9 septembre 2019, Boyan Slat voyait enfin son projet se concrétiser. Le Maersk Launcher quittait sous un soleil splendide la baie de San Francisco traînant derrière lui un flotteur long de 600 mètres dont la mission était simple, mais incroyable : nettoyer la moitié du vortex du Pacifique nord en 5 ans !
La grande zone d'ordures
Le système a d’abord été testé pendant deux semaines à 450 km au large des côtes californiennes. Puis le 16 octobre, le prototype a été installé à environ 2 000 km de San Francisco au milieu du vortex découvert par Moore dénommé aussi "la grande zone d’ordures du Pacifique" (Great Pacific Garbage Patch en Anglais).This week, we deployed System 001 in the Great Pacific Garbage Patch. In the upcoming months, we are hoping to confirm its plastic capturing efficiency and survivability; thus proving our technology. Read more in our latest update. https://t.co/c7D3x6Db3k
— The Ocean Cleanup (@TheOceanCleanup) 19 octobre 2018
Avarie en mer
Un peu moins de trois mois après son installation, le 31 décembre, The Ocean CleanUp a révélé dans un communiqué que le système avait une avarie.Le samedi 29 décembre, lors d'une inspection régulière du système de nettoyage, notre équipe en mer a découvert qu'une section d'extrémité de 18 mètres s'était détachée du reste du système. Bien qu'il soit trop tôt pour confirmer la cause du dysfonctionnement, nous émettons l'hypothèse que la fatigue du matériau (provoquée par environ 106 cycles de charge), combinée à une concentration de contraintes locale, a provoqué une rupture du flotteur.
-Communiqué de The Ocean CleanUp
Réparation sur terre
La fondation précise qu’"aucun matériau n'ayant été perdu, aucun risque pour la sécurité de l'équipage, de l'environnement ou du trafic maritime n'a été enregistré". The Ocean CleanUp a choisi de réparer le système à terre plutôt qu’en mer notamment parce que "la communication par satellite du système de nettoyage" a également été endommagée.La "casse" était envisagée
Aux Pays-Bas, au siège de The Ocean CleanUp, l’équipe qui entoure Boyan Slat avait envisagé que le système pouvait avoir des ratés. Bruno Sainte-Rose avait ainsi déclaré à La1ère, le 12 septembre dernier, qu’il y avait bien sûr un risque de "casse" :Il est possible que l’on ait des surprises, bonnes ou mauvaises. C’est une première. Les premiers concepts d'avions se sont cassés. On apprend en faisant.
-Bruno Saint-Rose-Ingénieur à The Ocean CleanUp
L'aventure se poursuit
Malgré les critiques, et elles sont nombreuses, la fondation néerlandaise compte poursuivre l’aventure, une fois les problèmes réglés.Le nettoyage du Great Pacific Garbage Patch sera opérationnel en 2019. Le fait que le système de nettoyage s'oriente dans le vent, suive les vagues et capte et concentre le plastique nous donne confiance dans la technologie.
Critiques
Pour Patrick Deixonne, le fondateur de l’Expédition 7e continent : "les solutions à la pollution plastique des océans sont à trouver à terre". Sur Facebook, Paul Watson, le fondateur de l’ONG Sea Sheperd dit la même chose. "Des nettoyages de plage à travers le monde collectent bien plus de plastiques chaque jour que cette chose n’a collecté en quatre semaines".
Objectif
En trois mois, le prototype mis en place par The Ocean CleanUp a collecté 2 000 kg de plastiques. La fondation espère qu’une fois opérationnel, le système pourra collecter 1 000 kg de déchets par semaine.