Qui sont les députés ultramarins élus au Parlement européen ?

De gauche à droite : Marie-Luce Brasier-Clain, Younous Omarjee et Rody Tolassy
Avec le score historique du Rassemblement National, deux députés ultramarins font leur entrée à Bruxelles et à Strasbourg : la Réunionnaise Marie-Lucie Brasier-Clain et le Guadeloupéen Rody Tolassy. Le député insoumis Younous Omarjee conserve son siège pour un troisième mandat.

Ils seront trois pour représenter les Outre-mer au Parlement européen. À l'issue des élections européennes, ce dimanche 9 juin, trois Ultramarins ont été élus eurodéputés pour un mandat de cinq ans. Par sa deuxième position sur la liste des Insoumis, l'eurodéputé Younous Omarjee avait sa place assurée. Il entame donc un quatrième mandat entre Strasbourg et Bruxelles. Issus de la société civile, mais fidèles du Rassemblement National, le Guadeloupéen Rody Tolassy et la Réunionnaise Marie-Luce Brasier-Clain siégeront pour la première fois au Parlement européen. 

  • Marie-Luce Brasier-Clain, eurodéputée Rassemblement National, originaire de La Réunion

La Réunionnaise Marie-Luce Brasier-Clain est élue au Parlement européen sur la liste du Rassemblement National.


Fidèle du Rassemblement National, Marie-Luce Brasier-Clain entame son premier mandat au Parlement européen, et par la même occasion, ses premiers pas en tant qu'élue. Un exercice pour lequel la Réunionnaise âgée de 64 ans se sent "prête à 100%", avance celle qui refuse d'être une "député européenne invisible". 

Marie-Luce Brasier-Clain existe dans le paysage politique de l'extrême-droite réunionnais depuis des années. Dès 1984, l'infirmière urgentiste intègre le Front National aux côtés de son mari. Ami personnel de Jean-Marie Le Pen, Maurice Brasier (décédé en 2022) a fondé l'antenne réunionnaise du parti lepéniste. 

Tandis que son mari se met doucement en retrait de la vie politique, Marie-Luce Brasier-Clain se présente pour diverses élections locales. Sa première participation aux Européennes remonte à 2014, où elle s'inscrit comme tête de liste du Front National pour les Outre-mer. En quatrième position derrière l'UMP, le PS et le Front de gauche, Marie-Luce Brasier-Clain n'est pas élue au Parlement européen. Tout comme en 2019, lorsque la Réunionnaise se place à la 60ᵉ position sur la liste européenne du RN.

Immigration et réforme de l'octroi de mer

Pour le scrutin de 2024, alors que les instances locales avaient suggéré la candidature de Joseph Rivière, délégué départemental du RN, c'est Marie-Luce Brasier-Clain qui remonte à la 12ᵉ position sur la liste de Jordan Bardella. Après une campagne menée sur les thèmes de l'immigration, du pouvoir d'achat, de la souveraineté de la France et du renforcement de l'accès au soin, l'infirmière à la retraite a été élue le 9 juin pour un mandat de cinq ans. 

L'élue entend travailler sur l'immigration, de crainte que La Réunion soit "impactée par une submersion migratoire au même titre que Mayotte, suivie d’une insécurité et d’un ensauvagement”. Mais Marie-Luce Brasier-Clain axe avant tout sa bataille politique sur la réforme de l'octroi de mer dans le but de "donner du pouvoir d'achat et de l'emploi aux Réunionnais". "Pour défendre (les) entreprises réunionnaises exposées à la concurrence déloyale", la nouvelle députée entend mettre un terme à la taxe, qu'elle considère comme "injuste".

"Les électeurs au travers des urnes ont envoyé un signal fort en direction de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, mais également en direction du président de la République Emmanuel Macron", s'est exprimée l'eurodéputée le lendemain de son élection, alors que le RN prépare ses candidats pour les législatives anticipées. 

  • Rody Tolassy, eurodéputé Rassemblement National, originaire de la Guadeloupe

Rody Tolassy, député européen, Rassemblement national


Avec les 31,36% de suffrages récoltés par le Rassemblement National aux élections européennes, 30 députés rejoignent les bancs du Parlement Européen. Ce score historique permet à un deuxième Ultramarin de siéger à Bruxelles et Strasbourg : le Guadeloupéen Rody Tolassy. Conseiller en gestion d'entreprise, le trentenaire est un fidèle soutien de Marine Le Pen depuis 2012, avant de devenir le délégué départemental du Rassemblement National en 2018.

Ce sont lors des élections législatives de 2022, toujours sous l'étiquette du Rassemblement National, que Rody Tolassy fait son entrée en politique. Contre toute attente, il arrive en tête au premier tour devant le député sortant Max Mathiasin dans la troisième circonscription de Guadeloupe.

Le conseiller en gestion est finalement battu de peu après avoir obtenu 47,88% des suffrages exprimés, face aux 52,12% des voix récoltées par son adversaire sans étiquette. La même année, le Guadeloupéen a été filmé en train de gifler une militante antiraciste opposée à la venue de Marine Le Pen dans l'archipel.

"Le choix du patriotisme"

Quelques minutes après l'annonce de sa nomination, Rody Tolassy a souligné sa "fierté" au micro de La 1ère : " Les Guadeloupéens ont fait le choix du patriotisme". Lors de sa campagne, le colistier de Jordan Bardella a concentré ses interventions sur les thématiques de souveraineté alimentaire et énergétique, développement économique et pouvoir d'achat.

Dès son accession au Parlement, l'élu prévoit de mettre en priorité sur la table le dossier de l'agriculture. "Il faut structurer les filières et avoir les outils modernes, il faut mettre les moyens importants parce que nous sommes Français", a martelé Rody Tolassy. 

  • Younous Omarjee, eurodéputé La France Insoumise, originaire de La Réunion

Younous Omarjee, Président de la Commission du Développement Régional


Younous Omarjee tranche par son expérience. Le Réunionnais est élu pour la troisième fois au Parlement européen. Il y siège depuis 2012, lorsqu'il a pris la succession d'Elie Hoarau après sa démission. En 2014, le Dionysien est réélu sous la liste "Union pour les Outre-mer", avant d'être reconduit également en 2019 lorsqu'il était quatrième sur la liste de la France Insoumise. 

Depuis cette date, Younous Omarjee est le président de la commission développement régional au Parlement européen. Le politicien formé à l'école du Parti Communiste Réunionnais est aussi vice-président de l'intergroupe Lutte contre le racisme et diversité, ou encore membre de l'intergroupe Bien-être et protection des animaux.

Lors de sa mandature, l'eurodéputé s'est fait remarquer pour deux dossiers en particulier : l'interdiction de la pêche électrique et la reconnaissance par le Parlement européen de l'esclavage comme crime contre l'humanité. Son implication est aussi soulignée, il serait présent à plus de 85% des sessions. En 2018, le Parliament Magazine (le Magazine du Parlement) l'a même érigé meilleur député européen de l'année. 

Programme social et pour la paix

Pour ce nouveau mandat, l'eurodéputé a retrouvé la liste des Insoumis, à la deuxième place cette fois. Sous la houlette de Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry, les colistiers de la France Insoumise ont défendu un programme social, pour la paix et pour "protéger les travailleurs les plus faibles". 

"Chacun a pu voir comment les crises géopolitiques ont eu un impact direct sur le porte-monnaie des Réunionnais, sur l'augmentation des factures de l'énergie, sur le logement, sur l'alimentaire. On fait une campagne pour la paix qui a un impact direct sur la vie des gens", a déclaré Younous Omarjee lors d'un meeting à Saint-Gilles.

Après sa réélection, le député européen a réitéré son engagement auprès de son électorat "pour travailler au Parlement Européen (...) sur des enjeux qui seront décisifs pour l’avenir de notre Région et l’avenir de tous les Réunionnais".