Covid-19 : comment l'épidémie a révélé les faiblesses mais aussi les forces des Outre-mer

Vécue de façon très différente d'un territoire à l'autre, l'épidémie de coronavirus a révélé des fragilités mais aussi des forces : système D, solidarité, innovation. Le magazine "Outre-mer, et si on bougeait les lignes ?" propose une radioscopie de la crise sanitaire à l'échelle des Outre-mer.
 
"J'allais à l'hôpital pour faire une radio et je me suis réveillé un mois plus tard", raconte Sony Clavier. En créole, les mots lui viennent plus facilement. Mais la Covid-19 a emporté des pans entiers de sa mémoire. C'est sa famille qui lui a appris qu'il avait même été transféré en Martinique car il n'y avait pas le matériel nécessaire pour le soigner en Guadeloupe. Frappé par l'épidémie en mars, ce malade guadeloupéen se remet difficilement.

J'ai eu plein de problèmes. La maladie a eu des conséquences sur ma vésicule biliaire que l'on a dû m'enlever... Une infection au niveau des os des pieds…Il a été question à un moment de couper mon pied entièrement. J'ai eu des infections aux reins, aux poumons… je suis un miraculé vraiment !


Regardez le témoignage de Sony Clavier, directeur des ressources humaines en Guadeloupe, touché par la Covid-19 :
     

Réinventer le tourisme

De l'autre côté du globe, à Nouméa, Wamy Kouriane fait monter ses passagers à bord de son minibus. Direction la tribu d'Unia dans la commune de Yaté pour visiter une ferme de cailles. La crise sanitaire a privé la Nouvelle-Calédonie de ses touristes étrangers. Pour autant, comme lui, les opérateurs touristiques n'ont pas dit leur dernier mot. "On n'y a pas échappé, on a perdu 50% de notre chiffre d'affaires, explique le responsable d'Oleti Tours. Il a fallu réadapter nos formules touristiques à notre clientèle locale." Des excursions originales pour découvrir ou redécouvrir le pays qui semblent enchanter les touristes du jour…
 
Wamy Kouriane, opérateur touristique en Nouvelle-Calédonie.
  

Solutions "péyi" et initiatives solidaires...

Comme partout dans le monde, la Covid-19 a bouleversé la vie des habitants Outre-mer. Mais d'un territoire à l'autre, cette épreuve a été vécue de façon très différente. Beaucoup redoutaient un "cyclone sanitaire" et la situation reste encore fragile sur le front épidémiologique en particulier à La Réunion, en Polynésie française ou aux Antilles. 
À court et plus long terme, les conséquences économiques et sociales de l'épidémie dans les Outre-mer inquiètent naturellement aussi les responsables politiques locaux ou nationaux. Mais si l'épidémie a révélé des vulnérabilités liées notamment à l'insularité, elle a aussi mis en lumière des forces.

Face à la pénurie et à l'urgence, courant mars, on a vu très vite émerger des solutions "péyi" comme ces masques faits main par des couturières bénévoles de Boulouparis en Nouvelle-Calédonie, cette usine de stores martiniquaise qui s'est lancée dans la confection de masques en tissu ou encore ces producteurs de rhum antillais qui se sont mis à fabriquer du gel hydro-alcoolique. Pragmatisme et réactivité encore avec cet ingénieux Réunionnais d'origine mahoraise qui a mis au point un système anti-Covid pour faire respecter la distanciation à l'intérieur des bus. Il espère aujourd'hui que son prototype sera bientôt commercialisé bien au-delà de l'océan Indien.
 

...à l'heure des réseaux sociaux

De vraies chaînes de solidarité se sont également mises en place à l'image de la communauté "Loka-Lité" en Guadeloupe. Le groupe d'entraide est né fin mars sur les réseaux sociaux. il réunit agriculteurs, producteurs, commerçants et clients désireux de consommer local durant le confinement. Un élan de générosité à l'origine de nombreuses initiatives positives !

Le petit monde du spectacle a applaudi enfin à la création de la plateforme digitale "Spektak" en julllet dernier. Elle a été créée par une société de production audiovisuelle guadeloupéenne pour valoriser les artistes caribéens, privés de scène ou de studio. Des contenus vidéo payants sur des concerts, des spectacles de danse, des pièces de théâtre ou encore des documentaires y sont désormais disponibles.
 
Les Outre-mer ont surtout été cités en exemple pour leur gestion du risque sanitaire. Treize chercheurs de différentes institutions se sont notamment penchés sur les effets du couvre-feu et des confinements locaux pris en Guyane. S'ils ont eu un lourd impact sur l'économie du territoire, ils se sont avérés plutôt utiles et pourraient servir de modèle pour déterminer les stratégies nationales dans les prochains mois.
 

Experts et acteurs de terrain

L'occasion de porter un autre regard sur cette épidémie et tenter de faire bouger les lignes… Autour de Karine Zabulon, présentatrice de l'émission, sur le plateau ou en duplex, des experts partageront leurs points de vue et leurs enseignements pour l'après-Covid : le Dr Cyril Rousseau, épidémiologiste en Guyane, Laurent Renouf, délégué général de la FEDOM, qui évoquera la situation économique des Outre-mer ou encore le Pr Louis Jehel, Chef du Département de Psychiatrie et Addictologie au CHU de Martinique, qui parlera notamment de ses initiatives en matière de soutien psychologique ou pour venir en aide aux salariés dans les entreprises.
 
Karine Zabulon, présentatrice de l'émission "Outre-mer, et si on bougeait les lignes ?".

Invités également à débattre : Dominique Voynet, ancienne ministre, médecin de formation et directrice de l'ARS Mayotte, Gaby Clavier, secrétaire général de l'Union des travailleurs de la santé UGTG en Guadeloupe, et Moa Latrille, cette jeune cheffe d'entreprise réunionnaise, co-fondatrice d'une start-up spécialisée dans la réalité virtuelle.
 
Les invités de l'émission Outre-mer, et si on bougeait les lignes ? De gauche à droite : C. Rousseau, L. Renouf, D. Voynet, M. Latrille, G. Clavier et L. Jehel.
 
L'émission sera diffusée prochainement sur les antennes des 1ère et sur le Portail des Outre-mer. Réagissez ou posez vos questions à redaction.outremer@francetv.fr