Ces championnats d’Europe d’escrime ne devaient être qu’un point de passage pour certains à l’aube des Jeux Olympiques, mais au final beaucoup d’enseignements ont pu être tirés. Tout d’abord, il y a eu la confirmation que Luidgi Midelton est bien plus qu’un faire-valoir. Le Guadeloupéen, sacré champion d’Europe à l’épée vendredi, a montré que sa sélection pour les jeux Olympique de Paris 2024 n’était pas volée. Sûr de lui et précis dans ses enchaînements, le bretteur de 25 ans a survolé de main de maître la compétition. Il avait annoncé avant le début de l’épreuve venir pour "la gagne" et il ne s’est pas manqué.
Deux jours plus tard, c’est en équipe – avec Romain Cannone, Paul Allègre et Alexandre Bardenet – qu’il s’illustre à nouveau en allant chercher le titre contre l’Italie – victoire 45-24 - la dernière victoire des épéistes tricolores dans cette compétition remontait à 2016, quelques semaines plus tard, ils allaient décrocher l’or sur l’épreuve Olympique à Rio. Espérons pour eux que L’histoire se répétera.
Mais tout n’a pas été rose pour les épéistes. Chef de fil de la délégation française, le Guadeloupéen Yannick Borel n’a pas pu prendre part aux épreuves. Souffrant d’une gêne musculaire, le numéro 6 mondial a préféré déclarer forfait plutôt que d’entériner ses chances de médailles sur les Jeux Olympiques de Paris. Du côté de l’encadrement de l’équipe, des regrets ont été formulés sur le temps pris par le Guadeloupéen pour annoncer sa blessure. " Avec un peu plus de bon sens ou d'écoute personnelle, Yannick aurait pu nous alerter", a regretté le directeur technique national Jean-Yves Robin. Le tireur de 35 ans, déjà forfait en 2023, est désormais tourné vers son objectif majeur de l’année.
Les épéistes un brin contrariées
Vues comme les grandes favorites de l’épreuve, les épéistes sont passées à côté de ces championnats d’Europe en individuel. L’Antillaise Marie-Florence Candassamy, leader de cette équipe, n’a pas su élever son niveau et tirer le groupe vers l’avant. En méforme depuis plusieurs mois, la tireuse a été éliminée en individuelle par sa coéquipière Auriane Mallo-Breton. La Guadeloupéenne Coraline Vitalis et la Martiniquaise Alexandra Louis-Marie n’ont pu faire mieux, elles sont aussi éliminées dès les premiers tours.
En équipe, les Françaises se sont un peu rassurées même si elles visaient l’or. Vendredi, elles ont décroché la médaille de bronze face à la Pologne, championne du monde en titre. Double tenante du titre, les épéistes laissent filer leur couronne à quelques semaines des Jeux de Paris.
Ysaora Thibus retour manquée
Elle était attendue sur ces championnats d’Europe d’escrime, cinq mois après sa dernière compétition – Elle était suspendue provisoirement pour dopage -. Mais terrassée par une blessure ligamentaire au genou, Ysaora Thibus a dû jeter l’éponge dès son deuxième combat contre la Grecque Maria Stamos. "Elle a eu une première alerte durant le premier match de poule lors d'une retraite [mouvement en arrière pour éviter une de se faire toucher par l'adversaire, NDLR]. Et puis, au début du second match de poule, sur une fente, elle a ressenti une deuxième douleur plus vive", décrivait Jean-Yves Robin, le directeur technique national.
On ne prendra que des mesures s'inscrivant dans un principe de précaution pour l'athlète par rapport aux Jeux. La priorité, c'est les JO"
Jean-Yves Robin, le directeur technique national.
En pleurs, la fleurettiste de 32 ans est sortie de cette compétition continentale par la petite porte. Maintenant, elle entre dans un nouveau contre-la-montre pour être prête à temps pour les jeux de Paris 2024.
Anita Blaze à terre aussi...
Décidément, ce 19 juin 2024, il ne faisait pas bon être fleurettistes. Quelques heures après Ysaora Thibus, c’est sa compatriote Anita Blaze qui avait dû, elle aussi, déclarer forfait pour le reste de la compétition. Sortie en fauteuil roulant après sa défaite en seizième de finale face à l'Autrichienne Olivia Wohlgemuth (11-15), la Guadeloupéenne de 32 ans a été touchée à de nombreuses reprises à la tête et a dû suivre un protocole de commotion. Sa participation aux JO est en suspens pour le moment.
Enzo Lefort et sa "faute professionnelle" qui coûte
Lancé dans sa quête d’or Olympique, Enzo Lefort voulait se servir de ces championnats d’Europe afin de "prendre de l’expérience et des points" en vue des Jeux. Jamais titré sur cette compétition, le Guadeloupéen a pris la porte dès son entrée en lice dans le tableau principal. Sorti par l’Espagnol Ignacio Breteau, 160ᵉ mondial, le fleurettiste a qualifié sa défaite de "faute professionnelle". Mais pas de quoi l’abattre, lui qui ne faisait pas de cette épreuve un objectif majeur.
En équipe, il s’est rattrapé et est allé décrocher le titre de champion d’Europe. En finale, les fleurettistes français ont surclassé les Hongrois 45-30. Enzo Lefort, double champion du monde en individuel, a tenu son rang lors de ses relais. Il n’a perdu qu’un seul de ses passages, c’était lors du quart de finale contre l’Autriche (45-38). À quelques semaines des Jeux Olympiques de Paris 2024, les fleurettistes français sont sur la bonne voie pour aller défendre leur titre acquis en 2021 à Tokyo.
Les championnats d’Europe maintenant dans le rétroviseur, les différentes armes françaises peuvent désormais se tourner vers les Jeux de Paris. Les épreuves olympiques d’escrimes se tiendront au Grand Palais du 27 juillet au 4 août.