La mission est de taille. Louis Mapou, président du gouvernement calédonien, et quatre de ses membres sont à Paris pour présenter au président de la République et au Premier ministre le plan de sauvegarde, de refonte et de reconstruction (PS2R) qu'ils ont élaboré pour sortir la Nouvelle-Calédonie de la crise. Ils espèrent obtenir un soutien financier conséquent de la part de l'État, alors que le Caillou connait une crise économique, sociale et politique depuis six mois.
Reçus par le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, vendredi 15 novembre dans l'après-midi, ils ont rendez-vous à l'Élysée en fin de journée avec Emmanuel Macron, puis lundi prochain avec Michel Barnier, le Premier ministre.
À l'issue de la séance de travail au ministère des Outre-mer, Louis Mapou a grand espoir de parvenir à ses fins. "Il y a une volonté du gouvernement de bien accompagner la Nouvelle-Calédonie pour la suite", souligne-t-il. Avec François-Noël Buffet, "on a essayé de convenir ensemble de comment nous pourrions travailler sur les sujets qui nous concernent".
L'objectif est que les deux gouvernements (celui qui siège à Nouméa, et celui qui siège à Paris) travaillent conjointement pour redresser la Nouvelle-Calédonie. La semaine prochaine, le président du gouvernement calédonien et ses membres rencontreront de nouveau le ministre des Outre-mer pour, entre autres, "définir le niveau des besoins que nous pourrions avoir en 2025". Mais aussi sur le plus long-terme : "pour réussir, il faut qu'on nous donne de la visibilité sur trois ans", dit Louis Mapou.
L'État mobilisé pour la Nouvelle-Calédonie
Depuis la nomination du nouveau gouvernement, fin septembre, la prise en main du dossier calédonien semble s'accélérer. Il y a quelques semaines, une délégation transpartisane était déjà venue dans l'Hexagone à la rencontre des acteurs politiques nationaux pour réclamer le soutien de l'État dans la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie. Ils en étaient repartis relativement satisfaits des annonces du Premier ministre lors de son discours de politique générale (report des élections provinciales, nomination à venir d'un délégué interministériel consacré au dossier calédonien...).
Le nouveau ministre des Outre-mer François-Noël Buffet s'était ensuite rendu sur le Caillou pour relancer le dialogue sur l'avenir du territoire, mais aussi parler reconstruction économique. Ce week-end, c'était au tour de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du président du Sénat, Gérard Larcher, de faire le déplacement pour assurer les Calédoniens du soutien du Parlement.
Dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances de 2025, le ministre des Outre-mer a réaffirmé le déblocage de fonds pour soutenir les collectivités locales. Au total, selon François-Noël Buffet, l'État aura mobilisé 1,4 milliard d'euros (167 milliards de francs CFP) entre 2024 et 2025 pour venir en aide à la Nouvelle-Calédonie.
Sauvegarder, refonder, reconstruire
Louis Mapou, Yannick Slamet, en charge du budget et des finances, Gilbert Tyuienon, de la fiscalité, Christopher Gygès, aux manettes de l'économie numérique et du dialogue social et Thierry Santa, chargé du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, sont donc à Paris pour travailler avec l'exécutif sur les urgences budgétaires et financières du territoire.
Entre leurs mains, un plan ambitieux de sauvegarde, de refonte et de reconstruction, dit PS2R, s'étalant sur trois ans (de 2025 à 2027). Pensé par le gouvernement local calédonien, il a un triple objectif. D'abord, de sauvegarder d'urgence le tissu économique et social de la Nouvelle-Calédonie d'ici à la fin de l'année (la santé, l'énergie, les retraites, le logement...).
Ensuite, le PS2R prévoit de refonder le modèle calédonien, la crise des derniers mois ayant souligné les faiblesses du système. Ce volet comprend donc des réformes d'ampleur pour permettre, notamment, la maîtrise des finances publiques.
Enfin, il s'agit de reconstruire ce qui a été détruit pendant les émeutes (plus de 700 entreprises touchées), mais aussi sortir l'économie de la dépendance du nickel. Le gouvernement local veut ainsi diversifier les secteurs d'activités, en investissant, par exemple, dans la souveraineté alimentaire et énergétique.