Législatives dans le bassin Atlantique : la gauche en force aux Antilles-Guyane, le parti présidentiel évite la catastrophe

Dans un bureau de vote de Guadeloupe, le samedi 11 juin lors du premier tour des législatives 2022.
Les électeurs de Guyane, de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Martin, de Saint-Barthélemy et de Saint-Pierre et Miquelon étaient appelés aux urnes ce samedi pour le premier tour des élections législatives. Sortants éliminés dès le premier tour ou facilement qualifiés, abstention… On fait le point sur les résultats, territoire par territoire.

Les électeurs de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon étaient appelés aux urnes ce samedi 11 juin pour le premier tour des élections législatives. Douze sièges de députés sont en jeu. Pour qu’un candidat puisse se présenter au second tour, il doit obtenir un nombre de voix au moins égal à 12,5% du nombre des électeurs inscrits dans la circonscription. Mécaniquement, plus l’abstention est élevée, plus le "ticket d’entrée" au second tour est cher.

Trois blocs principaux s’affrontent lors de ces élections législatives. La coalition Ensemble !, qui réunit La République en marche (LREM), Horizons et le MoDem ; la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), composée de La France insoumise (LFI), du Parti socialiste (PS), du Parti communiste (PCF) et d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ; et les candidats représentant le Rassemblement national (RN).

Guyane : on rejoue le match de 2017 dans la 2e circonscription

Sur les 27 candidats en lice en Guyane, quatre se sont qualifiés pour le second tour. Dans la première circonscription, l'un des piliers du mouvement Trop Violans qui avait mobilisé des centaines de manifestants en mars 2017 sur l'insécuritéla régionaliste Yvane Goua, est qualifiée pour le second tour avec 20,77% des voix. Elle s'était ensuite illustrée comme activiste contre la politique du gouvernement, ce qui a lui a notamment valu une condamnation à trois mois de prison avec sursis pour injure publique en février.

Elle affrontera Jean-Victor Castor, du Mouvement de décolonisation et d'émancipation sociale, qui obtient 17,30 %. Thibault Lechat Vega, le candidat du député sortant Gabriel Serville (PCF) est éliminé dès le premier tour.

L’affiche est la même qu’en 2017 dans la deuxième circonscription : le député sortant Lénaïck Adam (LREM) sera opposé à Davy Rimane (divers gauche). Le premier a obtenu 31% des suffrages, contre 21,31% pour le second.

Le taux d'abstention dépassait les 70 % à 17h, soit un chiffre comparable à l’abstention observée lors du premier tour des précédentes législatives, en 2017.

LFI peine à s'imposer en Martinique

Alors que le candidat de la France insoumise est arrivé largement en tête dans l'île lors de la présidentielle, les candidats LFI n'ont pas réussi à s'imposer lors du premier tour des élections législatives. Mais rien n'est perdu pour l'alliance de gauche Nupes, portée par Jean-Luc Mélenchon. D'autres partis martiniquais de gauche se sont qualifiés et, si leurs représentants sont élus la semaine prochaine, pourraient bien siéger auprès des députés de la Nouvelle union populaire. À l'instar de Jean-Philippe Nilor et Marcellin Nadeau, fondateurs du parti Péyi-A, arrivés en tête dans leurs circonscriptions.

En règle générale, les quatre duels en Martinique opposeront un parti de gauche à des partis indépendantistes, dont celui d'Alfred Marie-Jeanne, le Mouvement indépendantiste martiniquais. Ce dernier sera d'ailleurs au second tour dans la 4ᵉ circonscription, où il affrontera son ancien protégé Jean-Philippe Nilor.

Dans la première circonscription, Philippe Edmond-Mariette (MIM) s’est qualifié avec 17,9% des voix. L’ancien député affrontera Jiovanny William (Péyi-A), qui a récolté 14% des suffrages. Dans la deuxième circonscription, Marcellin Nadeau (Péyi-A) a recueilli 27,6% des voix. Il affrontera au second tour Justin Pamphile (MIM), qui s’est qualifié avec 25,9% des voix. Dans la troisième circonscription, Johnny Hajjar, le candidat du Parti Progressiste Martiniquais, se qualifie en récoltant 37% des voix. Il affrontera Francis Carole (18,9%), du Gran Sanblé. Dans la quatrième circonscription, Jean-Philippe Nilor (Péyi-A) a obtenu 44,2% des voix. Alfred Marie Jeanne (25,8%), le co-fondateur du Mouvement indépendantiste Martiniquais, l’affrontera au second tour.

Le RN en tête dans l’une des circonscriptions de Guadeloupe, Justine Benin qualifiée pour le second tour

59 candidats se disputaient les quatre circonscriptions que compte la Guadeloupe. Dans la première, le député sortant Olivier Serva (sans étiquette-divers gauche) est arrivé largement en tête du premier tour avec 43,44% des suffrages. Dominique Biras (Force de rassemblement abymien pour le progrès) se qualifie également avec 15% des suffrages.

La deuxième circonscription a placé en tête du premier tour Justine Benin (Ensemble !). La nouvelle secrétaire d’État chargée de la mer joue sa place au gouvernement. Elle devra battre Christian Baptiste (Parti progressiste démocratique guadeloupéen) pour conserver son poste. La première a remporté 31,3% des voix, le second 26,8%.

La troisième circonscription a placé en tête le RN en votant à 20,09% pour Rody Tolassy. Il affrontera le député sortant Max Mathiasin (MoDem), qui a obtenu 16,93% des voix.

Les électeurs de la quatrième circonscription devront départager le maire de Saint Claude, Elie Califer (38,61%) et la vice-présidente de la Région, Marie-Luce Penchard (19,88%) au second tour. Le premier est soutenu par la fédération socialiste, la seconde par Guadeloupe unie, solidaire et responsable (GUSR).


Le taux de participation, qui s’établit aux alentours de 25%, est stable comparé à 2017.

Saint-Pierre et Miquelon : duel très serré entre la droite et la Nupes

Un siège est en jeu dans l’archipel. Sur les quatre candidats, deux se qualifient pour le second tour. Le candidat divers droite Stéphane Lenormand (32,39%) affrontera le week-end prochain le candidat de la Nupes Olivier Gaston (29,59%). Moins de trois points les séparent, soit 74 voix seulement.

Dominica Michel-Revert, la représentante de Cap sur l’avenir, le parti du député LREM sortant, est éliminée dès le premier tour. Elle n’a réuni que 17,90% des voix et n’a pas donné de consignes de vote à ses électeurs. Patrick Lebailly, tête de liste du mouvement Ensemble pour Construire, a rassemblé 20,13% des voix.

La participation est en baisse par rapport aux dernières législatives : 53,45% des 5052 électeurs de Saint-Pierre et Miquelon se sont déplacés pour le premier tour, soit six points de moins qu'en 2017.

Ensemble! largement en tête du premier tour à Saint-Martin et Saint-Barthélemy 

L'actuel 2ème vice-président de la collectivité Frantz Gumbs, représentant du RSM (Rassemblement Saint-Martinois), soutenu par la majorité présidentielle, affrontera un ex président de la collectivité, Daniel Gibbs (divers droite) au second tour. Frantz Gumbs a rassemblé 47,09 % des voix, contre 27,62 % pour Daniel Gibbs.

Les électeurs ont désavoué la députée sortante Claire Javois (LR), qui termine quatrième avec 6,52 % des voix, derrière Béatrice Caze (8,85 %), la candidate de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour.

L’Assemblée nationale est composée de 577 députés, il faut 289 sièges pour obtenir la majorité absolue. Le premier tour des législatives a déjà eu lieu en Polynésie le week-end dernier. Les électeurs de La Réunion, de Mayotte, de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna voteront dimanche 12 juin, comme ceux de l’Hexagone.