Pédophilie dans l'église : plusieurs cas dans les Outre-mer

Février 2017 à La Réunion. Les gendarmes entourent le curé de la Plaine des palmistes suspecté d'abus sexuels sur mineur
Le procès du cardinal Barbarin s'est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de Lyon. Il est accusé de non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs. Dans les Outre-mer aussi, les cas de pédophilie au sein de l'église existent, parfois non dénoncés par la hiérarchie catholique. 
Le cardinal Philippe Barbarin et ses co-prévenus ont-ils suffisamment réagi en apprenant les accusations d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts entre 1986 et la fin 1991 d'un prêtre du diocèse, Bernard Preynat ? C'est la questions auquel doit répondre le tribunal correctionnel de Lyon. Le cardinal comparait pour "non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs". 
 

Les Outre-mer ont également connu des affaires de pédophilie au sein de l'église catholique, notamment à La réunion, en Guyane, en Martinique et à Wallis et Futuna. La hiérarchie ecclésiastique n'a pas toujours dénoncé ces faits à la justice. Le site d'investigation "Le Lanceur" a répertorié l'ensemble des cas de pédophilie révélés au grand jour en France. Synthèse des cas connus à ce jour. 

Wallis et Futuna : des cas jamais dénoncés

Comme le rapporte Wallis et Futuna la 1ère dans un article paru en novembre 2018, une cellule spécialisée dans le traitement des cas de pédophilie au sein de l'église a été mise en place en septembre 2018 sur le territoire. Ces cinquante dernières années, des cas de pédophilie commis par des ecclésiastiques ont eu lieu mais n'ont jamais entraîné de poursuites judiciaires, comme le reconnaît le père François Jaupitre, interrogé par W&F la 1ère :
 

Il y a eu des cas de pédophilie autrefois, ils ont été soignés comme on a pu. Maintenant je ne vois pas de cas de pédophilie à l’heure actuelle. A l’époque ces prêtres ont été arrêtés dans leur ministère à wallis et futuna et envoyés ailleurs.

A ce moment-là, l’évêque ne dénonçait pas forcément les cas de pédophilie et à cette époque  aussi, la justice n’allait pas plus loin. Je connais un cas où les gendarmes sont intervenus mais il n’y a pas eu de sanction pénale 

- Père F. Jaupitre, prêtre depuis 1960 à Wallis et Futuna


Regardez le reportage de W&F la 1ère réalisé en novembre 2018 :
©Wallis et Futuna la 1ère


La Réunion : plusieurs cas ces dernières années

En 2012, le père Jacky Hoarau, curé de la paroisse de Sainte-Marie est condamné à huit ans de prison par les assises pour le viol d'un enfant de choeur de 14 ans. Lors du procès, la mère de la victime a expliqué avoir subi des pressions de la part de l'église qui souhaitait régler l'affaire "en interne". L'évêque de La Réunion, Gilbert Aubry, a affirmé qu'il regrettait les pressions subies par la famille. Il a reconnu avoir été au courant de l'homosexualité et de la séropositivité de l'ancien prêtre. 
 

Toujours en 2012, Jean Aristène Naramoutou, ancien prêtre de Saint-André est condamné à un an de prison avec sursis pour attouchements sexuels. La victime est un enfant de choeur de 17 ans.  

En 2013, le père Michel Tual, curé de Bras Panon, est condamné à 5 ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs. Les faits s'étaient déroulés entre 1989 et 1995, puis en 2009. En 2009, lorsque l'affaire éclate, l'évêque de La Réunion est entendu comme témoin par le juge d'instruction. Dans un communiqué, Gilbert Aubry explique : "Personnellement, à partir de propos qui me sont parvenus en leur temps, j'ai convoqué Michel Tual et ensuite je lui ai fait une mise en garde par écrit lui interdisant, notamment, de recevoir des enfants à la cure. Mais personnellement, je n'ai jamais été au courant des faits reprochés actuellement par la justice. Sinon, je les aurais dénoncés comme je l'ai déjà fait dans d'autres affaires."

En 2015, le père Jean-Marie Vincent, curé de la paroisse de La Source, à Saint-Denis, est relevé de ses fonctions et rendu à l'état laïc sur une décision du Vatican. Ce curé, avait été condamné en métropole, en 2000, à cinq ans de prison pour agression sexuelle sur mineur. Libéré en 2003, il s'était envolé pour La Réunion ou l'évoque Gilbert Aubry lui avait confié l'aumonerie du centre hospitalier puis la paroisse de La Source. "Quand quelqu'un se reconstruit et qu'on a rien à lui reprocher, il faut l'aider à avancer. Ma conscience ne me reproche rien du tout là dessus", se justifie l'évêque dans ce reportage de Réunion la 1ère :
Thierry Chenayer - Alexandra Pech - Archives - Guy Chamand


En février 2017, le père Fabrice Ibrahim, curé de la Plaine des Palmistes est soupçonné de viol, mis en examen et incarcéré. Il est soupçonné du viol d'un enfant de choeur de 14 ans. Dans la commune, c'est la stupeur, tandis que l'évêque de La Réunion clame "pédophilie, tolérance zéro". Regardez le reportage, en mars 2017, de Réunion la 1ère : 
©reunion

L'affaire n'a pas encore été jugée. 

Guyane : dénoncé par l'évêque

Selon le site d'investigation "Le Lanceur", seuls deux cas de pédophilie dans l'église de France ont été dénoncés directement par des évêques. C'est le cas du prêtre de Macouria, en Guyane. En mars 2016, l'évêque de Guyane, Emmanuel Lafont, a lui-même contacté le procureur de la République, tout en invitant le curé à se dénoncer. Le curé s'est rendu à la gendarmerie de Macouria. Âgé de 65 ans, il était accusé d'agressions sexuelles sur un mineur de 14 ans. Sur son compte Twitter, l'évêque de Guyane demandait alors "que justice soit rendue" :

Devant le tribunal correctionnel, le père Henri-Claude est condamné en première instance à trois ans de prison, dont 18 mois ferme. Regardez le reportage de Guyane la 1ère : 


Martinique : un sacristain de Ducos

En mars 2016, un sacristain de Ducos est mis en examen et placé en détention provisoire. Deux jeunes filles ont porté plainte contre lui pour viol. C'est la psychologue de l'une des deux jeunes filles qui a dénoncé les faits. Jugé en correctionnelle en octobre 2018, il est finalement condamné à 18 mois de prison avec sursis. Le 10 mars 2018, dans un communiqué publié sur internet, l'évêque de Martinique explique qu'une cellule d'écoute des victimes ou témoins d'agressions sexuelles est mise en place depuis 2016. Il rappelle que "Les personnes victimes ou témoins ayant connaissances de tels faits ont le devoir d’en référer directement à l’autorité civile, quelles que soient les démarches ecclésiales mises en œuvre par ailleurs.