Législatives 2024. Économie, immigration, Nouvelle-Calédonie... Le programme des Républicains pour les Outre-mer

Le siège du parti Les Républicains (LR), à Paris.
Par la voix de son député de Mayotte, Mansour Kamardine, le parti de droite, en proie à une crise interne, a présenté ses propositions pour les départements, régions et collectivités ultramarines. Il promet, entre autres, une grande loi de programmation pour chaque territoire et envisage de supprimer le droit du sol en Guyane et à Mayotte.

Les élections législatives des 29 et 30 juin (pour le premier tour) et des 6 et 7 juillet (pour le second) permettront de déterminer la composition du nouveau gouvernement. Les uns après les autres, les principaux blocs politiques – le Rassemblement national (RN), le Nouveau Front Populaire (NFP), Ensemble et Les Républicains (LR) – ont présenté leur programme pour gouverner le pays s'ils obtiennent une majorité de sièges à l'Assemblée. Parmi leurs propositions, certains ont plus ou moins développé leur vision pour les territoires d'Outre-mer.

Après le NFP, la majorité présidentielle et le RN, le parti LR a lui aussi présenté son projet pour les Outre-mer, par la voix du député sortant de Mayotte, Mansour Kamardine, seul élu ultramarin issu du mouvement politique.

Si Les Républicains obtiennent la majorité, ou si le parti est amené à s'allier avec un autre mouvement, ils appuieront pour "l'amélioration des conditions de vie des Ultramarins" dans ces territoires minés par la vie chère, la pauvreté et l'insécurité.

Pourtant, certains défis majeurs sont absents du programme, notamment concernant l'environnement, alors même que les territoires d'Outre-mer sont en première ligne du dérèglement climatique. Voici les propositions des Républicains pour les élections législatives.

  • Économie : une grande loi de programmation pour les Outre-mer

Sur le volet économique, le parti Les Républicains envisage de présenter une "grande loi de programmation" qui détaillera, territoire par territoire, les financements des grands projets d'investissement sur les années à venir. 

Le parti promet également d'améliorer le pouvoir d'achat des Ultramarins en s'attaquant au prix du fret maritime et du transport aérien. Mais sans vraiment détailler comment. Dans son communiqué, Mansour Kamardine évoque simplement la mise en place d'"un financement innovant".

LR souhaite également élargir l'adaptabilité des normes européennes aux produits alimentaires et de consommation courante dans les départements et régions d'Outre-mer. Le mouvement propose de les soumettre à une norme RUP (régions ultrapériphériques, le statut de certains territoires d'Outre-mer au sein de l'Union européenne), plutôt qu' à une norme européenne, comme c'est le cas dans le secteur de la construction. Cette flexibilité normative permettrait aux acteurs locaux d'importer plus de produits issus de pays alentours, ce qui pourrait réduire les coûts des matières premières.

Enfin, pour faciliter le développement économique des Outre-mer et attirer les investissements, un gouvernement Les Républicains laisserait le choix à chaque collectivité d'établir des "zones économiques fiscales et douanières spéciales", comme le font déjà d'autres territoires ultramarins européens.

  • Immigration : supprimer le droit du sol à Mayotte et en Guyane

Cheval de bataille de la droite, la lutte contre l'immigration occupe une place importante dans le programme national des Républicains. En Outre-mer, LR veut permettre des "adaptations législatives" locales pour permettre "plus d'efficacité" dans la lutte contre l'arrivée de migrants illégaux. Pour Mansour Kamardine, la hausse des moyens pourra notamment permettre de développer la vidéoprotection pour contrôler les frontières.

Comme le Rassemblement national et la majorité présidentielle, Les Républicains veulent s'attaquer au droit du sol. Avec un gouvernement et un Parlement de droite, le droit du sol serait supprimé à Mayotte (un projet déjà lancé par le gouvernement actuel), mais aussi en Guyane, deux territoires qui connaissent une forte pression migratoire.

Toujours à Mayotte, Mansour Kamardine, qui préside le comité Outre-mer des Républicains, souhaite rendre impossible toute régularisation des personnes arrivées clandestinement sur l'archipel.

  • Une loi pour le développement de Mayotte

En plus de mesures spécifiques sur l'immigration, Les Républicains promettent de présenter une "loi Mayotte" pour répondre aux nombreux défis économiques et sociaux du département le plus pauvre de France. Un tel projet de loi était déjà en cours d'élaboration par le ministère des Outre-mer. Mais, dissolution de l'Assemblée nationale oblige, le prochain gouvernement devra tout recommencer à zéro.

Cette loi version LR aura pour ambition de "parachever la départementalisation" de Mayotte, entamée en 2011. Elle visera à améliorer l’égalité sociale entre l'archipel et l'Hexagone (sur les minima sociaux, notamment). Elle prévoira aussi d'associer les élus locaux mahorais à l’action diplomatique régionale, alors que les Comores voisines revendiquent toujours leur souveraineté sur l'archipel français.

  • Service public : améliorer l'accès à l'eau potable

Nombre de territoires ultramarins connaissent des gros problèmes d'accès à l'eau potable, comme Mayotte, régulièrement frappée par la sécheresse, et les Antilles. S'il arrive au pouvoir, le parti, toujours présidé par Éric Ciotti malgré son alliance avec l'extrême droite, promet de faire "un effort particulier (...) pour mettre à niveau la production d’eau potable et sa distribution à Mayotte, en Martinique et en Guadeloupe".

Par ailleurs, LR avance aussi un plan de renforcement des systèmes de santé, sans entrer dans les détails.

  • Nouvelle-Calédonie : renforcer la présence des forces de l'ordre avant de reprendre les discussions

Les Républicains se refusent à ouvrir le vaste dossier du statut des départements, régions et collectivités ultramarines – "La priorité sera donnée à l’amélioration des conditions de vie des ultramarins plutôt qu’au débat institutionnel", arguent-ils.

Sur la Nouvelle-Calédonie, qui a entamé un long processus d'évolution institutionnelle depuis les accords de Matignon et de Nouméa, ils espèrent un retour au dialogue entre l'État, les indépendantistes et les non-indépendantistes. Mais pas avant un "retour à l’ordre public", alors que l'archipel est en proie à de vives tensions depuis le vote de la loi sur le dégel du corps électoral.

Le parti prévoit ainsi de renforcer les effectifs de forces de l'ordre sur place, qui seront pérennisées. Les discussions sur l'avenir institutionnel du Caillou pourront ensuite reprendre dès que "la paix civile sera rétablie et que la représentativité de la partie indépendantiste parmi la population kanak aura retrouvé une crédibilité et une parole fiable", écrit Mansour Kamardine dans son communiqué.