Nouvelle-Calédonie : Sébastien Lecornu se dit favorable au lancement des discussions après l'élection présidentielle

Le ministre des Outre-mer a défendu la légitimité du référendum de dimanche. La période de transition qui vient de s'ouvrir se déroulera en trois temps : gérer les urgences, faire le bilan de l'Accord de Nouméa et engager les négociations sur le futur institutionnel de la Calédonie.

"Les formations politiques indépendantistes estiment qu’il faut attendre le début du prochain quinquennat pour travailler. C’est un calendrier qui me convient." Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, en déplacement à Nouméa, était auditionné par la commission des Lois de l'Assemblée nationale mardi matin. Deux jours après le dernier référendum sur l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, la légitimité du scrutin et le futur de l'archipel ont monopolisé l'ordre du jour.

Le ministre des Outre-mer a donc accepté d'attendre la fin de la période électorale qui s'ouvre en France (l'élection présidentielle aura lieu les 10 et 24 avril 2022, les élections législatives les 12 et 19 juin) pour lancer les discussions sur le futur institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Les indépendantistes avaient réclamé ce calendrier après avoir rejeté les résultats du référendum (96,5 % en faveur du Non à l'indépendance, mais avec plus de 56 % d'abstention).

Dimanche, après la publication des résultats provisoires, le président indépendantiste du Congrès calédonien Roch Wamytan avait dit au micro d'Outre-mer La 1ère avoir besoin de ces 5 ou 6 mois avant de pouvoir présenter "un nouveau projet d'indépendance" au nouvel exécutif.

C'est aussi parce que les grandes vacances ont commencé sur le Caillou (du 11 décembre 2021 au 11 février 2022) et que plusieurs formations politiques vont tenir leur congrès en début d'année prochaine que le ministre a jugé bon d'attendre quelques mois avant de réunir autour de la table l'État, les indépendantistes et les loyalistes.

Je ne confonds pas vitesse et précipitation. Ce qu’il faut, en revanche, c’est de ne pas perdre trop de temps après l’élection présidentielle et les élections législatives pour tracer un chemin nouveau.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer

Une période de transition en trois temps

D'ici là, le ministre des Outre-mer devrait être occupé par la campagne de réélection d'Emmanuel Macron, dans laquelle il joue un rôle très actif bien que celle-ci n'ait pas encore débutée, comme l'indiquait Franceinfo.

Sébastien Lecornu ne compte pas néanmoins délaisser la Nouvelle-Calédonie. Depuis lundi et la fin de l'Accord de Nouméa (dont l'échéance se situait après le troisième référendum), le gouvernement a imaginé une période de transition qui aura lieu en trois temps, a dit le ministre, et qui s'étendra jusqu'en juin 2023.

"Le premier [temps], ce sont des temps d’urgences qui n’ont rien à voir avec la situation institutionnelle", a expliqué M. Lecornu aux députés de la commission des Lois. Crise sanitaire, question du nickel, finances locales... "Ces trois thèmes sont des préalables urgents qui concernent la fin de ce quinquennat et la fin de cette législature."

Viendra ensuite le temps du bilan de l'Accord de Nouméa, et, au sens onusien du terme, "le bilan de tout ce cycle, de cette séquence de décolonisation, comme les Nations Unies le qualifient". Le ministre des Outre-mer se rendra d'ailleurs à New York début 2022 pour rencontrer le C-24, le comité spécial de l'ONU sur la décolonisation, déjà sollicité par les indépendantistes et les loyalistes calédoniens.

Les négociations sur le futur de la relation entre la France et la Nouvelle-Calédonie auront, elles, donc lieu dans un troisième temps.

Un scrutin légitime, estime le gouvernement

Sébastien Lecornu en a profité pour réitérer la position du gouvernement sur la légitimité du scrutin, malgré l'abstention massive du camp indépendantiste. Pour le ministre, les partisans du Oui à l'indépendance avaient les moyens de faire marche arrière, en retirant officiellement leur demande de référendum :

Les formations politiques indépendantistes auraient pu retirer la demande qu’ils avaient formulé au Congrès au mois d’avril. Eh bien, nous n’aurions plus eu, nous, le gouvernement, la base pour prendre le décret pour convoquer les électeurs. Ils ne l’ont pas fait, et ils sont en responsabilité.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer

Et de conclure : "Dans une démocratie, il n’y a pas de vote obligatoire (...) La question de la participation n’entache pas la légitimité juridique et légale du scrutin."

Regardez l'interview accordée par Sébastien Lecornu à Nouvelle-Calédonie La 1ère lundi 13 décembre :

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, est interrogé par Nadine Goapana et Steeven Gnipate, depuis sa septaine au haut-commissariat. ©NC la 1ère