"On a un peuple qu'on est en train d'affamer" : à Paris, Rodrigue Petitot veut toucher la diaspora et les politiques

Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC, était l'invité du JT Outre-mer l'info, ce dimanche 3 novembre sur France 3.
Arrivé à Paris la veille avec des membres du RPPRAC, Rodrigue Petitot, le leader du mouvement social en Martinique, participe à la mobilisation contre la vie chère en Outre-mer organisée ce dimanche 3 novembre dans la capitale. Invité du journal Outre-mer l'info sur France 3, il s'est dit prêt "à aller là où personne n'a encore été".

Sweat à capuche rouge, un badge "Je soutiens la mobilisation contre la vie chère" épinglé dessus, Rodrigue Petitot a un ton posé qui tranche avec le tragique de ses propos : "On a un peuple pas simplement en souffrance, on a un peuple qui est en train de mourir, un peuple qu'on est en train d'affamer."

"À l'heure où la France est en train d'essayer d'aider tout le monde dans le monde, je pense qu'elle a oublié que la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion font partie des terres françaises", poursuit-il lors de cette première interview télé dans l'Hexagone.

Le leader du mouvement contre la vie chère dénonce deux poids, deux mesures entre l'Hexagone et les Outre-mer. "On a des prix qui sont criminels. On a une grande distribution qui est en train de vampiriser tout un peuple, souffle-t-il en listant les Antilles, la Guyane, La Réunion. Aujourd'hui, on entend qu'on est Français, on le comprend, mais on veut que ce soit traduit aussi par les actes. Et se nourrir, tout comme ceux qui sont sur le continent, je pense que ça c'est la moindre des choses."

"Par le peuple pour le peuple"

D'où sa présence et celle des autres responsables du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC) à Paris ce weekend pour participer ce dimanche à la marche jusqu'au ministère des Outre-mer, aux côtés de plusieurs autres collectifs ultramarins.

Une manifestation contre la vie chère Outre-mer a lieu à Paris, de la place Denfert-Rochereau au ministère des Outre-mer, dimanche 3 novembre 2024. Dans le cortège, le Martiniquais Rodrigue Petitot, un des leaders du RPPRAC.

Bien que le locataire de la rue Oudinot François-Noël Buffet a annoncé sa venue en Martinique mi-novembre deux mois et demi après le début de la mobilisation, la figure du mouvement contre la vie chère espère le voir ces prochains jours à Paris : "On a vu que ça a tardé. Il a dit 'Pas sous la pression'. Je pense peut-être que chez lui ici, il sera moins sous pression. Peut-être qu'il aura envie d'entendre la souffrance du peuple."

Rodrigue Petitot et les responsables du RPPRAC veulent en tout cas "toucher la diaspora, toucher les politiques, toucher tous ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses. Déjà la diaspora en tout premier parce que ce combat, on l'a toujours dit, c'est le peuple par le peuple pour le peuple parce que nous avons laissé décider des gens depuis toujours pour nous."

La suite du mouvement guadeloupéen de 2009

Un combat que le Martiniquais inscrit dans la lignée de la grève générale de 2009 en Guadeloupe : "Nos parents ont lutté pour que ça change. Ça n'a pas pu changer malgré l'énergie qu'ils y ont mis. Aujourd'hui, nous, enfants, nous sommes encore dans cette souffrance et nous menons ce combat. Nous n'entendons pas laisser ce combat pour nos enfants ni nos petits-enfants."

Il salue d'ailleurs ceux qui affichent leur soutien. Après Kalash, Thierry Henry, Wendie Renard, c'est dernièrement le judoka multiple médaillé olympique Teddy Riner qui s'est exprimé sur la situation en Martinique. "On remercie Teddy Riner parce qu'effectivement, je pense que nos artistes, nos sportifs ont un grand rôle à jouer dans ce combat pour amener le message du peuple au plus haut parce qu'on a vraiment un peuple qui est en souffrance", assure-t-il.

"Là où personne n'a encore été"

Interrogé sur la deuxième phase du mouvement évoquée lors d'une conférence de presse avant son départ pour Paris, Rodrigue Petitot assène : "On est prêt à aller là où personne n'a encore été. Et ça on le dit, on le redit parce qu'il est inacceptable et il est impossible pour nous de continuer tel quel."

Il ne donnera pas plus de détail, préférant "rester le plus silencieux" sur les actions à venir. "En tout cas, on va y aller avec détermination et force parce qu'on est ultra déterminés", conclut-il.