Judo, escrime, natation, handball... Cette année, les sportifs ultramarins ont brillé aux quatre coins du monde. Fer de lance de leur discipline pour la plupart, ils ont tenu leur rang en 2023. Retour sur 365 jours de champions.
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Un énième sacre mondial pour Teddy Riner
Six ans après sa dernière participation à un championnat du monde, le Guadeloupéen Teddy Riner a fait son retour par la petite porte au mois de mai (petite, car classé 18ᵉ mondial). Entré dès les premiers tours, il a terrassé tous ses adversaires un à un. Qu’importe la manière, ce 13 mai 2023, le double champion Olympique voulait prouver aux challengers qu’il était encore le patron. En finale, malgré une petite frayeur face au Russe Inal Tasoev, et bien aidé par une erreur manifeste d’arbitrage, le Guadeloupéen décroche, à 34 ans, sa onzième couronne mondiale. Une victoire au "mental" dira-t-il à la fin de son combat. Son année 2023 se conclura d'une fort belle manière, avec un titre de champion d’Europe avec le PSG et sa participation pour les Jeux de Paris 2024 validée par la fédération française de judo.
Toujours en judo, Hélios Latchoumanaya n’a pas encore le palmarès de son illustre aîné, mais s’il continue ainsi, il n’en sera pas loin. En août, lors des Jeux mondiaux de l'International Blind Sport Federation (IBSA) qui se tenaient à Birmingham (Royaume-Uni), le Guadeloupéen décroche son deuxième titre d'affilée de champion du monde en parajudo.
Quelques semaines plus tôt, le judoka atteint de déficience visuel était par ailleurs sacré champion d’Europe, là aussi pour la seconde fois, dans la catégorie des -90 kg. Une sacrée année 2023 pour lui, à seulement 23 ans. Son avenir s’annonce radieux, d’autant plus qu’il fait partie des grands favoris pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.
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Des papillons dorés
Le Calédonien Maxime Grousset et le Réunionnais Laurent Chardard sont des nageurs en or. Grand par la taille, mais aussi par le talent, Maxime Grousset a confirmé en 2023 tous les espoirs placés en lui. En juillet à Fukuoka au Japon, le jeune homme de 24 ans est allé décrocher, à la vitesse grand V, sa première médaille d’or mondiale sur le 100 m papillon au nez et à la barbe de ses adversaires — le Canadien Josh Liendo et de l'Américain Dare Rose — qui n’ont vu que son sillage. Avec un temps canon de 50 secs et 14 centièmes, Maxime Grousset est entré dans la légende de son sport en devenant le cinquième homme le plus rapide de tous les temps dans cette discipline. Début décembre, le Calédonien a récidivé. Cette fois sur le 100 m nage libre en petit bassin lors des championnats d’Europe en Roumanie. Il décroche sa médaille d’or en 45 secs 46 centièmes.
Tout comme Grousset, Laurent Chardard adore la brasse papillon. Il en a fait sa spécialité. En août, dans les bassins de Manchester en Angleterre, le Réunionnais décroche son second titre de champion du monde (après un premier sacre en 2022) sur le 50 m papillon S6 en paranatation. Il finit sa course en 31"03, devant le Chinois Jingang Wang et le Colombien Nelson Corzo. Prodige de paranatation, le papillon de La Réunion espère prendre son envol lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024.
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Taekwondo, escrime... De l’or après des années de disette
Qui aurait pu croire que le destin de l’Antillaise Marie-Florence Candassamy et de la Martiniquaise Althéa Laurin serait un jour lié ? En 2023, les deux femmes ont mis fin à une décennie de disette dans leur sport respectif.
D’abord, en mai, le sourire d’Althéa Laurin a remis de la joie et de l’entrain a toute une discipline. En taekwondo, la Martiniquaise est allée décrocher, à 21 ans, son premier titre de championne du monde en -73 kg à Bakou (Azerbaïdjan). Cet exploit n’avait plus été réalisé depuis 10 ans par les tricolores. Femme de défi, Althéa Laurin a su se débarrasser de la Britannique Rebecca McGowan (16-10, 9-5) en finale pour s’adjuger sa première médaille d’or mondiale. "C’est un titre dont je rêvais depuis beaucoup d’années", nous confiait-elle quelques jours plus tard.
En juillet, ce sont les larmes de bonheur de Marie-Florence Candassamy à Milan, en Italie, qui ont ému la planète de l’escrime. À force de travail et d’acharnement, l’Antillaise a décroché son premier titre mondial à l’épée, treize ans après le dernier sacre français, obtenu par Maureen Nisima lors de mondiaux organisés à Paris. En finale, Candassamy est venue à bout de l’Italienne Alberta Santuccio 15-12.
L’exploit de Marie-Florence Candassamy est d’autant plus grand que cette médaille symbolise aussi son premier podium mondial. Longtemps considérée comme la Poulidor de l’escrime – parce qu’elle finissait souvent deuxième ou troisième – l'épéiste a prouvé à 32 ans qu’il fallait compter sur elle dans les années à venir, notamment à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024.
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Un champion d’exception
"The sky is the limit" (le ciel est la limite). Cette devise, le Guyanais Mickaël Mawem doit surement s’en servir comme credo, tant le grimpeur a semblé voler en 2023. À 33 ans, il a déjoué tous les pronostics et est allé décrocher sa première médaille mondiale à Berne en Suisse. Premier français sacré champion du monde dans sa discipline, il a réalisé un quasi-sans-faute le 4 août dernier.
Avant son titre, il n’avait jamais atteint de podium durant la saison. Fer de lance de sa discipline, Mickaël Mawem a été l’un des premiers à composter son ticket pour les Jeux de Paris 2024. Il pourrait peut-être retrouver son frère Bassa Mawem, lui aussi en quête de son billet pour les JO.
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Handball, l'excellence au féminin
Elles sont en or en 2023 et risquent bien de se retrouver encore dans la rétrospective de l’année prochaine. Les handballeuses françaises, menées par ses cinq Ultramarines – les sœurs Martiniquaises Déborah et Coralie Lassource, et les Guadeloupéennes Orlane Kanor, Meline Nocandy et Océanne Sercien Ugolin – sont allées décrocher leur troisième titre mondial au Danemark mi-décembre. Vingt ans après le premier sacre français de 2003.
Ce succès bleu-blanc-rouge arrive après une année 2023 exceptionnelle où les handballeuses n’auront perdu aucun match. Sûres de leur force, les joueuses d’Olivier Krumbholz ont démontré qu’elles étaient les meilleures de la planète.
En 2024, année Olympique, les sportifs et sportives ultramarin(e)s qui ont tant brillé sur la scène internationale seront très attendu(e)s aux Jeux de Paris. Gageons que ces 365 prochains jours soient aussi une réussite pour eux.