La démission du gouvernement Barnier sera officiellement remise au président de la République ce jeudi 5 décembre à 10 h. Mais la chute est actée depuis ce mercredi soir avec le vote de la motion de censure contre l'exécutif par l'Assemblée nationale.
Dans cet exécutif, le Mahorais Thani Mohamed Soilihi. Nommé secrétaire d'État à la Francophonie et aux Partenariats internationaux le 21 septembre dernier, il avait dû très vite se glisser dans le costume avec ses bons et ses mauvais côtés.
L'inconvénient de devenir membre d'un gouvernement est que vos actions sont scrutées à la loupe : quatre jours après sa nomination, Mediapart avait révélé qu'avant de rejoindre l’équipe de Michel Barnier, le sénateur mahorais "s’est retrouvé au cœur d’un curieux échange de collaborateurs au palais du Luxembourg. Il avait recruté, contre l’embauche de l’un de ses proches, l’épouse de son collègue Joël Guerriau, par ailleurs mis en examen pour tentative de viol".
Le nouveau secrétaire d'État s'en était alors expliqué sur RFI, rappelant qu'à l'époque, "les textes sur les embauches de proches n'avaient pas été votés" et surtout qu'il n'avait "jamais embauché de proche".
Le XIXe sommet de la francophonie
Côté pile, le portefeuille de la Francophonie n'est pas le plus exposé aux polémiques et cette nouvelle fonction lui avait permis quelques jours plus tard, les 4 et 5 octobre, d'officier aux côtés du président de la République pour accueillir une cinquantaine de chefs de gouvernement et d'État lors du XIXe sommet de la Francophonie, à Villers-Cotterêts, et à Paris.
L'heure n'était alors pas à la discorde diplomatique puisque la question des revendications comoriennes sur l'île aux parfums a été évitée, comme le rappelle Mayotte la 1ère.
Mais que ce soit sur les tensions avec les Comores, le droit du sol ou l'immigration, la nomination de Thani Mohamed Soilihi avait provoqué une vague d'enthousiasme dans le 101e département français. Il faut dire qu'il est le premier Mahorais à intégrer un gouvernement français. Fin connaisseur de l'histoire et des enjeux sur place, il représentait pour une partie de la population et des élus locaux une opportunité sans précédent pour se faire entendre à Paris et à l'international.
C'est visiblement un rôle qu'il assurait puisque selon Mayotte la 1ère, il annonçait ce 1er décembre avoir rencontré le ministre des Affaires étrangères somalien pour aborder entre autres la question d'un accord sur la lutte contre l'immigration clandestine à Mayotte.
Lors de sa visite officielle sur son territoire le 23 novembre dernier, il disait lui-même être prêt à porter les "sujets relevant" de Mayotte au sein des différents ministères notamment celui des Outre-mer, comme la loi Mayotte par exemple qui ne relèvait pas de son secrétariat.
Convention avec le Kenya
Cette visite officielle dans l'archipel avait pris des allures de visites de chef d'État tellement il a été accueilli avec les honneurs et dans la liesse.
Une visite qui se déroulait dans le cadre des relations bilatérales entre la France et le Kenya. Plus précisément, il s'agissait de la signature d'une convention entre la Chambre de commerce et de l’industrie du Kenya et l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte. Elle vise notamment à développer la coopération économique entre Mayotte et le Kenya, dans des domaines comme l’économie bleue, l’agroalimentaire, le numérique ou le tourisme.
Thani Mohamed Soilihi s’y rendait aussi pour préparer le futur sommet France-Afrique qui se tiendra en 2026 au Kenya. À moins d'être reconduit dans le prochain gouvernement, il ne participera sans doute pas à ce sommet en tant que secrétaire d'État.