Emmanuel Macron et Mayotte : quelle politique entre 2017 et octobre 2019 ?

Emmanuel Macron le 26 mars 2017 à Mayotte, lors de sa visite-éclair de trois heures
Attendu à Mayotte le mardi 22 octobre 2019, Emmanuel Macron va effectuer son premier déplacement sur l'île depuis son élection à l'Élysée. Mais depuis 2017, il est intervenu à plusieurs reprises sur la situation de Mayotte. Récit.

Avant l'élection présidentielle de 2017

Mardi 22 octobre 2019, Emmanuel Macron foulera le sol de Mayotte pour la première fois depuis qu'il est à l'Elysée. Mais il est déjà venu dans l'île aux parfums, le 26 mars 2017, pendant la campagne présidentielle. Le candidat Macron avait fait un séjour éclair de trois heures à Mayotte. Il prenait alors l'engagement de mettre fin au statu quo :
 

Le défi qui est le nôtre ici, c'est un défi immense. Le quinquennat que je veux porter sera aussi un quinquennat pour vous et un quinquennat pour Mayotte. Le statu quo pour Mayotte ne peut pas exister.

Emmanuel Macron, discours de Daoudzi, 26 mars 2017 


Lors de cette visite, il avait pris l'engagement de renforcer les forces de police et de gendarmerie pour lutter contre l'insécurité et l'immigration clandestine. Il avait également pris position pour la signature d'un pacte avec les Comores afin de renforcer l'aide au développement pour réduire l'immigration clandestine en provenance des îles comoriennes voisines. Il s'était également engagé à permettre à tous les enfants mahorais d'aller à l'école : 

Il n’est pas possible de construire ici la République avec vous si on n’éduque pas les enfants, s’il y a encore, comme aujourd’hui, des enfants qui viennent de loin pour n’avoir qu’une demi-journée de cours ou parfois des enfants qui n’ont même pas de journée de cours. Ça, c’est aussi notre indignité et je veux y mettre fin, je veux une école pour tout le monde, ici, à Mayotte avec un investissement digne de l’État.

Emmanuel Macron, 26 mars 2017

 


Au second tour de la présidentielle 2017, Emmanuel Macron est élu à l'Élysée avec 66,1% des voix au niveau national. Mais à Mayotte, son score est moins élevé : 56,8%. 
 

La crise sociale de mars 2018

Au début de l'année 2018, Mayotte connaît une longue crise sociale. L'île est paralysée pendant six semaines. La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, se déplace à deux reprises à Mayotte pour tenter de dénouer la crise. Finalement, après de longues semaines de blocage, un plan de sortie de crise est signé à Matignon entre Edouard Philippe et les élus mahorais.
En juin 2018, lors de la présentation du Livre Bleu des Outre-mer à l'Élysée, Emmanuel Macron fixe trois priorités pour Mayotte : immigration, santé, sécurité. Regardez son intervention :
©la1ere


En juillet 2019, le gouvernement a signé des "Contrats de convergence et de transformation" avec les Outre-mer afin de rattraper le retard économique et social. Celui signé pour Mayotte prévoit une enveloppe de 1,6 milliard d'euros. 


Partenariat avec les Comores

En juillet 2019 toujours, Emmanuel Macron a reçu à l'Élysée Azali Assoumani, le président de l'Union des Comores. Le président de la République a réaffirmé à cette occasion l'appartenance de Mayotte à la France, tout en soulignant la volonté de dépasser les "désaccords" entre les deux pays. Emmanuel Macron a annoncé une enveloppe de 150 millions d'euros sur trois ans pour aider au développement des Comores. La coopération porte sur quatre domaines principaux : la formation, notamment des jeunes, l'agriculture, l'environnement et la santé.

 

Droit du sol et immigration

C'est l'un des dossiers sur lequel le chef de l'Etat est le plus attendu à Mayotte. Une grande partie de sa visite dans l'île sera d'ailleurs consacrée à l'immigration clandestine. 

En août 2019, la ministre des Outre-mer a présenté à Mayotte l'opération Shikandra (du nom d'un poisson présent dans le lagon de Mayotte, qui a la réputation d'être paisible, sauf lorsque son habitat est menacé). Il s'agit de renforcer les moyens dévolus aux forces de l'ordre et à la Justice pour accroître les expulsions de clandestins. L'objectif fixé pour Mayotte en 2019 est de 25.000 expulsions. Au 1er octobre, selon les chiffres officiels, 22.000 reconduites à la frontière avaient déjà été effectuées.

Emmanuel Macron avait auparavant soutenu l'amendement du sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi visant à restreindre le droit du sol dans l'île. Adopté par le Sénat et l'Assemblée nationale en juillet 2018, cet amendement a été validé par le Conseil constitutionnel. 
 

"Rendre Mayotte aux Mahorais"

Le 7 octobre 2019, la députée LREM de Mayotte, Ramlati Ali, est intervenue lors du débat organisé sur l'immigration pour demander "de rendre Mayotte aux Mahorais" :
 

Il est nécessaire de durcir certains critères d'accès au séjour afin que les détenteurs de titres puissent quitter le territoire de Mayotte. En d'autres termes, il faut poursuivre cette politique différenciée afin de rendre Mayotte aux Mahorais.

Ramlati Ali, députée LREM de Mayotte


Lors de son déplacement du 22 octobre 2019, Emmanuel Macron fera sans doute écho à cette formule choc de la députée de Mayotte. 
 

Résumé en vidéo

Récit en images avec Mickael Bastide (Outre-mer La1ere / France Ô)
Emmanuel Macron et Mayotte