Covid-19 : retour sur deux ans d’une crise sanitaire calédonienne

Des pâtisseries contre des cœurs, remerciements aux soignants du Médipôle pendant la crise Covid de septembre-octobre 2021.
18 mars 2020, la Nouvelle-Calédonie recense son premier cas de coronavirus. Comme tout le monde le craignait, il est entré sur le territoire, qui était jusque-là Covid free. Retour sur deux années de crise sanitaire qui ont bouleversé le quotidien des Calédoniens.

18 mars 2020, le gouvernement annonce pour la première fois la présence effective du nouveau coronavirus en Nouvelle-Calédonie. Le virus serait entré sur le territoire par le biais d’un couple en voyage de noces, arrivé la veille d’Australie. Présentant des symptômes, ils sont testés positifs et sont immédiatement placés en quarantaine au Médipôle.

2020 : une première année difficile

Les premières mesures de prévention en réponse à cette annonce ne se font pas attendre. On craint la circulation du virus sur le territoire. La Nouvelle-Calédonie étant compétente en matière de santé, le gouvernement décide lors d’une déclaration solennelle de Thierry Santa, alors président du gouvernement, le 19 mars, de fermer les frontières du Caillou.

RESTRICTIONS SANITAIRES ET FERMETURES DES FRONTIÈRES

L'aéroport international de La Tontouta, image d'illustration.

Interdiction donc pour les bateaux de croisière d’accoster, les passager aérien débarquant à l’aéroport de la Tontouta. Si les non-résidents sont invités à préparer leur départ, les Calédoniens bloqués dans l’Hexagone ou à l’étranger sont quant à eux appelés à ne pas rentrer sur le territoire.

Commence ainsi une longue période de rapatriement des résidents expatriés dans le monde, à la seule condition d’avoir une dérogation spécifique. Et ce précieux sésame, certains mettront des mois avant de l’obtenir.

D’autres mesures pour prévenir au mieux les habitants sont également annoncées. Ecoles fermées, manifestations et évènements de plus de 20 personnes interdits, bars, restaurants et cinémas fermés, la vie des Calédoniens se met en suspens et personne ne sait encore pour combien de temps.

CONFINEMENT STRICT POUR LA CALÉDONIE

Le dimanche 22 mars, un cas autochtone est détecté (ce qui sera infirmé plus tard). S’en suit un plan de confinement strict et généralisé à la maison pour endiguer toute propagation du virus. Le confinement se met en place dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 mars. Plages désertes, rues vides et magasins fermés, le Caillou s’organise au mieux pour respecter ce confinement.

Les Calédoniens découvrent les attestions de déplacements, les dérogations de travail, le télétravail, la distanciation sociale et les journées ponctuées par les points presse  du gouvernement sur la situation sanitaire.

D’abord prévu pour quinze jours, le confinement est prolongé jusqu’au lundi 13 avril. En effet, une personnes positive au Covid est placée en réanimation, ce qui inquiète la population. Il faut cependant attendre le 20 avril pour que le déconfinement commence. Un déconfinement progressif prévu jusqu’au dimanche 3 mai.

Coup de pêche, coup de chasse, à la mer où à la rivière, ce premier week-end de liberté, les Calédoniens l’ont bien savouré. Les enfants se préparent à retrouver les bancs de l’école.

DÉCONFINEMENT PROGRESSIF ET RENDEZ-VOUS POLITIQUE

Nouvelle étape, du 4 mai au 14 juin avec la reprise partielle ou sous conditions des activités. Et cette reprise est bienvenue. En effet, sur le plan économique, l’effet Covid s’est fait cruellement ressentir. Les nombreuses quatorzaines prises en charge par le territoire coûtent cher aux Calédoniens. Les secteurs du tourisme ou du transport ont été les plus durement touchés. La mise sous cloche du Caillou a un prix et il est particulièrement élevé. La Calédonie obtient un prêt particulier de 28 milliards CFP auprès de l’AFD, l’Agence française de développement, avec garantie de l’Etat.

Le 28 juin, le second tour des municipales se déroule malgré les difficultés liées à la pandémie de covid. Autre rendez-vous politique important, le 4 octobre, avec la deuxième consultation sur l’avenir institutionnel du Caillou prévue par l’Accord de Nouméa. Il faut attendre début 2021 pour la mise en place d’une campagne de vaccination.

Cyclone, politique et crise sanitaire : 2021, une année tumultueuse

Après le passage du cyclone Niran et l’alerte tsunami et une attaque mortelle de requin, retour à la case covid pour les calédoniens. Le dimanche 7 mars, neuf cas de Covid-19 sont détectés chez des personnes de retour de Wallis et Futuna. Un nouveau confinement est décrété.

VARIANT DELTA, LA CALÉDONIE SE RECONFINE

Le centre de vaccination établi à Ko We Kara du 8 septembre au 29 octobre symbolise les importants moyens déployés pour faire progresser la couverture vaccinale en Calédonie.

Tests, masques, télétravail et continuité pédagogique, les Calédoniens se reconfinent.

Contrairement à l’année précédente, la campagne de vaccination s’accélère. Au bout de quelques jours, les habitants se montrent plutôt bons élèves. La vie quotidienne s’est vite adaptée. Après une troisième semaine de confinement, les mesures s’allègent peu à peu et la Calédonie se déconfine progressivement dès le début du mois d’avril.

Au mois de mai, la quarantaine à l’entrée en Calédonie passe de quatorze jours à sept jours pour les personnes vaccinées.  Egalement, dès le 17 mai, ouverture de la vaccination à partir de seize ans. Puis dès douze ans à compter du 19 juin.

26 juillet 2021, le variant Delta est signalé pour la première fois en Calédonie. Le sas sanitaire mis en place à l’entrée du pays permet de le filtrer. Le 27 août, des assises du Covid se tiennent à Nouméa et le 3 septembre, le monde politique calédonien en vient à adopter la mise en place d’une obligation vaccinale.

Le 6 septembre 2021, le pire devient réalité. La circulation autochtone du virus est confirmée. Tout se déroule très vite. A peine les trois premiers cas de variants Delta repérés que la Calédonie subit, de plein fouet et en accéléré, ce que le reste du monde a vécu ces derniers mois.

RESTRICTIONS RENFORCÉES, COUVRE-FEU ET PASS SANITAIRE

La réponse du gouvernement est immédiate. Confinement strict obligatoire dès le 7 septembre à midi. L’état d’urgence sanitaire est déclaré et le 14 septembre, les restrictions sont renforcées avec un couvre-feu général qui durera jusqu’au 10 octobre. Le 11 octobre, début de la mise en place du « pass sanitaire » dont les règles se durcissent à partir du 6 décembre.    

La dure réalité de cette pandémie, c’est le bilan humain : 281 victimes en trois mois et demi pour une population de 271 000 habitants.

Le premier décès survient quelques jours seulement après le début de la crise et la vague déferle à une vitesse folle. Le point sanitaire du 22 septembre annonce seize décès en vingt-quatre heures. Le 28, après trois semaines, la Calédonie déplore cent décès en lien avec le virus. Puis plus de 200 au10 octobre et trois jours après, à nouveau l'annonce de seize personnes emportées en un jour.

Durant cette terrible période, le taux d’incidence cumulé sur sept jours glissants monte jusqu'à 1 200 contaminations pour 100 000 habitants. Au plus dur, les équipes hospitalières vivent des jours et des nuits infernales, aux urgences et en réanimation.

Des renforts arrivent de l’Hexagone à partir du 21 septembre, de la solidarité nationale et de la réserve sanitaire. Les derniers repartent le 1er décembre. Le 4 novembre, l’Etat verse à la Nouvelle-Calédonie une subvention de 4,8 milliards CFP, pour couvrir les frais engendrés par l’arrivée de la pandémie.

Vaccination obligatoire et pass sanitaire, les Calédoniens doivent aussi penser à la troisième consultation prévue par l’Accord de Nouméa. Le 12 décembre, la population s’est donc rendue aux urnes malgré la situation sanitaire du pays. Un scrutin qui sera marqué par une très forte abstention.

A L’HORIZON, OMICRON

Après Delta, c’est le variant Omicron qui fait parler de lui. Son évolution et sa contagiosité inquiètes. Le 22 décembre, alors que le couvre-feu et l’obligation de porter le masque en extérieur viennent d’être arrêtés, le gouvernement calédonien confirme deux suspicions de cas avec Omicron.

Janvier 2022, le Covid est toujours bien présent sur le territoire même si les Calédoniens ont appris à vivre avec. Au 14 janvier, le taux d’incidence augmente avec un total de 532 cas actifs sur le territoire. La réanimation est, elle, heureusement moins saturée.

Février 2022, le pass sanitaire est toujours obligatoire et la DASS averti la population que la dose de rappel du vaccin est importante. Un rappel qui permet également de mettre à jour le pass.

Au 18 mars 2022, la couverture vaccinale est de 66% de la population totale tandis que le taux d’incidence continue de baisser. Près de 60 000 cas ont été recensés depuis le début de la pandémie et le pays déplore 306 décès liés au Covid-19.

Deux ans après le début de la pandémie sur le territoire, les frontières sont rouvertes, les septaines ne sont plus obligatoires. Les Calédoniens ont aujourd’hui repris leur vie en composant au mieux avec le covid-19.