Où en est la vaccination des soignants dans les départements d'Outre-mer ?

L'obligation vaccinale pour les soignants entre progressivement en application dans les départements d'Outre-mer, avec quelques semaines de retard sur l'Hexagone. Taux de vaccination, mesures de suspension... Outre-mer La 1ère fait le point.

"L'obligation vaccinale (des soignants) doit s'appliquer en Guadeloupe et en Martinique comme dans le reste de la République". Interrogé par la députée de la Guadeloupe Justine Bénin le mois dernier, le ministre de la Santé avait rétorqué que les soignants exerçant dans les établissements de santé des Outre-mer avaient l'obligation de se faire vacciner contre le Covid-19, au même titre que leurs collègues de l'Hexagone.

Mais face à la singularité de la crise sanitaire en Outre-mer et la forte défiance de la population envers la vaccination, en particulier aux Antilles, le gouvernement avait accordé un délai supplémentaire aux territoires ultramarins. La loi ne devait s'appliquer qu'une fois que la 4e vague de contaminations serait terminée.

Aujourd'hui, la flambée épidémique de l'été s'est calmée, même si les indicateurs repartent à la hausse dans plusieurs territoires. L'occasion de faire le point sur l'avancée de la vaccination des personnels soignants dans les départements ultramarins.

Guadeloupe : 717 suspensions de soignants

En Guadeloupe, 76 % des soignants sont en conformité avec l'obligation vaccinale, selon Cédric Zolezzi, directeur adjoint du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Dans son établissement, ce taux atteint même 80,5 % du personnel.

Les professionnels de santé qui continuent d'exercer leur activité "ont présenté soit un certificat de vaccination, soit un certificat de rétablissement du Covid ou soit une contre-indication médicale les exemptant du vaccin", détaille-t-il.

Dès le 11 octobre, le CHUG a démarré le contrôle de son personnel, malgré le délai accordé par le ministre de la Santé. Depuis, 717 personnes ont été suspendues, avance Cédric Zolezzi. Ce qui correspond aux moins de 20 % de soignants n'étant pas en conformité avec la loi. Mais au fil des semaines, "le nombre de suspensions diminue", tient-il à nuancer.

L'application de l'obligation vaccinale en Guadeloupe ne s'est pas faite sans peine. Les Antilles étant particulièrement méfiantes vis-à-vis de la vaccination, des mobilisations de soignants sont venues rythmer les samedis de manifestations contre la politique sanitaire du gouvernement français.

Depuis, la situation semble se réguler dans le département, même si le taux de vaccination parmi les soignants reste éloigné du même taux dans l'Hexagone. Selon une enquête menée par Santé publique France fin septembre, plus de 92 % des professionnels exerçant en établissement de santé sont désormais vaccinés.

Martinique : place à la médiation

En Martinique, l'application de la loi sur l'obligation vaccinale a connu une opposition virulente. Piquets de grève, manifestations, sit-ins... Des affrontements ont même eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre le 15 octobre, comme le montre ce reportage de Martinique La 1ère :

Ces tensions ont mené à un imbroglio sur le contrôle du pass sanitaire dans les hôpitaux martiniquais. Quelques jours après les affrontements, et face aux menaces dont a fait l'objet la direction du Centre hospitalier universitaire de la Martinique (CHUM), l'établissement a décidé de suspendre le contrôle du statut vaccinal de son personnel le 19 octobre... avant d'assurer le lendemain que "le contrôle systématique du pass sanitaire n’(était) en aucun cas abandonné".

La situation particulière en Martinique a forcé le gouvernement à dépêcher une mission de médiation, qui a commencé son travail mercredi, dans l'espoir de trouver une solution au conflit social.

Contactée, l'Agence régionale de santé de la Martinique n'a pas souhaité communiquer de chiffres sur la vaccination des personnels soignants de l'île.

Jeudi, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a assuré sur TV5 Monde que les autorités "ne cèderont pas face à des minorités qui, clairement, sont dans une forme d'agitation politique".

Guyane : deux tiers du personnel en conformité

L'ARS Guyane a fait un point mercredi sur l'avancement de la vaccination parmi les personnes soumises à l'obligation vaccinale. Au 2 novembre, 86,4 % des professionnels de santé libéraux (qui exercent donc leur profession hors hôpitaux) étaient vaccinées ou avaient pu justifier d'un rétablissement du Covid ou d'une contre-indication médicale.

En revanche, ce taux avancé chez les libéraux cache un retard relatif de la vaccination des soignants dans les établissements de santé. Qu'ils soient publics ou privés, la part des vaccinés y est de 64,4 %, soit à peine les deux tiers du personnel.

Dans les trois seuls centres hospitaliers publics de Guyane, la vaccination peine à décoller : 54 % au Centre hospitalier de l'Ouest guyanais (CHOG), 61 % au Centre hospitalier de Cayenne (CHC), et seulement 47,84 % au Centre hospitalier de Kourou (CHK).

Les contrôles démarrant progressivement, très peu de mesures de suspension ont été prononcées dans ces établissements. Une seule personne a reçu un avis de suspension au CHOG et une autre au CHK, mais celles-ci ont déjà été levées. Une grève avait par ailleurs perturbé le fonctionnement de l'hôpital de Kourou fin septembre, en opposition à la vaccination obligatoire et à la mise en place du pass sanitaire.

La Réunion et Mayotte : des taux de vaccination élevés

Dans l'Océan indien, l'application de la loi sur l'obligation vaccinale a rencontré moins d'obstacles. Selon l'Agence régionale de Santé de La Réunion, plus de 94 % des professionnels travaillant dans les établissements de santé et des établissements médico-sociaux sont vaccinés.

À Mayotte, la direction du Centre hospitalier (CHM) évoque quant à elle le nombre de 85 % de vaccinés.

Avec la vague de début d’année, le personnel a parfaitement compris l’intérêt du vaccin et nous n’avons pas eu la vague pressentie en septembre. Peut être est ce justement l’effet vaccin.

Christophe Blanchard, directeur par intérim du CHM

À ce jour, seules six agents ont été suspendus au Centre hospitalier de Mayotte.

Et ailleurs, dans les collectivités d'Outre-mer ?