Des images frappantes, des chiffres vertigineux... Cette deuxième année rythmée par le Covid-19 n'aura pas épargné les territoires d'Outre-mer français, rattrapés par la réalité d'une pandémie qui n'a pas l'air de vouloir s'arrêter de sitôt. Alors que l'exécutif vient de prendre des nouvelles mesures dans le but de freiner l'avancée du variant Omicron, Outre-mer La 1ère revient sur cette année exceptionnelle d'état d'urgence sanitaire.
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Un taux de mortalité élevé
En presque 365 jours, plus de 3 100 personnes sont décédées du coronavirus dans les Outre-mer français. En 2020, ce nombre ne dépassait pas les 400.
Le Covid-19 a été particulièrement violent dans les Antilles. Au 28 décembre 2021, 895 personnes étaient mortes du virus en Guadeloupe, ce qui correspond à 237 décès pour 100 000 habitants, et 779 personnes l'étaient en Martinique (217 morts pour 100 000 habitants). Au niveau national, on ne dénombrait "que" 143 décès pour 100 000 habitants.
Au mois d'octobre, des députés avaient été dépêchés dans les deux îles pour y observer l'ampleur de la crise sanitaire après un été particulièrement meurtrier. L'un d'eux, Stéphane Mazars, s'était confié à Outre-mer La 1ère à son retour dans l'Hexagone :
Dans ces îles, on a l'impression que tout le monde se connait. Les deuils que l'épidémie a engendrés ont été vécus par les familles, par les proches, par les voisins de manière très importante et de manière assez singulière. Il n'y a pas une famille aux Antilles qui n'a pas été endeuillée.
Il faut dire que les départements d'Outre-mer ont vu le nombre de contaminations au coronavirus atteindre des niveaux records en 2021. Les variants Delta et Omicron, plus contagieux que la souche originale du Covid-19, ont notamment fait exploser les taux d'incidence dans les territoires ultramarins, mettant les établissements hospitaliers sous pression.
L'arrivée du virus dans le Pacifique
Alors que le virus faisait son chemin en France métropolitaine et dans les départements d'Outre-mer, des territoires ultramarins avaient, eux, été relativement épargnés par la pandémie. La Nouvelle-Calédonie ne comptait que quelques cas de Covid-19 avant le début de l'année 2021. Mais le virus s'est invité sur le territoire du Pacifique, déstabilisant son système hospitalier et forçant les autorités locales à prendre des mesures spécifiques.
En Polynésie française, les contaminations et les décès ont connu un pic au mois d'août. Les hôpitaux ont vu les malades affluer, forçant les équipes médicales à se réorganiser et le gouvernement national à envoyer des renforts sanitaires. Le Centre Hospitalier de Polynésie française (CHPF), alors submergé, avait dû installer des lits supplémentaires dans le hall de l'établissement, comme le montrait Polynésie La 1ère :
Idem en Nouvelle-Calédonie, où un premier cas de Covid-19 a été détecté le 6 septembre 2021. Pendant près de deux mois, le virus s'est propagé sur le Caillou, alors même qu'un scrutin primordial sur l'avenir constitutionnel de l'archipel se préparait. Près de 13 000 cas plus tard, l'épidémie semble s'être calmée dans le territoire ultramarin, laissant derrière elle 281 morts.
Que ce soit en Calédonie ou en Polynésie, l'État a fait montre de solidarité, envoyant de nombreux renforts sanitaires et militaires pour aider les soignants à faire face à ces vagues de Covid-19 inattendues.
Vaccination au ralenti, contestation sociale
2021 a aussi été marquée par l'arrivée des vaccins dans les territoires ultramarins français. Or, malgré 12 mois d'incitation et d'invitation à aller se faire vacciner de la part du gouvernement, la population d'Outre-mer ne s'est pas ruée vers les centres de vaccination. Hormis Saint-Pierre et Miquelon, tous les territoires éloignés de l'Hexagone accusent un retard considérable et est donc moins immunisée que la France métropolitaine. C'est particulièrement le cas aux Antilles et en Guyane, où les taux de vaccination ne dépassent pas les 35 %.
Les fausses informations et l'histoire récente de certains territoires - marqués par le scandale du chlordécone - ont nourri la méfiance de larges franges de la population envers la parole de l'État. Résultat : l'obligation vaccinale des soignants et l'instauration du pass sanitaire pour accéder aux lieux recevant du public ont entraîné un mouvement social d'ampleur, rythmé par des grèves et des violences, jusqu'à l'intrusion de manifestants dans les locaux du Conseil régional de la Guadeloupe.
2022 ne s'annonce guère plus optimiste sur le plan sanitaire en Outre-mer. Alors que La Réunion verra le retour du couvre-feu et des restrictions dès le 1er janvier, l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale - qui avait été décalée par le gouvernement pour les soignants antillais - et la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal pourraient être source de tensions au-delà de l'Hexagone.
Regardez le résumé de cette année Covid en Outre-mer, préparé par Nora Nonet :