Un accord a été signé ce mercredi 16 octobre en Martinique entre la grande distribution, les élus et l'État pour baisser en moyenne les prix de 20 % sur 6.000 produits de l'alimentaire sur l'île. Une décision qui ne satisfait pas les membres du RPPRAC, à l'origine de la mobilisation lancée le 1ᵉʳ septembre dernier, première des dates clés du mouvement de protestation contre la vie chère.
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1er septembre : première manifestation
Une mobilisation contre la vie chère démarre le 1ᵉʳ septembre à l'appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC) bloquant notamment temporairement le Grand port maritime de Martinique.
Le RPPRAC, menée par Rodrigue Petitot dit "le R", réclame l'alignement des prix de l'alimentaire sur ceux de la métropole, alors qu'ils sont 40 % plus élevés.
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Nuit du 2 au 3 septembre : premières tensions
Après que des manifestants ont été délogés par les forces de l'ordre aux abords du port à renfort de gaz lacrymogène, les premières tensions éclatent à Fort-de-France dans la nuit du 2 au 3 septembre, au cours desquelles six policiers sont légèrement blessés par des tirs d'armes à feu et jets de projectiles.
Des actions pacifiques ont lieu : opérations escargots, distribution de rubans rouges, courses fictives où les denrées sont abandonnées à la caisse à cause de leur prix...
Le préfet de la Martinique Jean-Christophe Bouvier organise le 5 une première table ronde avec la grande distribution, les institutions et des représentants du RPPRAC. Sans résultat.
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18 septembre : couvre-feu partiel
Nouvelles soirées de violence, principalement à Fort-de-France, à partir du 13 septembre, avec des barrages qui bloquent des grandes artères, des incendies, des jets de projectiles ou des tirs contre les forces de l'ordre.
Le 14, le commissariat de police de Fort-de-France est visé par des tirs tandis que, le 17, six policiers sont blessés par des tirs de plomb de chasse. Un jeune est blessé et conduit aux urgences de l'hôpital. Un restaurant McDonald's est incendié et un hypermarché Carrefour envahi par des protestataires.
Le 18 septembre, un couvre-feu est décrété dans les quartiers de Fort-de-France les plus touchés par la violence entre 21h et 5h du matin.
Malgré cela, les violences se poursuivent les nuits suivantes. Une interdiction partielle de manifester est prise par le préfet à Fort-de-France et dans trois autres communes de l'île le 20 septembre.
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21 septembre : CRS en renfort
La huitième Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) est appelée en renfort sur l'île le 21 septembre. L'envoi de cette unité d'élite, spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines et créée en 2021, est perçu par certains comme une provocation, car aucune compagnie républicaine de sécurité n'avait été autorisée à intervenir en Martinique depuis les émeutes sanglantes de décembre 1959.
En parallèle, plusieurs syndicats de différents secteurs d'activité rejoignent la contestation et organisent des "convois contre la vie chère" ou lancent des grèves.
Une taxe sur les biens importés sera supprimée pour des milliers de produits de première nécessité, annonce le 25 septembre la collectivité territoriale de Martinique.
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10 octobre : décès et aéroport envahi
Regain de tensions début octobre : quatre gendarmes mobiles sont légèrement blessés par des tirs dans la nuit du 7 au 8 octobre.
Une opération "Martinique île morte" est organisée le 9 octobre, à l'appel d'une trentaine organisations politiques et syndicales.
Dans la nuit du 9 au 10, plus d'une vingtaine de gendarmes sont blessés, des magasins pillés et brûlés, des barricades réinstallées. Un homme blessé par balle, retrouvé par les gendarmes lors d'une intervention contre le pillage d'un centre commercial, meurt à l'hôpital le 10 octobre.
Un couvre-feu nocturne et une interdiction de manifester sont décrétés sur l'ensemble de l'île. Des manifestants envahissent la piste de l'aéroport de Fort-de-France, le 10, ce qui oblige à détourner des avions sur la Guadeloupe.
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16 octobre : un accord arraché
Le 16 octobre, au terme d'un septième volet de négociations, un accord est arraché, notamment avec les distributeurs, pour baisser de "20 % en moyenne" les prix de 54 familles de produits correspondant aux produits alimentaires les plus consommés en Martinique.
Il n'a toutefois pas été signé par le RPPRAC qui exige une baisse sur "tout l'alimentaire" et a appelé à "poursuivre le mouvement".