Rétrospective 2020 : dans les Outre-mer aussi, une année marquée par la pandémie de Covid-19

Le port du masque dans les rues de Saint-Denis, à La Réunion.

Des inquiétudes du départ aux conséquences économiques et sociales, en passant par la lassitude des consignes sanitaires et l'épuisement des soignants, la pandémie de Covid-19 laissera une trace indélibile dans le souvenir de l'année 2020. Retour sur cette année particulière en Outre-mer.

Si l'année 2020 n'a pas été uniquement marquée par la pandémie de Covid-19, celles-ci resteront intimement liées. En Outre-mer, la peur de voir arriver un virus dont on ne savait que peu de choses a dû vite laisser place à l'organisation pour gérer les premiers cas ou empêcher ceux-ci de se déclarer. Outre-mer la 1ère vous propose de revenir sur cette année de coronavirus dans les Outre-mer.

#1 Peurs, rumeurs et quarantaines

Est-ce qu'un petit territoire comme la Guadeloupe, dont le CHU a brûlé en 2017, ou comme Mayotte qui a de très faibles capacités hospitalières en réanimation, pourrait affronter une épidémie de coronavirus ? La question s'est rapidement posée en Outre-mer et certains hôpitaux ont commencé à se préparer bien avant de voir les premiers cas se déclarer. 

Mais malgré ça, la peur s'est très vite emparée de la population et des rumeurs ont commencé à circuler en son sein, comme à Mayotte où la peur d'une pénurie de riz a provoqué la prise d'assaut des magasins de l'île. Puis, la crainte de voir arriver le virus par voie maritime ou aérienne s'est installée et de nombreux navires sont restés en quarantaine aux larges des côtes du monde entier. Linda et Michel Vittori, deux Calédoniens en croisière près du Japon, sont ainsi restés bloqués sur le paquebot où près de 500 personnes ont été infectées, dont Michel Vittori. Ils ont raconté leur quarantaine à Nouvelle-Calédonie la 1ère :

 
Dans la Caraïbe, en Nouvelle-Calédonie ou encore en Polynésie, plusieurs navires se voient refuser le droit d'accoster. En Martinique, des manifestants bloquent le 27 février la descente des passagers du Costa Magica. Des touristes allemands sont également pris à parti lors de leur arrivée à l'aéroport Aimé Césaire deux jours plus tard. 

 

 

#2 Les premiers cas détectés en Outre-mer

Les premiers cas dans les Outre-mer ont d'abord été dépistés à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, dimanche 1er mars. Il s'agissait d'un résident de l'île et de ses parents, interceptés à l'aéroport de Saint-Martin après l'appel au SAMU de leur fils et placés à l'isolement. 

Le 4 mars, l'Agence régionale de santé de Guyane le confirme : cinq cas ont été identifiés à Saint-Laurent du Maroni. Il s'agit de cinq personnes qui avaient participé quelques jours plus tôt à un rassemblement religieux à Mulhouse, en Alsace.

Le lendemain, le 5 mars, la Martinique est touchée à son tour. Deux cas sont confirmés dans un hôtel des Trois-Îlets, dont un médecin suisse en séminaire dans l'île. 

Le 11 mars, c'est au tour de La Réunion où le premier cas identifié est un homme de 80 ans de retour des Etats-Unis. Le même jour, la Polynésie enregistre sa première détection de coronavirus sur le territoire en la personne de la députée Maïna Sage, de retour de Paris.

Très rapidement, le lendemain, la Guadeloupe annonce son premier cas positif, une femme de 36 ans de retour d'une croisière. Mayotte suit de près, le 14 mars, avec la détection du virus chez un homme qui arrive de l'Hexagone. 

Le 18 mars, la Nouvelle-Calédonie s'ajoute à la liste des territoires ultramarins contaminés par le Covid-19. Deux personnes en provenance d'Australie, un couple en voyage de noces sur le Caillou, sont hospitalisées et testées positives au coronavirus.

Début avril, un cas positif mais asymptomatique est détecté Saint-Pierre et Miquelon, une personne arrivée dans l'archipel et placée en quatorzaine. 

Après plusieurs mois de résistance, Wallis et Futuna, l'un des derniers territoires ultramarins avec les Terres australes et antarctiques françaises, à avoir été épargné par la pandémie, enregistre son premier cas le 16 octobre. Il s'agit là aussi d'une personne arrivée de l'extérieur et isolée.

 

#3 Confinement(s) et couvre-feux

Alors que le nombre de cas ne cesse d'augmenter en Outre-mer et que partout, les établissements scolaires, les restaurants et les lieux publics ferment petit à petit leurs portes, le 17 mars, un confinement généralisé entre en vigueur dans toute la France. En Outre-mer comme dans l'Hexagone, l'activité est stoppée nette, la vie de toutes et tous est en pause, dans l'attente de nouvelles mesures pour certains et dans l'angoisse pour beaucoup. 

 

En plus du confinement, certains territoires comme Mayotte, la Polynésie ou encore la Guadeloupe mettent en place des couvre-feux afin de limiter encore plus les déplacements de population et donc, la circulation active du virus. Le 11 mai, alors que le déconfinement progressif se met en place en France, quelques départements restent sous le joug de mesures strictes. C'est le cas de la Guyane qui a maintenu le couvre-feu jusqu'à la fin juin. Une mesure jugée efficace et reprise plusieurs mois plus tard dans l'Hexagone, mais qui ne permettra pas hélas d'endiguer la seconde vague actuelle. 

Le 29 octobre, l'Hexagone et la Martinique se reconfinent jusqu'au 15 décembre. Puis, des couvre-feux sont instaurés dans chaque territoire, notamment à l'occasion des fêtes de fin d'année.

 

#4 Des territoires durement touchés

Lors de la première vague de l'épidémie, la situation de la Guyane et de Mayotte était particulièrement inquiétante. Les bulletins épidémiologiques se suivent et annoncent toujours plus de cas alors que les structures hospitalières ont du mal à suivre le rythme. En deux semaines, au moins de juin, le nombre de cas en Guyane a quadruplé. Des malades du territoire sont envoyés en Martinique et en Guadeloupe, tandis que Mayotte procède à des évacuations sanitaires vers La Réunion.

Des renforts militaires et médicaux sont envoyés dans ces deux territoires pour faciliter les évacuations sanitaires. Un hôpital militaire avec 12 lits supplémentaires est installé à Mayotte au début du mois de mai. Le 11 juillet, le Premier ministre Jean Castex se rend en Guyane pour son premier voyage officiel, à l'occasion une visite expresse afin de faire le point sur les renforts déployés dans le territoire. 

Quelques mois plus tard, c'est la Polynésie qui voit les compteurs de nombre de cas s'affoler subitement à la fin de l'été. Le territoire passe le cap des 1000 cas en septembre, puis celui des 10000 cas début novembre

#5 La détresse des soignants ultramarins

Pour gérer cette situation inédite dans l'histoire récente du pays, les soignants sont en première ligne. Parmi eux, beaucoup d'Ultramarins qui tiennent bon malgré l'épuisement et l'angoisse. Au manque de personnel et de matériel dénoncés de longue date par les équipes hospitalières, s'ajoutent des masques de protection défectueux et des blouses de fortune, des journées à rallonge et des afflux de patients de plus en plus difficiles à gérer. "L'hôpital est submergé", confiait ainsi Monique, Martiniquaise travaillant à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, en mars. 

L'émotion des applaudissements tous les soirs à 20h dans toute la France par les citoyens confinés, laisse place à la colère face à une situation qui aurait pu, selon certains, être évitée. "Lorsque nous aurons surmonté cette crise sanitaire, il faudra se souvenir de l'engagement du personnel soignant pour combattre ce virus", rappelait Raphaëlle Jean-Louis, infirmière d'origine martiniquaise à Chartres. "Notre statut devra évoluer. Nous ne nous contenterons pas d'une prime pour bons et loyaux services."

(Re)voir le témoignage de Raphaëlle Jean-Louis :

 

#6 Report des éléctions municipales

Le premier confinement a pris place au lendemain du premier tour des élections municipales, provoquant le report sine die du second tour. Celui-ci s'est finalement tenu le 28 juin, mais pas dans toute la France. Il est de nouveau reporté en Guyane, encore très durement touchée par l'épidémie, dans les sept communes concernées. Les électeurs seront finalement appelés aux urnes les 18 et 25 octobre pour élire les édiles de ces mairies. 

#7 Au milieu de l'angoisse, des moments insolites 

Cette année très particulière aura aussi vu se produire des moments insolites, entre occupations de confinement, musiques revisitées pour appeler à se protéger et invention de nouveaux moyens de se retrouver. Avant le premier confinement, les catholiques de Bussy-Saint-Georges (94), qui rassemblent des fidèles ultramarins, ont ainsi pu tester le "catho-footshake" avec le prêtre de la paroisse

 

Et malgré le coup dur du confinement, les lecteurs d'Outre-mer la 1ère n'ont pas perdu leur sens de l'humour, trouvant de nouveaux moyens de s'occuper et les partageant sur les réseaux sociaux

Le coronavirus a aussi inspiré les artistes, comme le chanteur réunionnais JF Aubin qui a proposé un "sega coronavirus" aux rythmes traditionnels de l'île ou le guadeloupéen Admiral T qui a chanté une musique de prévention pour appeler ses fans à se protéger et à protéger les autres. 

L'année 2020 a été aussi l'occasion d'un vol historique entre Papeete et Paris, conséquence de la fermeture du ciel américain décidée par Donald Trump en raison de l'épidémie. 15 700 kilomètres parcourus sans escale, en seize heures, par un appareil de la compagnie Air Tahiti Nui. Un exploit qui a fait de ce vol le vol commercial domestique le plus long de l'histoire de l'aviation française. 

Outre-mer la 1ère était à l'arrivée à Roissy pour rencontrer les passagers ravis de cet expérience :