Rétrospective : hors Covid, quelles ont été les actualités marquantes en Outre-mer en 2020 ?

Profondément marquée par la pandémie de coronavirus, l'année 2020 aura aussi été l'année de la question du déboulonnage des statues, du référendum en Nouvelle-Calédonie ou encore de l'arrêt de France Ô. Tour d'horizon des actualités qui ont marqué les Outre-mer en 2020. 

► Déboulonnage des statues liées à l'histoire de l'esclavage

Le 22 mai 2020, jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage en Martinique, deux statues de Victor Schoelcher sont détruites à Fort-de-France et dans la commune de Schoelcher. 

 
Quelques jours après les faits, un groupe de jeunes activistes revendique cette action, expliquant ne plus vouloir être "entourés de symboles qui [les] insultent". Dans les semaines qui suivent, d'autres actes similaires se produisent dans d'autres endroits de l'île mais aussi en Guyane, ou encore à La Réunion. Des statues seront également détruites en Belgique, aux Etats-Unis et en Angleterre. 

Le 26 mai, la mort de Georges Floyd, un citoyen noir américain tué lors de son interpellation violente par des policiers aux Etats-Unis met le feu aux poudres dans le monde entier et relance activement les luttes antiracistes. La problématique des statues, des plaques de rues aux noms de personnalités liées à l'histoire de l'esclavage est alors largement évoquée, certains défendant le maintien de ces symboles dans une visée de conservation ou de pédagogie, d'autres en demandant la suppression pure et simple.  

Le Président de la République abordera lui aussi ce sujet, expliquant lors d'une allocution télévisée le 14 juin que "la République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire". En fin d'année, lors d'une interview au média en ligne Brut, Emmanuel Macron a ensuite annoncé qu'un travail de sélection de noms était en cours pour valoriser les personnes "issues de la diversité", souvent oubliées de l'Histoire. Sept personnalités ultramarines ont déjà été annoncées. 

► L'interpellation de Michel Zecler et la question des violences policières

La mort de Georges Floyd aux Etats-Unis a provoqué une très forte mobilisation dans le monde entier contre le racisme et les violences policières. Dans l'Hexagone comme en Outre-mer, de nombreux Ultramarins se sont levés pour dire non, tant dans la rue que sur les réseaux sociaux. Et après plusieurs mois de débats et de mobilisations, un nouvel événement vient raviver la colère : l'arrestation violente de Michel Zecler, un producteur de musique martiniquais, dans son studio du XVIIe arrondissement de Paris fin novembre.

Grâce aux images de vidéosurveillance partagées par le média en ligne Loopsider, l'affaire prend rapidement une très grande ampleur, jusqu'à être évoquée par Emmanuel Macron qui demandera des sanctions pour les policiers responsables. A La Réunion ou encore à l'Assemblée nationale par la voix du député Serge Letchimy, l'indignation est très forte. Un mois après les faits, à la fin de cette année 2020, l'affaire fait toujours beaucoup parler et devrait avoir encore des échos en 2021 avec les suites de l'enquête ouverte par l'IGPN.


► Le second référendum en Nouvelle-Calédonie

Deux ans après le premier référendum sur l'avenir constitutionnel de la Nouvelle-Calédonie, les Calédoniens ont de nouveau dit non à l'indépendance lors du scrutin qui s'est tenu le 4 octobre. Mais cette fois, alors que près de 86% des électeurs inscrits sur les listes spéciales se sont déplacés aux urnes, l'écart est plus serré. Le vote en faveur de l'indépendance aura en effet progressé en deux ans, atteignant 46,74% des voix.

Le nouveau ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, nommé en juillet 2020, s'est ensuite rendu en Nouvelle-Calédonie "pour préparer le suite" de l'Accord de Nouméa, alors que des dissenssions subsistent sur son application vingt ans après sa signature.

 

► Le procès des attentats de janvier 2015 et le souvenir de Clarissa Jean-Philippe

La fin d'année 2020 a été marquée par un procès d'une ampleur inédite à la cour d'assises spéciale du tribunal de Paris : le procès des attentats de janvier 2015. Onze accusés étaient jugés pour avoir été liés de près ou de loin à la préparation des attaques de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'HyperCasher de la Porte de Vincennes, perpétrées par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly.

Un moment historique, très attendu par les victimes et leurs proches, comme ceux de Clarissa Jean-Philippe, policière martiniquaise abattue à Montrouge le 8 janvier à seulement 26 ans. Sa mère, Marie-Louisia, très affaiblie par la peine et par deux cancers, a fait le déplacement depuis la Martinique, restant près de trois mois à Paris pour assister à ce procès hors norme, maintes fois repoussé suite à la contamination au Covid de plusieurs accusés. Ceux-là ont été condamnés à des peines allant de 4 à 30 ans de réclusion. "Je suis soulagée, mais ça ne va pas me rendre ma fille", a déclaré Marie-Louisia Jean-Philippe à Outre-mer la 1ère à l'issue des délibérés.

 

► Le report des JO 2020 et la déception des athlètes ultramarins

Le Covid a eu au cours de l'année de nombreuses conséquences sur la culture et le monde du sport avec la fermeture des musées, théâtres, salles de concert, des stades mais aussi l'annulation d'événements comme les Jeux Olympiques qui auraient dû se dérouler à Tokyo durant l'été. Une chance pour certains athlètes ultramarins, blessés ou pas tout à fait prêts, qui gagnent une année supplémentaire pour se préparer. Mais surtout une grande déception pour ceux qui avaient espoir de briller

 

►L’arrêt de France Ô et le lancement de la plateforme

France Ô est mort, place à la plateforme Outre-mer la 1ère. Le 24 août, la chaîne dédiée aux Outre-mer a cessé sa diffusion après 15 ans d'existence et de longs mois d'incertitude quant à son avenir, qui ont poussé à la création du collectif Sauvons France Ô. Le 3 juin, la plateforme Outre-mer la 1ère a été lancée, présentée comme une alternative à la chaîne. Les internautes et anciens téléspectateurs de France Ô peuvent y retrouver toutes les actualités des territoires ultramarins, mais aussi de nouveaux programmes comme "Outre-mer, et si on bougeait les lignes" ou le podcast #MaParole

 

► La crise du rachat de l'usine du Sud en Nouvelle-Calédonie

La fin d'année en Nouvelle-Calédonie a également été marquée par le conflit autour du rachat de l'usine de nickel installée dans le Sud du territoire. Le 8 septembre dernier, le repreneur potentiel, le groupe australien New Century Resources, se retire des négociations avec le groupe brésilien Vale, propriétaire de l'usine du Sud. Pour la reprise du site, deux visions s'opposent alors. D'un côté, l'offre d'un consortium calédonien appuyée par le groupe suisse Trafigura, soutenue par l'Etat et la majorité des salariés de l'entreprise, et de l'autre, celle de la Sofinor qui met en avant le groupe Korea Zinc, prônée par le camp indépendantiste.


Des négociations âpres s'en suivent lors de table-ronde autour de l'Etat. Un premier accord est trouvé début décembre mais dès le lendemain, le FLNKS annonce "reprendre la main sur le dossier" et le rejette. Le 7 décembre, son partenaire Korea Zinc, qui n'avait pas finalisé d'offre, se retire et le 9, Vale annonce avoir signé la vente avec Prony Ressources. Par la suite, de fortes tensions éclatent dans tout le territoire : blocages de route, manifestations, intrusion dans l'un des sites et même, un incendie volontaire le 14 décembre. 

 

► Le réveil de la Montagne Pelée en Martinique 

Après presque un siècle sans activité, la Montagne Pelée, volcan de la Martinique, a montré des signes de réveil en cette fin d'année 2020. Le 4 décembre, l'observatoire sismologique et volcanologique a même demandé le passage en vigilance jaune après un an de signes de reprise d'activité. 

Le volcan de la montagne Pelée (Martinique).