Rétro 2022 en Nouvelle-Calédonie : une année nickel faite de hauts et de bas

Le LME, le site de Doniambo avec la centrale accostée temporaire, le Congrès examinant la fiscalité minière et le bassin de la Kwé Ouest dans le Grand Sud.
Côté hauts, un cours du nickel qui flambe ou des exportations pas loin d'atteindre des records en termes de valeur. Côté bas, les difficultés rencontrées par les usines, à commencer par la situation bien incertaine de la SLN.

L’année nickel 2022 débute avec une flambée des cours. Début mars, la valeur du métal vert s’envole littéralement. Le 8 mars, elle dépasse même 100.000 dollars la tonne. Une folie boursière, au point de voir la Bourse des métaux de Londres suspendre la cotation pour plusieurs jours. Avec des prix oscillants entre 20 000 et 30 000 dollars, le secteur s’avère particulièrement bien orienté. Voilà qui jure avec les difficultés des usines calédoniennes.

Trajectoire d'usines

La Société Le Nickel, premier employeur privé du pays, affiche un déficit de 55 milliards, en ce début d’exercice. Afin d’apporter du cash à l’entreprise, le gouvernement calédonien lui accorde un droit à l’exportation de deux millions de tonnes supplémentaires, contre une promesse  d’investissement et de mutualisation des moyens. Intitulée "une nouvelle trajectoire pour la SLN", la convention en ce sens est signée le 15 février, à Nouméa.
A KNS, on espérait doubler les 17 000 tonnes de production réalisées en 2021. Objectif affiché grâce à la remise en service du second four. Le nouveau PDG Neil Meadows, dont on apprend la nomination le 8 avril, veut relativiser les problèmes qu’a pu rencontrer l’usine du Nord.

Centrale flottante sur mer agitée

Hélas pour les finances, les hausses des prix du carburant, donc de l’énergie et du transport, ont plombé les coûts de production. Alors qu'une centrale électrique flottante arrive à la SLN le 3 septembre, en provenance de Turquie, l’entreprise annonce la suppression de 53 emplois à Kouaoua. Et fait monter la tension, par exemple le 26 septembre, sur site. Les dernières tranches d’emprunt ont en effet été épuisées. Pour la deuxième fois, la "Vieille dame" est placée sous mandat ad hoc, apprend-on à la mi-novembre. Lors de la visite de Christel Bories, patronne de la maison-mère Eramet, les syndicats s’inquiètent quant à l’avenir de Doniambo.

Les mots d'un ministre

Lors de son séjour sur le Caillou, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer est lui aussi sollicité au sujet du nickel. Au nom de la France, il se veut rassurant. Un groupe de travail y sera consacré. Rassurant, mais pas forcément prodigue. ""La France sera toujours du côté de la Nouvelle-Calédonie et est très fière de sa production de nickel, déclare Gérald Darmanin le 30 novembre à Koné. Mais elle ne peut pas se limiter à faire des chèques. On doit savoir quel est le projet industriel derrière le nickel."

La valeur des exportations

Alors que l’année s’achève, les chiffres de production calculés sur les dix premiers mois s'avèrent loin d’être ridicules. Aussi bien en métallurgie que sur mine. Et si on se réfère aux valeurs à l’exportation, 2022 n’est pas loin d’être une année record, avec 168 milliards pour la seule métallurgie. En tout cas du jamais vu depuis dix ans.

La fiscalité minière se fait attendre

C’est dans ce contexte contrasté qu’a été présentée la réforme fiscale portée par le dix-septième gouvernement. Sous forme de deux taxes ou redevances censées rapporter chacune 1,8 milliard : il s'agit d'une redevance sur les extractions de produits miniers et une taxe à l’exportation. Un domaine plutôt favorisé par les exemptions, une contribution très minimaliste. Les projets de loi du pays sont actés par l'exécutif le 21 septembre. Ils figurent à l'ordre du jour du Congrès le 8 décembre. Mais au bout du compte, tout l'hémicycle se met d'accord pour les renvoyer en commission.

L'amodiation passe, mais...

Le 28 novembre, un autre texte qui concerne la filière a, lui, été adopté, avec les voix UC FLNKS et Nationalistes, la majeure partie de l'Avenir en confiance et les Loyalistes. Le Code minier a été modifié de façon à intégrer un dispositif d'amodiation, c’est-à-dire de transfert de titres, qui doit permettre la plus grande implication des collectivités dans l'exploitation du sous-sol calédonien. Voilà qui est lié à l'accord politique signé le 4 mars 2021 pour mettre fin au conflit lié à l'usine du Sud. La proposition inquiète. Le 14 décembre, Calédonie ensemble fait savoir qu'une demande de seconde lecture, signée par ses élus "ainsi que cinq conseillers du groupe Uni, a été déposée sur le bureau du Congrès".

Accords, et incidents

L'actualité 2022, c'est aussi l’accord-cadre signé le 24 mai à Nouméa par le gouvernement, la province Sud, Enercal, la SLN et Prony Resources. Objectif affiché, "décarboner" l'industrie du nickel.

Le 4 juin, autre accord signé, cette fois à Houaïlou, pour mettre fin à trente ans de conflit entre la Société Le Nickel et l’association Kuneka. La SLN, qui n’a plus exploité le minerai sur cette commune depuis 1977, reconnaît les clans propriétaires terriens de la région comme des interlocuteurs incontournables de chaque décision prise à l’avenir.

Plus au Sud, incident sur le site de Prony Resources à la mi-septembre. Les eaux de ruissellement en aval du bassin KO2, qui se dirigent vers la rivière Kwé, ont été saturées en métaux lourds, après un énième épisode de fortes pluies
Et sur la côte Ouest, à la limite de Païta et Boulouparis, un chaland coule le 27 octobre. La barge transportait 280 tonnes de minerai pour le compte de la SMGM, depuis le littoral et à destination d’un navire stationné en baie de Saint-Vincent.