Référendum le 12 décembre : retour sur le débat autour de la date

Vote pour le référendum du 4 octobre 2020.
Les indépendantistes demandaient son report. Les loyalistes plaidaient pour son maintien. L'Etat a tranché : le dernier référendum prévu par l'Accord de Nouméa aura bien lieu le 12 décembre 2021 en Nouvelle-Calédonie. On refait le calendrier !

Au 11 novembre 2021, le suspense atteignait des sommets. La troisième consultation sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie allait-elle être maintenue à la date choisie en milieu d'année, c'est-à-dire le dimanche 12 décembre ? Ou est-ce que ce référendum pour ou contre l'indépendance allait être reporté ? Si oui, à quel moment ? Et voilà qu'à un mois de la date envisagée, l'Etat a opté pour le maintien. La conclusion d'un véritable feuilleton, dont NC la 1ère remonte le fil.

 

  • 10 octobre 2019 : "pas de troisième consultation entre mi-septembre 2021 et août 2022"

Ça se passe à Paris, lors du dix-neuvième Comité des signataires. "L’Accord de Nouméa prévoit que, en cas de non au deuxième référendum, il est possible de tenir un troisième référendum dans les deux ans qui suivent le deuxième", rappelle Edouard Philippe, alors Premier ministre. Mais il ajoute : "Nous avons exclu que cette troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022."

La raison ? Les futures élections présidentielles et législatives. "Il nous est collectivement apparu qu’il était préférable de bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie", pose le chef du gouvernement. "Le choix du calendrier après la deuxième consultation constituera donc un enjeu majeur. Le gouvernement et les forces politiques de Nouvelle-Calédonie ont à cet égard évoqué la nécessité de poursuivre le dialogue tout au long de ce processus."
 

  • 6 novembre 2020, l’UC parle référendum

Lors de son 51e congrès, à Touho, l’Union calédonienne se prononce pour la demande d’un troisième référendum, qui serait déposée dès que possible, soit dès le 4 avril 2021.

 

  • 6 avril 2021, le Premier ministre invite

Jean Castex, qui est désormais le Premier ministre, écrit aux acteurs politiques calédoniens pour les inviter à "une session d’échange et de travail" du 25 mai au 3 juin 2021.

 

  • 8 avril, les indépendantistes demandent le troisième

Après les scrutins du 4 novembre 2018 et du 4 octobre 2020, les groupes indépendantistes au Congrès demandent le déclenchement du troisième référendum.

 

  • Mai, iront ou iront pas ? 

Le 5 mai, le FLNKS annonce qu’il n’ira pas à Paris participer aux discussions… quand le 10 mai, l’Union calédonienne dit qu’elle ira. Le 19,  l’UC confirme rejoindre ces fameuses discussions parisiennes, "pour écouter". Et le 20, l’Uni confirme ne pas faire le déplacement.

 

  • 12 mai, le vœu de la province Sud

Dans l’intervalle, le 12 mai, l’assemblée de la province Sud adopte un vœu favorable à l’organisation de la consultation en 2021 - les élus du FLNKS s’abstiennent. Des vœux similaires sont pris par des conseils municipaux, comme celui de Païta.

 

  • 2 juin, la date est annoncée

Après les discussions menées à Paris sur l’avenir de la Nouvelle-calédonie, avec plusieurs délégations politiques, le référendum est fixé au 12 décembre 2021. Un choix source de divisions. Le 4, l’Uni fait savoir que la date ne lui convient pas. Mais si l’Union nationale pour l’indépendance n’approuve pas, elle n’appelle pas au boycott.

 

  • 30 juin, la date est confirmée

Le 23, le Congrès émet un avis favorable au projet de décret qui organisera le scrutin du 12 décembre. Mais pas unanime : 28 voix pour (les loyalistes mais aussi l'Eveil océanien), quatorze contre (notamment l'Uni) et douze abstentions (à savoir l'UC). Le 30 juin, le gouvernement français prend ce décret, et entérine la date.

 

  • 16 juillet, le document du Oui et du Non est dévoilé

Très demandé et très attendu, le document détaille sur une centaine de pages les conséquences d’une victoire du Oui ou du Non à l'indépendance. Les services de l'Etat y analysent les répercussions économiques, juridiques ou encore sociales du scrutin. En parallèle, l'organisation concrète du vote se précise : établissement de la liste électorale spéciale, composition de la commission de contrôle...
 

  • Week-end des 21 et 22 août, débuts de campagne

Le samedi, les Loyalistes lancent leur campagne à Téné, commune de Bourail, à travers les Voix du Non. Les indépendantistes, eux, ont choisi l'Anse-Vata, à Nouméa, pour se mettre en ordre de marche, avec un congrès du FLNKS le 21 puis un congrès populaire le 22. Au cœur des échanges, la campagne pour le Oui.
 

  • 6 septembre, le référendum passe après la pandémie

Le lundi 6 septembre, la Calédonie est rattrapée par la pandémie dont elle arrivait à se protéger depuis un an et demi : alors que la campagne référendaire démarrait, l'élan est stoppé par l’annonce que le coronavirus, plus précisément son très contagieux variant delta, circule sur le Caillou. Quelques jours plus tard, c’est l’annonce tant redoutée, celle du premier mort. Au 11 novembre, on décomptera 272 décès.

 

  • Début octobre, il est question d'un report...et d'un maintien

Le 19 septembre, en plein confinement, la commission de contrôle annonce les groupes et partis qui auront le droit à la campagne officielle. Mais le 4 octobre, Charles Washetine et Pierre-Chanel Tutugoro évoquent officiellement un possible report du référendum au nom du bureau politique du FLNKS. Ce que développe Jean Creugnet trois jours plus tard.

Le 5, les Républicains calédoniens, le MPC et Générations NC se positionnent au contraire pour le maintien de la date du 12 décembre. NC la 1ère récapitule dans un article les positions des uns et des autres.

 

  • 9 octobre, Sébastien Lecornu ne privilégie pas le report

"Dans une démocratie, on tient ses élections à l'heure", martèle le ministère des Outre-mer arrivé en Calédonie, qui prévient : seule une épidémie "hors de contrôle" pourrait retarder le référendum.
 

  • 13 et 20 octobre, le spectre de la non-participation

Le 13 octobre, les débats entre élus du boulevard Vauban glissent sur la date, avec des passes d’armes musclées. Ce jour-là, pour la première fois, Daniel Goa, président de l’Union calédonienne, évoque la non-participation du camp indépendantiste au scrutin s’il est maintenu le 12 décembre.

Le 20, c'est l'appel que lance en effet le bureau politique du FLNKS. Et entre les deux, le 14, deux autres entités demandent le report : le Mouvement nationaliste pour la souveraineté de Kanaky et le Mouvement des Océaniens indépendantistes.

 

  • 19 octobre, la cause du report plaidée à l'Onu

A New York, l’ambassadeur de la Papouasie-Nouvelle-Guinée auprès des Nations Unies plaide pour un report du troisième référendum "à un moment approprié lorsque la situation s'améliorera." Une demande au nom du groupe du Fer de lance mélanésien.

Selon le Rassemblement-LR, les indépendantistes "ne sont pas suffisamment sereins pour que le référendum se tienne le 12 décembre".

 

  • 27 octobre, le monde économique s'exprime

Les dirigeants économiques se prononcent pour le maintien de la date du 12 décembre. Plus tôt la Calédonie passera le cap de la consultation, plus tôt elle pourra bâtir son futur modèle économique et social : voilà en substance la position défendue par le groupement NC Eco.

 

  • Début novembre, l'idée de ne pas prendre part aux discussions sur l'après

Le 3 novembre, l’USTKE renchérit : le syndicat indépendantiste se positionne pour le report. Puis nouvelle marche de franchie dans le bras-de-fer : le FLNKS annonce qu’en cas de maintien au 12 décembre, il ne prendra pas part aux discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie le lendemain du scrutin.

 

  • 8 novembre, lettres au président…

Une cinquantaine de personnalités calédoniennes signent un courrier à Emmanuel Macron. Issues du monde économique, médical, culturel, associatif ou sportif, elles demandent le maintien de la consultation à la date prévue et défendent : "Un report serait une erreur."

L’association citoyenne de Nouvelle-Caledonie accompagne pour sa part un courrier identique au président de la République d’une pétition revendiquant plus de cinq mille signatures. Là aussi pour le maintien, afin de "sortir au plus vite de l’Accord de Nouméa" et  "d’envisager des perspectives sereines et bénéfiques pour l’ensemble des Calédoniens".

 

  • … et les loyalistes prient l’Etat d’être ferme

Nouvelle prise de position pro-maintien, pour les Républicains calédoniens, Générations NC et le MPC. Se disant déterminés, ils demandent à l'Etat de sortir de l'ambiguïté et confirmer le référendum au 12 décembre.

 

  • 9 novembre, le Sénat coutumier s'exprime, les indépendantistes font front...

Face à l'épidémie de Covid, le Sénat coutumier décrète un "deuil kanak" d'une année et demande le report du référendum. Ce même jour, l’ensemble des mouvements indépendantistes se constitue en "comité stratégique indépendantiste de non-participation". Composé du FLNKS, du MNSK et de l’USTKE, il demande à son tour le report du référendum.
 

  • …l'Etat présente les conditions du vote

Pendant ce temps, les mesures sanitaires décidées pour le jour du scrutin sont détaillées par le haut-commissariat. D'importants renforts de sécurité sont aussi en cours de déploiement.

 

  • …le ministre botte en touche, le député Gomès renchérit

Toujours le 9 novembre, Sébastien Lecornu interrogé à l'Assemblée nationale explique en substance que la décision (maintien ou report ?) n'est pas prise, à la vue de la "complexité du dossier" et qu'un dialogue est nécessaire. Il répond au député Philippe Gomès, Calédonie ensemble, qui prône le maintien : "Nous sommes intimement persuadés qu'il faut sortir du tunnel référendaire le plus vite possible."
 

  • 10 novembre, le Conseil des ministres… ne tranche pas

Le président de la République va-t-il annoncer la décision que tout le monde attend dans son allocution du 9 au soir ? Non. Le Conseil des ministres va-t-il trancher le 10 au matin ? Non plus. Mais le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, évoque une décision "prise et confirmée dans les tout prochains jours" par Sébastien Lecornu.

 

  • 12 novembre, le haut-commissaire annonce le maintien... à Ponérihouen

Ce sera en fait le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie qui mettra un terme à ce suspense : le matin du 12 novembre, à un mois de la fameuse date, Patrice Faure confirme l'organisation de la consultation d'autodétermination le 12 décembre, en évoquant une décision prise à Paris durant la nuit. Cette annonce a lieu lors d'un déplacement du représentant de l'Etat à Ponérihouen, dont le maire est le secrétaire général de l'Union calédonienne.