Rétrospective : les 10 événements qui ont marqué l'Outre-mer en 2018

L'année s'achève et c'est l'occasion de regarder en arrière : quels sont les événements qui ont marqué l'actualité des Outre-mer en 2018 ? Crise sociale à Mayotte, gilets jaunes à La Réunion, référendum en Nouvelle-Calédonie, coupe du monde de football... Retour sur les points marquants de l'année.
L'année 2018 a été riche en actualités... Entre grognes sociales, victoires sportives, rendez-vous politiques et culturels : que faut-il retenir de l'année écoulée pour les Outre-mer ?
 

#Crise sociale à Mayotte


Le début de l’année est rapidement intense avec, dès le mois de janvier, un conflit social d’ampleur à Mayotte. Suite à des bagarres entre bandes de jeunes au lycée de Kahani, les agents de l’éducation nationale exercent leur droit de retrait, rapidement rejoints par les transporteurs scolaires. Les grèves se succèdent pendant un mois jusqu’à devenir un mouvement général appelé "opération île morte". Le 20 février, près d’un millier de personnes défilent contre l’insécurité. Des barrages sont érigés sur les axes routiers et maritimes de Mayotte. Le 5 mars, les élus mahorais rejoignent le mouvement et réclament à l’Etat l’égalité de développement de Mayotte. Deux jours après, au moins 3000 personnes défilent à Mamoudzou, le chef-lieu.
 
En réponse, le gouvernement envoie deux pelotons de gendarmes mobiles, annonce un plan de sécurisation des établissements et transports scolaires et des mesures de lutte contre l’immigration clandestine. Le 12 mars, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, arrive à Mayotte où elle est huée par les manifestants qui réclament la venue du Président ou du Premier ministre. Mais à son départ, le mouvement se durcit. Les barrages sont maintenus, les pénuries se multiplient et l’île commence à manquer de carburants, de médicaments ou encore de produits alimentaires. Des tensions éclatent entre les communautés. Le 18 mars, après plusieurs semaines de mobilisation, les Mahorais sont invités à voter aux élections législatives partielles. Au lendemain des élections, un délégué est nommé au gouvernement pour régler la crise.

Début avril, l’ensemble des barrages sont levés mais le collectif et l’intersyndicale à l’origine du mouvement déclarent vouloir maintenir la grève. Edouard Philippe, le Premier ministre, reçoit le 19 avril une délégation d’élus de Mayotte pour "bâtir un pacte de confiance". Mi-mai, Annick Girardin revient sur l’île et annonce une série de mesures sur la sécurité, l’éducation, l’immigration ou encore la santé, pour un coût estimé à 1,3 milliards d’euros.
 

#Assises des Outre-mer


Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, les Assises des Outre-mer sont lancées en octobre 2017. Pendant sept mois, à travers des ateliers, des consultations citoyennes et des concours d’innovations, elles ont pour but de dessiner un "Livre bleu Outre-mer", sorte de feuille de route pour le gouvernement dans sa politique à destination des Outre-mer. Dès le mois de janvier, plus de 15 000 personnes avaient déjà participé aux Assises des Outre-mer.

Afin de développer au mieux chaque territoire, un appel à projets est lancé. Mobilité, production économique, culture, environnement : 36 projets sont choisis, dont 19 élus par les citoyens. Le Livre bleu est remis en juin à Emmanuel Macron. Lors de la cérémonie de clôture des assises des Outre-mer, le président s'est également engagé à se rendre dans l'ensemble des territoires ultramarins durant son quinquennat. 
  

#Victoire de la France en coupe du monde de football

A 25 ans, Raphaël Varane remporte sa première Coupe du Monde.

Qu’il s’agisse de fans réguliers ou de spectateurs ponctuels, la Coupe de monde est un moment de rassemblement et de ferveur à travers le monde entier. Dans l’hexagone comme dans l’Outre-mer, pas d’exception ! Alors quand en plus, l’équipe de France arrive en finale, c’est l’exultation assurée. Du baume au cœur pour beaucoup de Français et une revanche pour les footballeurs après l’élimination par l’Allemagne en quart de finale en 2014, lors de la précédente Coupe du monde.

Un succès aussi du fait de la composition de l’équipe et de sa cote de popularité. En son sein, les ultramarins Thomas Lemar et Raphaël Varane. Ce dernier est l’auteur d’un but de la tête en quart de finale face à l’Uruguay, qui permet à la France de se qualifier en phase suivante. Il est même nommé au Ballon d’Or 2018, où il se classe 7ème.
 
Le 15 juillet 2018, face à la Croatie, les Bleus offrent à la France une deuxième étoile sur leur maillot. Dans les fan zones, les bars ou à domicile, partout en France, c'est la folie ! En Guyane certains osent la "boule à zéro" pour fêter la victoire, tandis qu’à Wallis les spectateurs se sont lancés dans une danse traditionnelle. De Saint-Pierre et Miquelon à Tahiti en passant par Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, l’Outre-mer était 100% bleu :
 
La finale de la 21ème édition de cette compétition internationale, organisée en Russie, a été particulièrement suivie - plus d’un milliard de personnes à travers le monde selon la Fifa.
 

#Visite d'Emmanuel Macron aux Antilles


C'est l'image que beaucoup retiendront de la visite d'Emmanuel Macron aux Antilles en septembre dernier. La polémique qui éclipse le déplacement présidentiel. Une photo prise lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et des habitants de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, un an après le passage de l'ouragan Irma. 

Il s'agit de la deuxième visite du président dans les petites Antilles et son quatrième déplacement dans les Outre-mer depuis le début de son mandat, après la Guyane en octobre 2017 et la Nouvelle-Calédonie en mai 2018. Au programme, la lente reconstruction des îles touchées par l'ouragan, mais aussi des dossiers plus spécifiques à la Martinique et à la Guadeloupe, comme les sargasses, le chlordécone, le tourisme, la gestion des CHU, ou encore la question de l'eau potable.
 
Lors de sa visite sur les quatre îles des Antilles, Emmanuel Macron a également insisté sur la nécessité de revoir l'abattement fiscal pour les Outre-mer. Quelques jours après sa visite, la réforme est confirmée par Annick Girardin, ministre des Outre-mer, provoquant la colère de nombreux élus
 
©la1ere
 

#Référendum en Nouvelle-Calédonie

Le 4 novembre 2018 : une date historique et une nouvelle étape dans l'écriture du destin de la Nouvelle-Calédonie. Celle du référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, comme prévu par l'Accord de Nouméa signé en 1998. Près de 175 000 Calédoniens étaient appelés aux urnes pour répondre à la question suivante : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?". Résultats officiels : 56,7% de "non" face à 43,3% de "oui". Ainsi que le prévoyaient les sondages, le non l'emporte.

Dans la nuit et les jours suivants le scrutin, des incidents éclatent dans l'archipel et plusieurs interpellations ont lieu. En déplacement en Nouvelle-Calédonie, Edouard Philippe annonce le 5 novembre la réunion du comité des signataires avant la fin de l'année 2018 afin de définir les suites à donner à ce vote. Six semaines après la victoire du non, les représentants des différentes délégations se réunissent le 14 décembre à Paris, mais aucun consensus n'est trouvé. Il faudra attendre la tenue des élections provinciales en mai 2019 pour qu'un nouveau comité se réunisse et qu'une réponse soit apportée à l'avenir de l'Accord de Nouméa qui prévoit la tenue d'un deuxième, voire d'un troisième référendum en cas de victoire du "non".
 
L'histoire n'est donc pas encore terminée, tout comme les discussions. L'énoncé de la question ou encore la constitution du corps électoral avaient suscité tout au long de l'année de nombreuses dissensions entre les camps loyalistes et indépendantistes ainsi qu'avec l'Etat français. 

A écouter aussi : La minute 2018, une minute pour comprendre le référendum
 

#11ème édition de la Route du Rhum


Une édition record pour le quarantième anniversaire de la Route du Rhum : 124 bateaux étaient au départ de Saint-Malo le 4 novembre dernier. Parmi eux, 8 Guadeloupéens que La 1ère a rencontré pour des interviews décalées.

Mais dès les premières heures de la course, Willy Bissainte, l'un de ces huit skippers, s'échoue au large de Roscoff. La coque est réparée mais son assureur ne veut plus le couvrir et il est contrait d'abandonner. Il sera suivi par David Ducosson qui naviguait à bord du bateau d'une amie disparue en 2015, forcé de quitter la course après plusieurs avaries. Enfin le 14 novembre, Dominique Rivard annonce lui aussi abandonner la course. Après une première escale médicale à Brest, son dispositif électronique de navigation a cessé de fonctionner, l'empêchant de continuer dans de bonnes conditions. 

C'est finalement Francis Joyon qui remporte la 11ème édition de la Route du Rhum, après un duel d'anthologie avec François Gabart. Il franchit la ligne d'arrivée à Pointe-à-Pitre le 12 novembre à 4h21, au bout de 7 jours, 14 heures et 21 minutes de course.

 Revivez l'arrivée diffusée en direct sur la page Facebook de La 1ère : 
 
Parmi les derniers Guadeloupéens en lice, Thibault Vauchel-Camus est le premier à boucler la Route du Rhum le 16 novembre à 23h18, en Multi 50. Trois jours après, Damien Seguin arrive le 19 à 08h55 dans la catégorie Imoca. En Rhum mono, Luc Coquelin est le 3ème Guadeloupéen à arriver, dans la soirée du 26 novembre. Les deux derniers skippers de l'archipel, Rodolphe Sepho et Carl Chipotel, tous deux en Class 40, arrivent respectivement les 27 novembre à 0h38 et 1er décembre à 10h18, après de longues réparations en Espagne
 

#Maryse Condé, prix Nobel alternatif de littérature


Il s’agit peut-être d’un prix officieux, mais c’est assurément l’événement culturel de l’année pour les Outre-mer et pour la littérature française. L’autrice guadeloupéenne Maryse Condé a reçu, à 81 ans, le prix Nobel alternatif de littérature le 12 octobre. La récompense lui est officiellement remise le 9 décembre à Stockholm.

Reportage à Stockholm de Christian Tortel, Denis Rousseau-Kaplan, Philippe Champenois et Yasmina Kherfi. 
 
©guadeloupe

"On peut devenir écrivain, qu'on soit femme, noire ou originaire d'un tout petit pays", a-t-elle conclu lors de cette cérémonie. Une marque de reconnaissance pour cette plume majeure de la littérature caribéenne. "Dans ses oeuvres, avec un langage précis [Maryse Condé] décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme", ont déclaré les organisateurs du prix. Il s'agissait d'un prix "alternatif" et non pas du véritable prix Nobel, car les jurés avaient décidé de se retirer de l'Académie suite à un scandale d'agression sexuelle en son sein. 
 

#Gilets jaunes à La Réunion


La vague jaune n'a pas pris dans tout l'Outre-mer pour diverses raisons, mais La Réunion a été très mobilisée. Au lancement du mouvement le 17 novembre, une vingtaine de barrages étaient mis en place dans toute l'île, bloquant la circulation. Ce qui était au départ une mobilisation contre la hausse des prix des carburants s'est élargi par la suite à une colère contre la vie chère. Un livre jaune est réalisé pour centraliser les revendications. Le mouvement des Gilets jaunes a donné lieu à de nombreux débordements à La Réunion. Violences urbaines, incendies, voitures brûlés, jets de galets, affrontements avec les forces de l'ordre, pillages, examens reportés, cours suspendus... La tension est telle que le préfet met en place un couvre-feu pendant plusieurs jours. 
 
Au bout d'une semaine de blocages et de colère, la ministre des Outre-mer annonce sa venue "dans un esprit de dialogue" et une baisse immédiate du prix des carburants. Comme à Mayotte, Annick Girardin est huée à son arrivée, avant d'entamer un dialogue de trois jours avec les Réunionnais. Elle fait ensuite des annonces en trois volets : social, économique et vie chère. Création de 1000 contrats aidés supplémentaires et de 1500 nouvelles places en crèche, mise en place d'un panier péi, installation d'une école de la deuxième chance : voilà les quelques annonces faites par Annick Girardin sur place, en plus d'un rappel de mesures déjà votées ou inscrites dans le Livre bleu des Outre-mer. 

Le mouvement persiste après le départ de la ministre mais des discussions sont entamées à Paris. A l'échelle nationale, déjà, pour tenter d'apaiser la colère des Gilets jaunes. Mais aussi pour les Outre-mer en particulier. Un délégué à la concurrence en Outre-mer est nommé par le gouvernement. Des discussions sont également lancées sur la révision de l'octroi de mer : 84 produits pourraient bénéficier d'une réduction ou d'une suppression de cette taxe propre aux Outre-mer. 
 

#Miss Tahiti élue Miss France 2019


Trente prétendantes - dont huit ultramarines - mais une seule écharpe et elle revient cette année à Vaimalama Chaves, Miss Tahiti, métissée de la Polynésie et de Wallis-et-Futuna. L'Outre-mer est donc bien représenté puisque Miss Guadeloupe est aussi la 1ère dauphine de Miss France 2019.

Avec ses yeux verts pétillants et son sourire permanent, celle qui partait favorite pour l'élection de Miss France a rapidement conquis le coeur des Français et des internautes. Dès sa première semaine d'investiture, Vaimalama Chaves écume les plateaux télé et les studios radios où elle est régulièrement invitée à pousser la chansonnette avec une guitare ou un ukulélé. Quelques jours après son élection, elle confiait à Nathalie Sarfati sa hâte de retrouver le fenua.Miss France en a profité pour jouer quelques notes d'une chanson de Bruno Mars pour La 1ère :
Le 21 décembre, elle retrouve son île natale de Tahiti où elle est reçue en véritable chef d'Etat, accueillie par le président de de la Polynésie française Edouard Fritch et près d'un millier d'admirateurs.  
 

#Handball : les Bleues championnes d'Europe


Elles l'ont fait ! Le 16 décembre à Paris, les joueuses de l'Equipe de France de handball ont remporté la finale du championnat d'Europe face à la Russie. Victoire serrée avec un score de 24 à 21, un an après leur titre mondial. Les ultramarines de l'équipe étaient en grande forme : la Guadeloupéenne Orlane Kanor y a marqué ses deux premiers buts et la défenseuse guyanaise Béatrice Edwige n'a pas failli à sa réputation de "mur" en protégeant les filets français. 
 
Seule ombre au tableau, l'exclusion à la 36ème minute d'Alison Pineau après le tir d'un penalty qui passe trop près du visage de la gardienne russe, jugé intentionnel par l'arbitrage. La joueuse guadeloupéenne quitte le terrain en larmes, sous les sifflets du public de Bercy. 

Mais rien pour enlever le plaisir de la victoire, la quatrième médaille d'afilée après l'argent aux Jeux Olympiques de Rio, le bronze lors de l'Euro 2016 et leur titre de championne du monde l'an dernier. Les Bleues se qualifient en plus pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. 

Au lendemain du sacre des Bleues, championnes d’Europe de handball, la 1ère était en Facebook Live avec la Guyanaise Béatrice Edwige. Elle répond à David Ponchelet et Eric Cintas, regardez :